Horaires


Textes spirituels

Règle de saint Benoît

Commentaires sur
la Règle

Homélies

Méditations

Références bibliographiques



Formations, stages


COMMENTAIRES
SUR LA REGLE DE SAINT BENOIT

Chapitre 4, Versets 62 à 62
QUELS SONT LES INSTRUMENTS DES BONNES ŒUVRES ?

62. Ne pas vouloir être appelé saint avant de l'être, mais l'être d'abord, afin d'être appelé ainsi avec plus de vérité.

Commentaire de Père Abbé Luc

R.B. 4, 62 Quels sont les instruments des bonnes œuvres ?
« Ne pas vouloir être appelé saint avant de l’être, mais l’être d’abord, afin d’être appelé ainsi avec plus de vérité ». Cet instrument sonne étrangement à nos oreilles. Non que quelques illusoires pensées d’être saint ne nous aient jamais traversé l’esprit, mais parce nous percevons assez vite une contradiction dans le fait d’être saint et de vouloir être reconnu ou appelé tel. Sainteté rime plutôt avec humilité, et toute recherche compliquée de reconnaissance rime plutôt avec orgueil ou vanité. En ce jour où nous honorons la Vierge Marie dans son élan généreux qui la tourne toute entière vers sa cousine, me reviennent les très belles lignes de Bernanos sur Marie, qu’il met dans la bouche du curé de Torcy, dans le Journal d’un curé de Campagne. Il met bien en valeur combien Marie, conçue sans péché, ne pouvait qu’être ignorante de sa propre sainteté, ce qui la rendait propre à une humilité sans pareille et à une compassion vis-à-vis de tous. Je cite : « Mais remarque bien maintenant, petit : la Sainte Vierge n’a eu ni triomphe, ni miracles. Son fils n’a pas permis que la gloire humaine l’effleurât, même du plus fin bout de sa grande aile sauvage. Personne n’a vécu, n’a souffert, n’est mort aussi simplement et dans une ignorance aussi profonde de sa propre dignité, d’une dignité qui la met pourtant au-dessus des Anges. Car enfin, elle était née sans péché, quelle solitude étonnante ! Une source si pure, si limpide, si limpide et si pure, qu’elle ne pouvait même pas y voir refléter sa propre image, faite pour la seule joie du Père — ô solitude sacrée ! Les antiques démons familiers de l’homme, maîtres et serviteurs tout ensemble, les terribles patriarches qui ont guidé les premiers pas d’Adam au seuil du monde maudit, la Ruse et l’Orgueil, tu les vois qui regardent de loin cette créature miraculeuse placée hors de leur atteinte, invulnérable et désarmée…. La Vierge était l’Innocence. Rends-toi compte de ce que nous sommes pour elle, nous autres, la race humaine ? Oh ! naturellement, elle déteste le péché, mais, enfin, elle n’a de lui nulle expérience, cette expérience qui n’a pas manqué aux plus grands saints, au saint d’Assise lui-même, tout séraphique qu’il est. Le regard de la Vierge est le seul regard vraiment enfantin, le seul vrai regard d’enfant qui ne se soit jamais levé sur notre honte et notre malheur. Oui, mon petit, pour la bien prier, il faut sentir sur soi ce regard qui n’est pas tout à fait celui de l’indulgence — car l’indulgence ne va pas sans quelque expérience amère — mais de la tendre compassion, de la surprise douloureuse, d’on ne sait quel sentiment encore, inconcevable, inexprimable, qui la fait plus jeune que le péché, plus jeune que la race dont elle est issue, et bien que Mère par la grâce. Mère des grâces, la cadette du genre humain." Confions-nous à la compassion de Marie, pour nous entrainer sur le chemin de la sainteté qui est toujours ignorante d’elle-même.