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HOMELIE

19 mai
année 2023-2024

Année B - PENTECÔTE - 19 MAI 2024
Ac 2, 1-11 ; Ga 5, 16-25 ; Jn 15, 26...16,15
Homélie du Père Abbé Luc

Frères et Sœurs, Cette fête de Pentecôte nous fait toucher du doigt comment notre Dieu s’y prend pour faire l’unité entre les peuples, l’unité entre les hommes. Là où spontanément nous cherchons une unité qui ressemble beaucoup à l’uniformité, là où nous rêvons d’une unité où tous penseraient et vivraient de la même manière, cette fête de Pentecôte nous déplace. Nous connaissons les risques très sensibles en cette période d’élection, de confondre unité nationale avec rejet de l’autre différent, ou bien de réduire la recherche d’identité avec la recherche du même ou de l’entre soi. Cette fête de Pentecôte nous révèle que pour Dieu, il n’en est pas ainsi.
Chacune des lectures nous apporte un éclairage sur cette unité que Dieu désire pour l’humanité, et pour chacun de nous. La première lecture nous présente de manière imagée les effets du don de l’Esprit reçu par les apôtres. Ces hommes qui étaient claquemurés dans leur peur quelques instants auparavant sont remplis d’une hardiesse étonnante sous la motion de l’Esprit Saint. Sous la forme de langues de feu, l’Esprit se donne et permet à chacun des apôtres d’entrer en relation avec une multitude de peuples présents à Jérusalem. Dans leur diversité, chacun de ces étrangers se sent rejoint par la parole de feu qui sort de la bouche des apôtres. Un même Esprit, donné à ces hommes de Galilée, ouvre la possibilité d’une étonnante communion entre ces peuples si différents, allant de la Lybie jusqu’à la Turquie et l’Arabie actuelle. L’histoire de l’Eglise sera pleine de ces exemples d’hommes et de femmes animés par l’Esprit qui vont aller à la rencontre des peuples divers, en apprenant leur langue, en mettant tout leur zèle pour leur permettre d’entendre dans leur propre culture et langue, la Bonne Nouvelle de l’évangile. Ils ont tissé des ponts entre les peuples et les cultures. L’unité de l’Eglise résulte alors de cette mystérieuse communion qui est rendue possible, parce que chacun est vraiment reconnu avec ce qu’il est, avec ses particularités. Ce mystère de communion entre les hommes serait-il possible s’il n’était pas d’abord celui que Dieu vit en lui-même. Dans l’évangile, Jésus nous fait pressentir cette circulation de vie et d’amour qui existe entre lui et son Père. Il nous promet de nous donner le Défenseur, l’Esprit de Vérité qui procède du Père, afin de nous introduire dans le mystère de cette communion, dans la Vérité toute entière. Avec l’Eglise, dans la foi qu’elle a mise en mot peu à peu, nous n’avons pas fini d’entrer dans le mystère de notre Dieu qui n’est pas solitude isolée, mais communion de personnes, communion entre le Père et le Fils dans l’Esprit Saint. Nos mots sont toujours balbutiants devant ce mystère. Laissons-nous instruire par les mots que nous donne l’Eglise, par exemple à la fin de chaque oraison quand nous demandons toute chose au Père « par Jésus-Christ, ton Fils, notre Seigneur qui vit et règne avec toi dans l’unité du Saint Esprit, Dieu pour les siècles des siècles ». Apprenons à contempler cet échange d’amour qui est en Dieu, Père, Fils et Esprit Saint, pour recevoir de lui l’intelligence, mais aussi l’amour pour vivre d’une manière nouvelle nos relations humaines, comme une communion dans nos différences, où chacun a sa place.
Mais me direz-vous, ceci est trop beau pour être réalisable. Cette recherche de communion et d’unité bute toujours sur nos incapacités et nos étroitesses à faire sa place à l’autre. Toutes les guerres que nous voyons sous nos yeux le démontrent aisément. Oui, cette communion peut paraitre bien loin. Faut-il se résigner face à ce constat ? La fête de ce jour nous rappelle que cette unité et communion n’est pas une œuvre humaine. Elle est un don de Dieu, mais un don auquel il nous revient de collaborer. La seconde lecture nous offre une piste sûre que pourrait résumer cette recommandation : « marchez sous la conduite de l’Esprit ». Oui, frères et sœurs, dans notre monde, nous pouvons devenir acteurs de cette œuvre de d’unité que Dieu désire pour l’humanité, en nous appliquant à vivre sous la conduite de l’Esprit. Chacun, nous expérimentons les dons de l’Esprit à l’œuvre dans nos vies : l’amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la bienveillance, la fidélité, la douceur et la maitrise de soi. Si nous sommes un peu lucides sur nous-mêmes, nous expérimentons plus à certains jours qu’à d’autres, combien ces qualités que l’on peut entrevoir en nous souvent de façon éphémères, ne sont pas fondamentalement de notre fait. Elles nous sont données comme un cadeau. C’est l’œuvre de l’Esprit Saint en nous. Heureux sommes-nous si nous avons compris cela, car alors, nous pouvons consentir à laisser l’Esprit Saint faire davantage son œuvre en nous. Nous pouvons nous appliquer à ne pas le contrister, lorsque nous sentons un inclination à plus de bienveillance, de patience, ou de douceur, ou de maitrise de soi…. A notre part bien modeste, nous serons alors des artisans de communion, parce que nous laisserons l’Esprit Saint unifier et pacifier notre propre existence. La paix et l’amour qu’il met en nos cœurs se déverseront sur nos proches.
En rendant grâce ce matin pour l’Esprit Saint, Maitre d’œuvre de la communion dans l’Eglise et dans l’humanité, offrons-nous à son action encore plus résolument.

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