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HOMELIE

25 février
année 2023-2024

Année B - 2° dim de Carême - 25 février 2024
Gen 22 1-2,9-13, 15-18 ; Rom 8 31-34 ; Mc 9 2-10
Homélie du F. Hubert

Il est heureux que la réforme liturgique de Vatican II ait placé le récit de la Transfiguration au 2e dimanche de Carême, à chacune des trois années liturgiques. Car la Transfiguration de Jésus n’est pas un en-soi – une « bulle » dirait -on aujourd’hui – ce qu’avec erreur nous pourrions conclure de la fête du 6 août : elle n’a son sens qu’au sein de l’itinéraire entier de Jésus et de son compagnonnage avec ses disciples.

Jésus en effet venait de questionner ses disciples : « Pour vous, qui suis-je ? » Pierre, après avoir répondu : « Tu es le Christ », s’était violemment opposé à son maître qui, pour la première fois leur annonçait : « Le Fils de l’homme doit souffrir beaucoup, être rejeté et tué ». Annonce incompréhensible, inacceptable. Jésus avait réagi vivement : « Passe derrière moi, Satan ! Tes pensées ne sont pas celles de Dieu. » La Transfiguration est une réponse existentielle à ce carrefour de routes, tant pour Jésus que pour les disciples.

Jésus est transfiguré, resplendissant de gloire ; de la nuée, la voix divine se fait entendre : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le ».

La Transfiguration à ce moment-là, après cette première annonce de de la Pâque de Jésus, vient confirmer que les pensées de Dieu sont des pensées de vie et de plénitude. Jésus, en annonçant sa Pâque, y adhère. Par ce chemin d’épreuve et de mort, il choisit non la mort mais la vie, pour lui et pour la multitude des hommes qu’il est venu chercher pour les emmener dans le cœur de Dieu.

Face à cette adhésion de Jésus, le Père exulte, de la communion d’amour de son Fils avec lui, de la communion d’amour de son Fils avec l’humanité.

Jésus, vrai homme, adhère sans réserve au projet de la Trinité : sauver, sanctifier toute l’humanité. Cela ne s’est pas fait sans combat. Dans son humanité, Jésus a dû écouter son Père, choisir sa volonté, au vu des évènements qui lui étaient donné de vivre.
S’il a traité Simon de « Satan », c’st qu’il était tentation, pierre d’achoppement, à ce moment-là. Comme nous, il a dû choisir entre sa volonté propre et sa volonté profonde unie à celle de son Père. Les tentations que les évangélistes placent aussitôt après son baptême, sont bien le témoignage qu’il a dû combattre et choisir, dans son être d’homme tout au long de sa vie.
La Transfiguration est la manifestation, en ce moment crucial, que Jésus a choisi le chemin de la vie et de l’amour, non celui de son « petit moi », pourrait-on dire, qui est stérile et ne conduit qu’à la mort.

Jésus a dû se dépouiller de lui-même, dépasser ses peurs d’homme, ses peurs de la souffrance et de la mort, ses angoisses, pour choisir le chemin qui ouvrirait la vie divine à toute l’humanité et lui donnerait de la ramener vivante et aimante dans le sein du Père.

« Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le ».
Écoutez-le en toute circonstance, mais en particulier quand il vous dit : « Il faut que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté et tué »… Déjà, au seuil de l’Evangile, c’est alors que Jésus, le seul Juste, venait de faire corps avec tous ceux qui se faisaient baptiser par Jean « en reconnaissant leurs péchés », que la voix divine s’était fait entendre : « Tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie ».

Jésus a reçu la manifestation de sa filiation et de sa gloire aux moments où le récit évangélique nous le montre prendre la place des hommes auxquels il vient révéler l’amour du Père, prendre la place des pécheurs, faire corps avec eux, prendre sur lui leur fardeau de mal, de péché, de malheur.

« Tel père, tel fils », dit le dicton populaire. Pour Jésus, on peut l’inverser en toute vérité et dire : tel est le Fils, tel est le Père. « Qui me voit, voit le Père ». Le Père se reconnaît en Jésus qui fait corps avec les pécheurs que nous sommes. Jésus a pris sur lui notre mal et nos refus pour nous guérir et nous faire accéder à la vie. « Dieu l’a fait péché pour que nous devenions justice » dit Paul. Jésus n’a pas choisi la souffrance et la mort, mais la vie, la vie en abondance pour la multitude. Dieu ne dit à personne : « Je ne veux pas de toi ». Aussi, Jésus a accepté d’être défiguré pour que nous soyons transfigurés.

« Qui est-il celui-ci ? » est la grande question qui traverse tout l’Evangile de Marc. Jésus se révèle au rebours de toute la compréhension que l’on avait – que nous avons - du Messie et de sa venue. Nos chemins sont tellement loin des chemins de Dieu, nos pensées loin des pensées de Dieu, nos réflexes de pouvoir et de puissance loin de l’humilité de Dieu. Entre les pensées des hommes et les pensées de Dieu, il faut choisir. La logique de Dieu n’est pas notre logique du pouvoir, de la puissance qui domine, mais celle du Don. Jésus a choisi. « Le Christ s’est abaissé jusqu’à la mort. C’est pourquoi Dieu l’a exalté ».

Au jardin des Oliviers, Jésus a choisi la vie offerte à tous, partagée à tous, il a accepté de boire la coupe amère pour que tous aient part au vin du Royaume. Il a accepté la déréliction pour que tous aient part à la bénédiction. Il a traversé la mort pour ramener un peuple de vivants. Tout à l’heure, nous allons chanter : Jésus, Christ et Seigneur, Librement, tu t'es engagé Sur la voie du Serviteur Mourant dans l'ombre. L'amour a donné sa réponse : Ton corps se transfigure, Il tient tout dans sa clarté.

La Transfiguration est une fenêtre ouverte momentanément sur la gloire de la Résurrection, lorsque la Parole sera retournée à son origine en ayant accompli toute sa mission. Que l’Esprit Saint nous apprenne, jour après jour, à devenir chrétiens !

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