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HOMELIE

14 février
année 2023-2024

B - Mercredi des CENDRES - 14.02.2024
Jl 2, 12-18 ; 2 Co 5, 20-6, 2 ; Mt 6,1-6, 16-18
Homélie du Père Abbé

Frères et Sœurs, Dans sa règle, St Benoit invite les moines à « attendre la sainte Pâque dans la joie du désir spirituel ». En d’autres termes, il nous entraine à raviver notre désir en sa dimension la plus profonde, sa dimension vitale et existentielle : le désir de vivre pleinement dans la vie du Christ Ressuscité. Ce carême s’offre à nous comme une pédagogie pour revenir au lieu de notre désir spirituel, au lieu de notre cœur, ce foyer qui concentre toutes nos énergies d’amour et d’intelligence, de volonté.
Le prophète Joël nous a adressé des mots forts de la part du Seigneur : « revenez à moi de tout votre cœur, dans le jeûne les larmes et le deuil, déchirez vos cœurs et non pas vos vêtements… » Comment comprendre cette parole « déchirez vos cœurs », nous qui voulons retrouver le lieu de notre cœur ? D’un point de vue physique, si on déchire notre cœur, on le fait périr, c’est la mort immédiate. Le parallèle fait avec le vêtement rappelle cette coutume, dont on a trace dans les évangiles, selon laquelle on déchire ses vêtements, en signe d’indignation face à une atteinte faite à la majesté de Dieu, et sûrement aussi en signe de pénitence. On déchire son vêtement comme pour signifier que quelque chose est brisé dans la relation entre l’homme et Dieu. En invitant à déchirer son cœur, le prophète invite de la même manière le peuple et chacun de nous à prendre conscience que par notre péché nous avons rompu l’alliance avec Dieu. Et il poursuit, en espérant qu’une relation pourra se rétablir : « Qui sait, le Seigneur pourrait revenir, il pourrait renoncer au châtiment et laisser derrière lui sa bénédiction, alors vous pourrez présenter offrandes et libations au Seigneur votre Dieu ».
Déchirer nos cœurs pour mieux retrouver une vivante alliance avec notre Dieu et avec nos frères… Déchirer nos cœurs par le jeûne, les larmes et le deuil. Aujourd’hui nous dirions peut-être davantage avec la tradition de l’Eglise, déchirer nos cœurs par le jeûne, la prière et le partage. Par le jeûne, déchirer cette part insouciante en nous qui peut oublier qu’elle reçoit tout des mains de son Créateur, ou bien qui peut penser que tout son plaisir est dans l’assouvissement de ses désirs immédiats de consommer… Par la prière, déchirer cette part de superbe qui peine à demeurer dans la relation de confiance et de gratitude avec son Dieu ou bien encore qui s’estime pouvoir se débrouiller seule… Par le partage, déchirer cette part qui nous centre sur nous comme si nous étions seul au monde pour reprendre conscience que nous sommes faits pour l’échange et le don. Avec les jours qui passent, notre cœur a tendance à se draper dans toutes sortes de protection ou de justifications, qui obscurcissent son jugement, ralentissent son élan et finalement peuvent l’enferment sur lui-même… toutes ces protections ou justifications sont comme les mauvaises herbes de notre jardin, qu’il faut sans cesse recommencer à enlever. Ce temps de Carême s’offre à nous comme un chemin de grâce, la grâce du Seigneur qui nous accompagne pour retrouver la joie profonde de notre cœur d’être en alliance avec lui, la joie d’être fait pour vivre de sa vie de ressuscité. En marche vers Pâques, acceptons d’aller avec lui au désert de notre cœur parfois bien enherbé et désolé. Acceptons maintenant d’être marqué par la cendre en signe de notre désir de revenir à Dieu et vers nos frères. Le Seigneur veut nous sauver.

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