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HOMELIE

04 février
année 2023-2024

Année B - Homélie 5ème dimanche du T.O. – 04-02-2024
Job 7,1-7 ; 1 Cor. 16, 9-23 ; Marc 1, 29-39)
Homélie du F. Guillaume

Frères et sœurs, La 1ère lecture et l’Evangile choisis pour la liturgie de ce dimanche abordent la question de la souffrance, du malheur dans les maladies, les possessions par des démons, les deuils et les épreuves de toutes natures qui marquent notre condition humaine. Un ancien archevêque de Paris, Mgr Veuillot conseillait à ses prêtres de ne pas trop parler de cette réalité dans leurs prédications : le silence, la seule présence aimante, un geste fraternel étant les attitudes les plus appropriées face à une personne en souffrance. Oui, bien sûr, et pourtant il faut bien s’y risquer avec prudence et délicatesse, si nous ne voulons pas perdre le cap essentiel : la proclamation de l’Evangile du Christ, comme une Bonne Nouvelle. Car, comme nous le dit Saint Paul dans la 2ème lecture : « malheur à moi si je n’annonce pas l’Evangile. C’est une mission, un devoir qui m’a été confié » et j’ajouterai qui a été confié à tout baptisé, à chacun de nous, en tant que disciple missionnaire, en actes et en paroles.
Nous connaissons tous l’histoire de Job, et ses cris ont traversé les siècles. Ceux d’un homme déchiré dans son corps et dans son âme, aux prises avec le malheur et des questions sans réponses. Job n’est sans doute pas un personnage historique Il n’a peut-être jamais existé, mais en réalité, il existe à des millions d’exemplaires. Job est l’homme de douleurs, celui que nous sommes tous, plus ou moins, un jour ou l’autre. Certains d’entre nous, ou parmi nos proches pourraient reprendre les mots si forts que nous avons entendus, ces cris de souffrance, sans en changer une ligne. Job, en fait c’est Mr tout le monde, sauf que personne n’a connu sur terre autant de bonheurs et personne non plus n’a connu autant de malheurs. Et tout ce livre de la Bible qui nous a été conservé tourne et retourne la question du Pourquoi, Pourquoi ? Quel sens donner à ce qui est arrivé à Job ? Les discours de ses amis ne cessent de buter sur ce mystère du mal, incompréhensible à notre intelligence, mettant à dure épreuve la foi et l’espérance en Dieu
Est-ce du côté du péché qu’il faut trouver une explication ? Non, dit Job qui se sait juste, et qui plaide non-coupable avec obstination. Il n’y a pas de réponse : le livre de Job ne donne pas de solution au problème de la souffrance. Mais il indique un chemin, une attitude décentrée, à savoir la contemplation de la création, de sa beauté, l’admiration devant la grandeur de Dieu, au lieu du seul repliement sur sa misère et son malheur. Cela n’enlève rien à la validité de la plainte. Dieu donne raison à Job d’avoir poussé ses cris, et Job est récompensé au final, car il a gardé confiance et tenu fort la main de Dieu, sûr qu’il était avec lui jusqu’à son dernier souffle.
Tel sera aussi le message de Jésus et de l’incarnation glorieuse de Dieu sur la terre. Car Jésus n’est pas venu expliquer la souffrance, mais l’habiter par sa présence et par sa vie donnée à tous, pour notre salut et notre guérison.
Si Jésus guérit les malades, c’est parce que la maladie est un mal. S’il guérit, en même temps qu’il annonce le Royaume, c’est parce que le mal contre-carre le projet de Dieu et donc qu’il faut nous en débarrasser, le chasser loin de nous, faire tout notre possible pour cela. La souffrance, en soi, est toujours un mal. Osons le crier aujourd’hui, comme au temps de Job et de Jésus. Il faudrait être fou pour dire en face à un malade : ce qui t’arrive est très bon. Même s’il est vrai que certains, mais en infime minorité et avec une grâce spéciale de Dieu, trouvent dans leurs souffrances un chemin qui les fait grandir. La souffrance reste un mal. Et tous les efforts pour lutter contre elle vont dans le sens du projet de Dieu. La proclamation de l’Evangile n’est pas que paroles adressées à nos intelligences et à nos cœurs : elle est inséparablement action et lutte contre ce qui fait souffrir notre prochain. Frère Roger, quand il avait lancé le Concile des jeunes à Taizé dans les années 80 leur avait fixé un programme « Lutte et Contemplation ». Un programme qui consonne bien avec le livre de Job et l’Evangile. Nourri par cette « invincible espérance » que le mal et la mort sont à jamais vaincus par la Passion, la Résurrection et la Glorification du Christ. Alors avec une foi renouvelée en Dieu, nous pouvons affirmer la promesse finale de l’Apocalypse aux élus bien-aimés du Père : « Dieu essuiera toute larme de leurs yeux. La mort ne sera plus. Il n’y aura plus ni deuil, ni cris, ni souffrance, car le monde ancien a disparu. Et celui qui siège sur le Trône dit : voici, je fais toute chose nouvelle. »
AMEN

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