Textes spirituels

Règle de saint Benoît

Commentaires sur
la Règle


Homélies

Méditations

Références bibliographiques



Formations, stages


HOMELIE

25 décembre
année 2023-2024

Année B - Messe de Minuit - NOEL 2023
Is 9, 1-6 ; Tt 2, 11-14 ; Lc 2, 1-14
Homélie du Père Abbé Luc

« Bien aimé, la grâce s’est manifestée… » Ainsi frères et sœurs, St Paul relit-il la Bonne Nouvelle de Jésus Christ, le message qu’il désire que Tite son compagnon de mission transmette avec lui. « La grâce s’est manifestée » et de quelle manière !!! sous la forme d’un enfant, couché dans une mangeoire. Cette fête de Noël, relue à la lumière de toute la vie de Jésus, de sa mort et de sa résurrection, nous permet de méditer sur le risque énorme qu’a pris notre Dieu dans la manière de nous manifester son amour et son œuvre de salut. En Jésus, le Verbe fait chair, il a pris le risque de la fragilité, de l’histoire et de ses aléas, finalement de l’insignifiance.
Notre Dieu, le Dieu Créateur et Sauveur d’Israël a pris le risque d’épouser notre fragilité humaine. Porté 9 mois dans le ventre d’une femme, il va connaitre toutes les délicates étapes de la vie enfantine si dépendante des soins d’autrui. Fragilité de l’enfant qui n’est rien par lui-même, exposé à tous les dangers. Cette fragilité de notre humanité, Jésus la portera jusqu’au bout, en sa passion et en sa mort injuste.
Arrivant au cœur de l’histoire, notre Dieu a pris les risques des aléas des évènements : un recensement qui complique le déroulement de sa naissance et l’entraine dans un dénouement encore plus complet, et à avoir pour seul logement : une mangeoire. Un peu plus tard, il connaitra les routes de l’exil pour fuir la jalousie et la peur du roi Hérode voulant le supprimer. Les deux évangélistes Luc et Matthieu se plaisent ainsi à nous montrer combien le Verbe fait chair, a pris place dans notre histoire traversée d’imprévus et de tensions, en assumant tous les risques, en les faisant servir à son dessein.
Mais peut-être, le risque le plus grand qu’a pris notre Dieu, en devenant un homme parmi les hommes, c’est celui de l’insignifiance. Les bergers eux-mêmes le touchent du doigt lorsqu’ils sont appelés à reconnaitre le Sauveur tant attendu d’Israël à travers le signe ténu « d’un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire ». Qui est ce Dieu pour consentir à telle insignifiance ? La question poursuivra Jésus durant tout son ministère, quand on l’interrogera sur son lieu de naissance ou encore sur ce qui fonde son autorité. Humain tellement humain parmi les autres humains, on ne comprendra pas que Jésus puisse parler de la sorte. Notre Dieu a choisi d’être homme sans se prévaloir d’aucune prérogative. Les mains nues, la parole nue, exposée à l’accueil ou au non accueil de ceux qui l’écoutent, jusqu’à la confrontation finale de la passion. Dieu a pris le risque du rejet et de l’incompréhension, incompréhension qui demeure jusqu’à nos jours.
Mais dans ce risque pris de la fragilité, de l’histoire ou de l’insignifiance de notre condition humaine n’a-t-on pas là, la manifestation de la grâce à l’œuvre ? Dieu a voulu sauver notre humanité non par en haut, mais par en bas, non de l’extérieur mais du dedans. Il a assumé tous les risques jusqu’à celui de la mort, pour nous en délivrer.
Frères et sœurs, si tel est la profondeur du mystère de l’incarnation de notre Dieu, n’avons-nous là une belle lumière pour notre propre manière de devenir homme et femme en ce monde. Si notre Dieu s’est risqué dans notre fragilité jusqu’à la mort, n’avons-nous pas en Lui Jésus ressuscité, un appui sûr, pour nous risquer nous-même dans la vie jusqu’à la mort que nous redoutons si spontanément ? N’avons-nous pas encore une belle lumière pour nous avancer avec confiance dans les imprévus et les incertitudes de l’histoire ? Notre histoire, nos histoires si secouées soient-elles peuvent être assumées et risquées parce que nous croyons qu’en elles Dieu nous accompagne pour en faire un chemin de salut. Son salut n’est pas effectif parce que tout va bien, mais plutôt, quand nous osons traverser les risques et les difficultés inévitables. Plus encore, la venue cachée de notre Dieu qui a passé 30 ans dans le plus strict incognito de la vie de Nazareth, nous engage à risquer sans angoisse la banalité des jours. A l’heure, où la performance, le succès, la notoriété semblent être le seul gage d’une existence réussie, nous pouvons réapprendre à vivre notre quotidien le plus simple sous la lumière de l’Enfant Dieu. Il a redonné toutes leurs lettres de noblesse à tous ces gestes quotidiens, ceux du soin du corps, ceux du travail ou de la présence aux autres. Tout peut être rempli de sens. Comme nous le ferons dans quelques instants, nous pouvons risquer la petitesse et l’apparente banalité de nos signes eucharistiques. Sous le signe du pain et du vin, se dit et se rend pourtant présent l’échange merveilleux par lequel « le Christ devient tellement l’un de nous que nous devenons éternels ».
Frères et sœurs, la proximité de notre Dieu en Jésus, peut nous redonner force et courage pour oser et risquer d’être homme et femme, tout simplement.




Année B - Messe du jour de NOËL 2020 25 décembre 2023
Is 52/7-10, Heb 1/1-6, Jn 1/1-18.
Homélie du Frère Cyprien

Chers sœurs et frères, notre joie est grande, en ce jour de Noël ; nous nous associons à l’Eglise universelle, nous nous associons à tous les chrétiens pour exulter à l’unisson : « Il est né le divin Enfant, chantons tous son avènement ». Chantons ! oui, chantons en harmonie avec la troupe céleste : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux… » …

En naissant comme homme dans une pauvre mangeoire, Dieu s’offre en nourriture à tous ceux qui ont faim de justice et d’amour. « Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, ils seront rassasiés ».
Noël c’est la victoire des petits et des humbles sur les velléités de puissance… puissance comme celle d’Hérode : il trônait sur Jérusalem, ignorant qu’un petit enfant de Bethléem allait le faire trembler.
En naissant humble, dépouillé, abaissé, Oui, Dieu nous surprend : « Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles ». Noël, c’est l’enfant de la crèche qui dira qu’il n’a pas d’endroit où reposer la tête, … c’est Celui qui attire à lui les bergers et les mages, qui attire les petits comme les savants. Tous ils accourent vers Celui qui a le visage de Dieu au milieu de nous…Et tous sont reçus avec le même égard, le même amour… l’amour infini !
Noël, c’est l’homme appelé à une vie de partage, à une vie de solidarité en se détournant de l’abondance provocante, en se détournant du profit mal acquis.
En effet ils sont nombreux autour de nous, les précaires, les sans-abri, les sans voix. Noël nous apprend à les regarder, à les aimer : aujourd’hui ils ont la faveur de Dieu. Ils retrouvent un visage humain, comme ce Zachée collaborateur des Romains et bandit : « Voici, Seigneur : je fais don aux pauvres de la moitié de mes biens, et si j’ai fait du tort à quelqu’un, je vais lui rendre quatre fois plus. »

Chers frères et sœurs, Noël, c’est l’humanité en quête d’unité, entrainée dans le sillage de ce nouveau-né ; il prendra les routes de nos existences, « sans bâton, ni sac, ni pain, ni argent », exigeant que la fraternité universelle renouvelle les relations, ces relations entre personnes qui sont si souvent perturbées par l’égoïsme… Oui, il dira en priant la veille de sa mort : « Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as envoyé ».

Noël, c’est nous, lorsque nous décidons librement et résolument de mettre notre foi en cet enfant qui ouvre des chemins nouveaux. Chemins nouveaux… pour que la Bonne Nouvelle soit entendue par tous les chercheurs de Dieu, chemins nouveaux avec le respect de la liberté de chacun, le respect de la conscience de chacun.
Chers sœurs et frères, Noël, c’est l’aujourd’hui de la réalisation de promesses tant attendues : que notre foi soit assez vive pour reconnaitre le Sauveur du monde en cet enfant, Jésus, né à Bethléem, né de Marie de Nazareth. Oui : « Il est né le divin enfant, chantons tous son avènement. » AMEN.
****

Retour à la sélection...