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HOMELIE

17 décembre
année 2023-2024

Année B - Homélie du 3° dimanche de l’Avent – 17 décembre 2023
(Isaïe 61, 1-11 ; 1Thess. 5, 16-24 ; Jean 1, 6-8 et 19-28)
Homélie du Frère Guillaume

Frères et sœurs, - Revenons si vous le voulez bien sur les 2 notes caractéristiques de ce 3ème dimanche de l’Avent, à savoir la joie et l’attente. La liturgie marque la 1ère par le symbole de la couleur rose des ornements, avec la chasuble et l’étole du Président de la célébration, une couleur qui atténue celle du violet plus austère adoptée pour les temps du Carême et de l’Avent, ainsi que pour la messe des défunts. Serait-ce pour autant que la vie chrétienne doive être une « vie en rose », que la vie bienheureuse (vita beata) que nous attendons soit une vie « béate », sans souffrance, à l’abri de toute épreuve, selon une traduction récente du Missel Romain. Ce serait alors ignorer que la beauté d’une rose est inséparable dans son épanouissement de la présence des épines sur sa tige et que des épines en couronne ont transpercé la tête du Christ dans un chemin de souffrances vers la Croix. Il faut le reconnaître, ces épines aux formes multiples font bien partie de chacune de nos vies aussi.
La joie dont tressaille le serviteur de Dieu dans la 1ère lecture du livre d’Isaïe, et dont tressaille Jésus au commencement et au long de sa vie terrestre, comme celle qui habite les cœurs de la Vierge Marie, d’Elisabeth et de Jean-Baptiste est d’une nature plus profonde que toutes celles que nous pouvons ressentir dans nos bonheurs humains. C’est la joie d’une Bonne Nouvelle (gaudium evangelii) venant de Dieu lui-même, par son Esprit Saint. Elle apporte la libération, la délivrance de nos captivités, de nos enfermements et de nos peurs.
Saint Paul dans la seconde lecture en donne l’ordre aux frères de Thessalonique, « soyez toujours dans la joie, priez sans relâche, rendez grâce en toute circonstance. C’est la volonté de Dieu à votre égard, dans le Christ Jésus ». Et il adresse ces mots, alors même qu’il avait été chassé brutalement de cette ville par ses coreligionnaires juifs qui refusaient le message de Jésus-Christ et qui voulaient le dénoncer au pouvoir romain comme fauteur de troubles.
Aujourd’hui encore, on a parfois du mal à se réjouir, quand on pense à toutes les guerres meurtrières en Ukraine, au Proche-Orient et ailleurs. Elles endeuillent trop d’innocents et sont des scandales pour notre humanité. Il y a de quoi en être révolté. Pourtant, aux dires de Saint Paul, la joie est possible et même elle est recommandée en toutes circonstances. Mais il s’agit de cette joie profonde de l’assemblée croyante, joie d’accueillir la Parole de Dieu, joie de lire dans nos vies les signes et l’action de l’Esprit Saint dans la naissance lente et sûre du Royaume de Dieu. Et puis surtout, cette joie est celle de l’attente du Jour du Seigneur, de son Avènement définitif.
C’est bien d’une attente dont il est question dans la page d’évangile que nous avons entendue. Au temps de Jean le Baptiste, visiblement on attendait le Messie de façon très prochaine. Et cette attente était devenue impatience. Tout le monde attendait certes, mais pas forcément le même Messie. Jean serait-il ce nouvel Elie, comme l’avait prédit Malachie, un nouveau Moïse, comme annoncé par Dieu dans le Deutéronome : « je ferai lever d’au milieu des frères un prophète comme toi. Je mettrai dans sa bouche mes paroles et il prescrira tout ce que je lui dirai » ? A toutes ces interrogations, Jean répond par la négative. Mais il se réfère à Isaïe qui avait dit : « je suis une voix qui crie dans le désert. Préparez les chemins du Seigneur ». Non, il n’est pas le Messie, mais il est celui qui le désigne, sans le connaître encore. Il ne se présente pas comme le porteur de la Vérité, mais il tourne les cœurs vers la Vérité. Il est la lampe et non pas la lumière qui éclaire. Il est celui qui marche devant et qui sera prêt à s’effacer devant l’Agneau de Dieu qui enlève les péchés du monde. Il est l’ami de l’époux en qui il trouve toute sa joie.
Frères et sœurs, à notre tour, là où nous sommes et en ces temps qui sont les nôtres, nous avons à entendre l’appel de Dieu à la joie, à la joie de l’Evangile, et nous devons tenir bon dans notre attente de la venue du Seigneur, à tenir dans l’espérance. Si nous en restons à des vues trop humaines et trop immédiates, c’est impossible et nous risquons d’éteindre l’Esprit qui habite nos cœurs, Nous sommes invités à faire preuve de discernement, au cœur des épreuves et non pas à l’abri d’elles, en nous confiant plutôt à l’abri du Seigneur, du Christ, qui, lui, est toujours le témoin fidèle auprès de son Père et Notre Père.
Nous l’attendons et il nous attend : c’est l’enjeu de ces jours du Temps de l’Avent, un temps qui est court et pas toujours rose, mais il ouvre un chemin d’éternité, de joie, de paix et de justice.

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