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HOMELIE

05 novembre
année 2022-2023

Année A - 31e dimanche du T. O. – 5 nov. 2023
Mal. 1.14-2.10 ; 1 Thes 2 7-13 ; Mt 23 1-12
Homélie du F. Hubert

« Qui s’élèvera sera abaissé, qui s’abaissera sera élevé. » Cette sentence, que nous entendions déjà hier dans un autre contexte, à la fin d’une parabole chez st Luc, est-elle seulement de sagesse ou de bienséance, fruit du constat du cours des choses, comme le serait la conclusion d’une fable de La Fontaine ? Non.
C’est le Christ qui nous parle ainsi, dans son Evangile, exprimant son mystère et notre mystère.

« Le plus grand parmi vous sera votre serviteur ». Voilà la lumière vive qui éclaire notre sentence.
Qui est le plus grand parmi nous, sinon le Fils de Dieu ? Qui s’est fait et demeure notre serviteur, sinon le Fils de l’homme, le Dieu fait chair ? Nous ne pouvons entendre cette sentence, sans la relier à l’hymne de la lettre aux Philippiens : Le Christ, ayant la condition de Dieu, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes. C’est pourquoi Dieu l’a exalté et lui a donné le nom qui est au-dessus de tout nom.

Dimanche dernier, Jésus nous disait le double commandement de l’amour : aimer Dieu, et aimer son prochain comme soi-même. Aimer Dieu, aimer son prochain, mais aussi s’aimer soi-même.

Comment Jésus s’est-il aimé lui-même ? Il s’est aimé comme Fils, toujours tourné vers le Père, et, comme lui, avec lui, ayant le « grand désir de partager sa joie de Dieu ». Il s’est aimé comme notre Frère, voulant nous faire partager sa condition de Fils et sa joie de Dieu. Pour cela, il a partagé notre condition humaine, non seulement de créatures, mais de créatures blessées à mort par le péché. Image du Père, il s’est révélé comme le Dieu Très-bas, le Dieu Très humble, jamais préoccupé de lui-même.

Jamais Jésus ne pose le moindre acte qui soit tourné vers lui, à son avantage. C’est même son premier combat avec Satan, à l’ouverture de sa vie publique : ni pain, ni protection, ni possession de richesses à son profit, et surtout pas aux dépens de sa relation à son Père et aux hommes. Sa seule richesse, c’est d’être le Fils, et de tout recevoir de son Père. Vis-à-vis des hommes, il n’exerce son autorité que pour guérir, mettre debout, pardonner, libérer du mal et du malheur et engendrer une multitude de frères. Tout ce qui est superficiel, autoréférentiel, repli sur soi-même, est à l’opposé de sa manière de vivre, et donc de celle de Dieu lui-même.

A la suite de saint Paul, le pape François, nous invite à avoir un style de vie à l’imitation de celui du Christ. Son souci de tous les souffrants, de tous les rejetés et laissés-pour-compte, s’enracine dans sa contemplation de la vie du Christ. Ayez en vous les dispositions qui sont dans le Christ Jésus, écrit saint Paul en introduction à l’hymne que je viens de citer.

  François a décidé au dernier moment, lors de sa venue à Marseille, d’aller prendre son petit-déjeuner, non chez le cardinal Aveline où il logeait, mais dans la maison où les sœurs de Mère Térésa accueillent les pauvres de la rue : il a pris son petit-déjeuner avec ces pauvres. Ce n’est pas pour faire joli, c’est son tourment intérieur : rejoindre les pauvres, les exclus, ceux qui souffrent. Chercher leur communion et leur dire la sienne. À l’image du Christ, à l’image de Dieu qui vient à nous. La place des serviteurs, la place des disciples du Christ, n’est pas de recevoir des honneurs, mais d’être proches des autres. Comme il est bon qu’en quelques décennies, le pape soit descendu de son piédestal ! Puisse cela être vrai de nous tous ! Nos petits piédestaux, entretenus ou désirés !...

Chercher les premières places et les honneurs ? Celui qui est « le Seigneur » est mort nu sur une croix. Ils disent et ne font pas ? : le Christ n’a été que oui. Ils attachent de pesants fardeaux ? : le Christ libère. Ils ne veulent pas les remuer du doigt ? : le Christ a porté la croix, les péchés du monde ; son obéissance à la loi suprême de l’amour l’a conduit à se dessaisir de sa vie. Être remarqués des gens ? : il a été reconnu comme un homme, un homme parmi tous les hommes.

Notre évangile nous plonge dans le mystère du Dieu qui se donne, qui n’est que dessaisissement de lui-même, et nous appelle à être et à vivre comme lui. Si nous voulons être chrétiens, ne nous lassons pas de regarder le Christ, d’écouter sa Parole, et de l’imiter en nous laissons conduire par l’Esprit.

À la fin du synode, le pape, a exhorté les fidèles à « rêver », d’une Église « au service de tous, au service des derniers », « une Église qui accueille, sert, aime et adore » ; « une Église aux portes ouvertes, un port de miséricorde », « une Église qui lave les pieds de l’humanité blessée », rejetant « les idolâtries mondaines », comme le « carriérisme » et « l’avidité ». Cela nous concerne tous.

Le Christ s’est aimé lui-même comme Fils et comme Frère : comment nous aimons-nous nous-mêmes ? Est-ce en cherchant les honneurs, les premières places, les avantages personnels, ou en mettant nos pas dans ceux du Christ, l’Homme nouveau, dépossédé de lui-même, rempli de l’Esprit de vie et de sainteté, le Très-Humble qui donne sa vie ? Nous allons le recevoir dans l’Eucharistie pour devenir ce que nous allons recevoir. « Le plus grand parmi vous sera votre serviteur ».

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