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HOMELIE

22 octobre
année 2022-2023

Année A - 29ème dimanche du Temps Ordinaire -22 octobre 2023
(Isaïe 45.1-6 ; 1Thess. 1-5 ; Matthieu 22.15-21)
Homélie du F. Guillaume

Frères et sœurs,- S’il y a des paroles d’évangile célèbres entre toutes qui ont traversé les siècles jusqu’à nous, ce sont bien celles que Jésus a prononcées un jour devant ses contemporains pharisiens : « rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu ». Jésus voulait-il par là donner une leçon de politique, à propos d’une question sur l’impôt ? Un peu comme un slogan lancé à la manière de nos hommes politiques en campagne pour attirer les suffrages de leurs électeurs avec des formules bien frappées ?
S’agit-il de cela avec notre évangile ? Revenons alors au texte et à son début : « en ce temps-là, les pharisiens allèrent tenir conseil pour prendre Jésus au piège en le faisant parler ». Voilà bien l’objectif des pharisiens : faire tomber Jésus dans un piège. En fait, la question du paiement de l’impôt à l’empereur n’en était pas une. Les juifs de l’époque vivaient sous une occupation romaine et nul ne pouvait échapper à l’imposition, les pharisiens pas plus que les autres, d’où leur hypocrisie dénoncée par Jésus. Dans un autre passage d’évangile, Jésus ordonne à Pierre d’aller pécher un poisson pour y trouver 2 drachmes afin de s’acquitter pour lui et pour Pierre de ce devoir d’impôt. Non, les pharisiens ne cherchent pas une réponse à une question résolue, mais ils cherchent à poser une question-piège, et de ce piège-là, Jésus en toute logique, ne devrait pas sortir. De deux choses l’une : ou bien il incite ses compatriotes à refuser l’impôt et alors il sera facile de le dénoncer aux autorités romaines comme un résistant, ou un révolutionnaire (comme se présentaient les zélotes et l’on savait que Jésus en avait choisi un parmi ses 12 disciples), et il sera condamné. Ou bien il conseille de payer l’impôt et alors on pourra le discréditer aux yeux du peuple comme « collabo ». Déjà on le voit manger à la table des publicains (et Matthieu parmi les 12 en est un aussi). Mais pire encore, il perd aussi toute crédibilité et toute chance d’être reconnu en tant que Messie, comme il le prétend. Car le Messie attendu doit être un roi indépendant et souverain sur le trône de Jérusalem. Cette prétention à se présenter comme Messie, qu’il ne réalise pas, méritera la mort. Le piège est bien verrouillé. De toutes les façons, Jésus est perdu. C’est l’objectif visé par les pharisiens. La Passion et les procès de Jésus devant Pilate et le Sanhédrin se profilent à l’horizon. Ne nous y trompons pas : nous sommes au chapitre 22 de l’évangile de St Matthieu.

Dans un commentaire et une interprétation de cette page, Saint Augustin,dont nous avons lu un sermon, à l’office des vigiles cette nuit, cherche une sortie à ce piège, par une interprétation et une voie plus spirituelle et non pas politique ou fiscale. Il attire l’attention sur l’effigie de l’empereur, image gravée sur la pièce du denier. Comme César cherche son image sur une pièce de monnaie, Dieu cherche son image dans notre cœur, car il a créé l’homme à son image et à sa ressemblance. La pointe du texte serait alors de rendre grâce à ce Dieu qui nous a frappé à son image, de rendre grâce au Christ, image éternelle de son Père, Jésus qui a aimé ce Père et qui, le premier, s’est livré pour lui, pour nous les hommes et notre salut.
Il y a là un vrai renversement et une leçon de discernement pour les choix que nous avons à faire, comme croyants : César ou Jésus, l’argent ou Dieu, les idoles mondaines de toute nature ou bien les icônes qui rayonnent la Gloire divine. On ne peut aimer et servir l’un ou les unes sans haïr les autres. Jésus l’a nettement affirmé à ses disciples peu avant dans l’évangile au chapitre 16. Il nous reste ainsi à appliquer cette sentence : « rendez à César ce qui à César, j’aimerais préciser ne rendez à César que ce qui est à César, et rendez à Dieu ce qui est à Dieu ». Parfois le choix est clair, mais plus souvent il est obscurci, encombré et plus subtil. Aucun chrétien ne peut éviter cet effort de discernement en toute liberté. Prions l’Esprit Saint, surtout en ces temps de Synode pour l’Eglise pour qu’il répande sa Lumière et sa Vérité, dans le cœur de tous les baptisés. Et réécoutons les paroles de Saint Paul aux Thessaloniciens : « frères, que l’annonce de l’Evangile ne soit pas simple parole, mais puissance, action de l’Esprit Saint et pleine certitude ». AMEN

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