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HOMELIE

18 octobre
année 2022-2023

SAINT LUC ; 18.10.2023
2 Tm 4, 9-17a ; Ps 144 ; Lc 10, 1-9
Homélie du Père Abbé

En cette semaine missionnaire, où nous reprenons conscience de cette dimension de notre vie baptismale, l’évangile que nous venons d’entendre nous offre des repères précieux, que nous soyons en plein vent dans le monde ou retirés dans la forêt du Morvan.
Les 72 disciples sont envoyés par Jésus, en avant de lui, dans les localités où lui-même se rendrait. En quelque sorte, ils sont des éclaireurs, des émissaires qui doivent préparer sa venue. N’en-est-il pas de même pour nous ? Par notre baptême, nous sommes envoyés par Jésus, pour permettre à tous ceux que nous rencontrons de pouvoir le reconnaitre et l’accueillir un jour, même si ce jour est le dernier. Notre témoignage voudrait être comme autant des déblaiement du chemin qui permettent un jour une possible rencontre, la rencontre avec Celui qui nous fait vivre. Le plus important ce n’est pas nous, notre organisation, mais c’est lui et la rencontre avec lui.
L’invitation de Jésus à prier pour que le Maitre de la moisson envoie des ouvriers pour sa moisson, redit aux disciples d’hier et d’aujourd’hui qu’ils n’ont pas en eu l’initiative de l’envoi. Le disciple de Jésus est toujours appelé, gratifié du don de l’Esprit pour partir annoncer l’Evangile. Cette Nouvelle est trop grande pour que nous ayons l’initiative de l’annonce. Nous sommes comme poussés, tirés par un Autre. Le Père envoie et donne son Esprit à ceux qu’il envoie. Oui, prenons conscience de ce don qui nous est fait d’être ainsi appelés à témoigner. Et prions notre Père de faire ce don à d’autres.
Comme des agneaux au milieu des loups, sans bourse, ni sac… Tel est le kit du missionnaire. En guise d’outils, d’instruments d’évangélisation, il n’a que ses mains vides, sa parole, et même une grande vulnérabilité assumée face aux loups potentiels…Etonnante absence de moyens qui vient interpeller toutes nos préparations ou nos recherches de stratégie missionnaire. Jésus invite ses disciples à ne pas compter sur les moyens en leur pouvoir, mais uniquement sur le Père qui envoie et qui donnera ce dont ils ont besoin…On peut entendre en écho une autre parole : lorsqu’on vous traduira devant un tribunal, ne vous inquiétez pas de ce que vous aurez à dire, cela vous sera donné par l’Esprit Saint… On peut entendre en filigrane : le Royaume a davantage besoin de gens aux mains vides que de gens remplis de moyens et d’assurances. Car peut-être est-ce l’unique manière de lui permettre de vraiment « s’approcher » des gens. Se manifeste alors peut-être mieux le visage de notre Dieu qui depuis toujours s’approche de notre humanité de manière si inattendue et souvent cachée…
Dites d’abord : « paix à cette maison ». Premier mot, comme un mot clé pour ouvrir les portes du cœur : « paix ». Ce mot banal, shalom, salam, binh an, amahoro, frieden, peace, paz, est bien plus qu’un mot sorti des lèvres. Pour qu’il ouvre vraiment les cœurs, il faut qu’il émane de toute la personne, que toute la personne soit en quelque sorte désarmée, sans recherche d’elle-même, sans intérêt à défendre sinon celui de l’évangile. En ces temps troublés par des conflits et par des violences physiques sur tant d’innocents, nous mesurons la paix est un vrai travail qui commence sur soi-même. Chacun est invité, s’il veut annoncer en vérité la paix, doit aller chercher au fond de lui pour les offrir au travail de la grâce, tous les germes de violence prêts à renaitre. Poursuis la paix, recherche là invite St Benoit dans sa règle. Notre vie monastique commune nous montre combien le combat peut-être rude, en nous-mêmes d’abord et entre nous. C’est le prix à payer pour être vraiment des serviteurs et des témoins de la paix, celle que le Père veut répandre comme parfum de bonne odeur qui anticipe et prévient le Royaume qui s’approche. Soyons des chercheurs inlassables de cette paix, une guérison s’opèrera en nous et autour de nous. Nous deviendrons peu à peu d’authentique serviteur du Royaume.
En faisant mémoire de la mort et de la résurrection du Christ, nous annonçons déjà le Royaume qui vient. Dans la présence du Christ Ressuscité, qui nous laisse sa Paix qui nous donne sa Paix, puisons notre force, notre énergie avec reconnaissance.

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