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HOMELIE

08 octobre
année 2022-2023

Année A - 27e dimanche ordinaire - (08/10/2023)
(Is 5, 1-7 – Ps 79 – Ph 4, 6-9 – Mt 21, 33-43)
Homélie du F. Jean-Louis

Frères et sœurs, Même si le réchauffement climatique rend les vendanges plus précoces, ce début octobre demeure encore marqué par cette activité bourguignonne par excellence et les lectures de ce dimanche comme celles des dimanches précédents nous situent dans cet univers de vignerons et de vendanges, mais bien sûr, pas pour faire un traité de viticulture.
Le passage du livre d’Isaïe lu ce matin a la tonalité d’un poème, d’un chant semblable à ceux des troubadours du moyen-âge. Mais il nous révèle une terrible réalité. Partant de l’histoire - somme-toute assez banale - d’un propriétaire de vigne soignant celle-ci en espérant avoir de beaux fruits et n’en récoltant que des mauvais, le prophète s’élève à une toute autre réalité, bien plus profonde, bien plus tragique. Nous connaissons bien ce mode de récit : la parabole.
La vigne du Seigneur de l’univers, pas seulement du Seigneur d’Israël, nous dit Isaïe, c’est la maison d’Israël, et le plant qu’il chérissait, ce sont les hommes de Juda. Les beaux fruits que le Seigneur attendait de son peuple c’était le droit et la justice et, malgré tous ses soins, il ne récolte que le crime et les cris. Les prophètes ont dénoncé sans cesse les injustices les plus criantes du temps : exploitation des petits par les puissants, cris de détresse des opprimés qui montent vers Dieu…
La réaction du Seigneur sera d’enlever sa protection à la vigne pour que les exploiteurs fassent eux-aussi l’expérience de la détresse.
Le psaume 79, chanté en écho, nous fait entendre le cri du peuple vers Dieu dans la détresse en réclamant à nouveau la protection de son Seigneur, promettant de ne plus s’éloigner de son Dieu. Il faut parfois être dans la détresse pour se tourner vers Dieu.
Le Christ, lui, reprend, dans la parabole d’aujourd’hui, ce même thème de la vigne et ses interlocuteurs ont de suite compris que le propriétaire du domaine était Dieu, la vigne, le peuple d’Israël et les serviteurs maltraités, la longue lignée des prophètes. Quant aux vignerons, ce sont les responsables du peuple. Les grands prêtres et les anciens, auditeurs du Christ dans cet épisode, se voient bien obligés de conclure qu’il fallait punir ces vignerons criminels qui vont jusqu’à tuer le fils du propriétaire du domaine, comme si cela aurait suffi à les rendre eux-mêmes propriétaires de cette vigne. Le Christ révèle alors le sens de la parabole. Ce sont eux, les grands prêtres et les anciens, qui mettront à mort le Christ et se verront enlever le royaume de Dieu. Il s’agissait d’un avertissement qui n’a pas été entendu.
Frères et sœurs, ces textes, ne les lisons pas que comme des textes du passé. Il ne faudrait pas en effet oublier que ces textes ont été écrits pour les générations de chrétiens qui se succèderont au cours des siècles et qu’ils sont une Parole de Dieu pour nous, aujourd’hui.
Nous nous disons chrétiens, disciples du Christ, et nous souhaitons, je pense, suivre sincèrement le Christ. Ces lectures nous rappellent cependant qu’il n’est pas si simple de faire la volonté de Dieu. Certes, comme jadis et encore aujourd’hui, Dieu prend soin de son peuple et de façon certainement aussi délicate que dans le passage du prophète Isaïe mais quels fruits portons-nous ? Pas seulement individuellement, mais collectivement ? Le Christ qui a donné sa vie pour nous, pas seulement les chrétiens, mais toute l’humanité, n’est-il pas en droit d’attendre de ceux et celles qui sont appelés à être les témoins de cet amour fou, au moins un peu de droit, de justice comme pour les habitants de Juda et d’Israël, jadis ?
Le Christ s’est présenté comme le fils du propriétaire de la vigne, injustement massacré par les vignerons. Il a été du côté des victimes de l’injustice et de la violence et il a assumé cette position sans la fuir. Il s’est identifié à ces victimes et il en est mort.
On entend parfois des critiques sur le pape François, lui reprochant d’être trop politique dans ses discours. Mais que faire d’autre quand on lit la Bible et qu’on constate qu’un des messages constants transmis dès l’ancien Testament est la protection de la veuve, de l’étranger, de l’orphelin ? Que faire lorsque, lors du Jugement dernier tel que le présente l’évangile de Matthieu au chapitre 25, il est écrit j’étais en prison et vous ne m’avez pas visité, j’avais faim et vous ne m’avez pas donné à boire, étranger, et vous ne m’avez pas accueilli. » Certes, ni les prophètes de l’ancien testament, ni le Christ, ni le pape François ne donnent de recettes concrètes. Ce n’est pas leur rôle et de toute façon, ces recettes sont variables selon les époques et les circonstances. Par contre, ils donnent un esprit, un axe d’action, et lorsque l’on voit les sujets évoqués dans l’Ecritures sainte, je ne vois pas comment on ne peut pas y voir une exigence d’action politique, c’est-à-dire une action au sein de la cité, qui doit respecter la justice.
Frères et sœurs, dans quelques semaines, nous célébrerons la solennité du Christ Roi de l’Univers et nous entendrons alors ce passage de l’Évangile de Matthieu concernant le Jugement dernier. Il nous rappellera que c’est aujourd’hui, dans la vie concrète, dans nos choix face aux différentes formes de misère et de pauvreté, que nous entrons dans la dynamique de Salut apportée par le Christ ou que nous la refusons. Faisons en sorte que la parole d’Isaïe entendue aujourd’hui « Il en attendait la justice, et voici les cris » ne nous soit pas appliquée à nous, les chrétiens de ce 21e siècle.
AMEN

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