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HOMELIE

01 octobre
année 2022-2023

Année A - 26° Dimanche ord - 1° octobre 2023
Ezékiel 18, 25-28 / ps 24 ; Philippiens 2, 1-11; Matthieu 21, 28-32
Homélie de F. Basile

Frères & Soeurs, avez-vous bien entendu cette parole de Jésus, qui renverse toutes nos échelles de valeur et de bonne conduite : « Les publicains et les prostituées vous précèdent dans le royaume de Dieu » Et à qui Jésus adresse-t-il cette parole ? Aux grands prêtres, à des gens qui se pensent irréprochables, à ceux qui savent ou croient savoir la Loi de Dieu : ils savent, mais ils ne font pas.
C’est à nous aujourd’hui de comprendre le sens de la petite histoire qui précède : « Un homme avait 2 fils » Cela ne vous rappelle-t-il pas une autre histoire, la parabole du fils prodigue dans l’évangile de Luc. Deux histoires différentes, mais que l’on peut rapprocher. « Un homme avait 2 fils » L’un refuse de vivre à la maison, il part, et puis quand il n’a plus d’argent, il se repent et revient vers son père ; l’autre est resté, apparemment il a dit oui, mais par devoir, et quand son frère revient, il n’admet pas qu’on lui donne la préférence.
Dans l’histoire rapportée par Matthieu, il se passe moins de choses, mais cela tourne autour d’un Oui et d’un Non avec la question : quel est celui des 2 fils qui a vraiment fait la volonté du Père ? Au départ, c’est bien un père qui dit « Mon enfant » ; ce n’est pas un patron qui donne des ordres, c’est un père qui invite : une fois de plus le Dieu de la Bible respecte infiniment la liberté de l’homme, il la sollicite ; et puis il prend patience. L’Evangile continue : « ensuite, s’étant repenti » ; entre le refus et la repentance, il peut se passer quelques heures ou même quelques années pour que le Non se change en un vrai Oui.
Que veut dire « Travailler à la vigne » ? C’est une image symbolique, que nous trouvons souvent dans l’Evangile comme dimanche dernier, et nous l’aurons encore dimanche prochain ; elle exprime le travail de nos vies dans la maison de Dieu, dans l’Eglise aujourd’hui ; il s’agit de vivre nos vies d’homme et de femme, quels que soient notre situation, notre âge, nos engagements, à la lumière de la Parole de Dieu. Travailler à la vigne, c’est faire la volonté du Père à la suite du Christ qui s’est fait serviteur ; travailler à la vigne, c’est aussi croire à la Parole.
Cette expression revient ici 3 fois. Ce qui est reproché aux pharisiens, c’est de n’avoir pas cru à la parole de Jean Baptiste, alors que les publicains et les prostitués y ont cru. Cela nous dit bien que l’Evangile n’est pas un code de conduite, il n’est pas une morale, pour savoir ce qu’il faut faire ou ne pas faire, ce qui est bien et ce qui est mal. L’Evangile, c’est une parole de vie, adressée à chacun. Se convertir à l’Evangile, c’est avant tout croire à la parole de Jésus, à la parole d’un Dieu qui veut faire alliance avec chacun de nous.
Ne pourrait-on pas dire que dans le mariage, c’est aussi ce qui se passe ? S’engager librement dans une alliance, c’est croire à la parole de l’autre. Et croire, ce n’est jamais évident. Il y a des jours où l’on ne sait plus très bien, mais la fidélité de l’amour demande de passer par là. On apprend jour après jour à dire Oui à l’autre.
Jésus nous questionne sur notre manière de dire Oui, un Oui qui vienne du cœur, où notre liberté s’engage, et non pas un Oui forcé, parce que si je dis Non, je vais me faire disputer. Et croire, ce n’est pas seulement dire, mais faire, le traduire dans les actes. Malgré leur vie de péché, malgré leur passé très lourd, les publicains et les prostituées ont su entendre l’appel de Dieu, revenir à lui et lui dire Oui avec leur cœur, alors que les pharisiens n’ont qu’un oui de façade : ils disent, mais ne font pas. Et nous, de quel côté sommes-nous ?
Je crois que nous pouvons nous reconnaître dans les 2 fils. Parfois nous disons Oui, parfois nous disons Non. Parfois un Oui de surface, un Oui poli qui cache un refus ; parfois un Non qui veut dire Oui, parce que le Oui profond n’arrive pas à sortir et qu’il faut du temps pour briser les résistances. C’est là que l’obéissance du Christ est pour nous le modèle ; c’est librement que Jésus a pris notre condition humaine et qu’il s’est fait obéissant jusqu’à la mort. Et Paul dira dans une autre lettre que le Fils de Dieu, le Christ Jésus, n’a pas été Oui et Non : il n’a jamais été que Oui et Paul ajoute : «Aussi est-ce par lui que nous disons notre Amen à Dieu pour sa gloire. »
Nous pouvons penser aujourd’hui à Thérèse de Lisieux, puisque c’est le jour de sa fête, Thérèse qui a dit Oui jusqu’au bout dans la nuit de la foi, quand à la fin de sa vie, elle ne savait plus si le ciel existait pour elle ; Thérèse qui aimait dire que lorsqu’elle communiait, elle venait s’asseoir à la table des pécheurs, si grande était sa confiance en la miséricorde du Père.
Dieu ne cesse de nous faire des appels, mais il veut une réponse libre. Notre vie va être souvent ce mouvement de balance entre le Oui et le Non, pour laisser peu à peu toute la place à un Oui inspiré par l’amour. Dieu est patient, il a horreur des fausses réponses. Mais retenons ce que Jésus nous dit aujourd’hui : « Les publicains et les prostituées vous précèdent dans le royaume de Dieu » Conduite étrange, disent certains qui se posent en juges de la Loi. Le pape François est si mal jugé par certains catholiques, alors qu’il cherche à être plus fidèle à l’esprit de l’Evangile, à la vérité de l’amour. Et quand le pape nous appelle à accueillir les migrants, les réfugiés, qu’allons-nous faire ? Demandons l’Esprit Saint pour savoir comment répondre avec nos petits moyens, comment dire à Dieu un Oui qui soit Oui.
Frère Basile

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