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HOMELIE

24 septembre
année 2022-2023

Année A - 25 dimanche du Temps Ordinaire - 24 septembre 2023
Is 55 6-9 ; Phil 1 20-27 ; Mt 20 1-16
Homélie du F. Vincent

Dieu serait-il injuste ? C’est la question qui vient tout de suite à l’esprit en écoutant l’évangile que nous venons d’entendre. Oui, Dieu nous déconcerte souvent. Sa justice est tellement différente de la nôtre qui a pourtant sa légitimité. Tellement différente qu’elle en vient parfois à nous scandaliser, aussi fortement que le maître de la vigne scandalisa ses ouvriers, dans la parabole que nous venons d’entendre.
Pourtant, au nom de la stricte justice, le scandale était sans fondement. Leur contrat de travail avait été scrupuleusement respecté, et une pièce d’argent en échange d’un travail de toute une journée, c’était un salaire honorable. Le murmure des ouvriers venait d’ailleurs. Il y avait eu ceux de la première heure qui, comme ils s’en vanteront, avaient supporté le poids du jour et de la chaleur. Puis ceux de la dernière heure, des chômeurs, peut-être, Si ceux-là recevait une pièce d’argent pour si peu d’effort, les autres pouvaient légitimement espérer recevoir un traitement meilleur. Il n’en fût rien. C‘est vrai, on peut s’en étonner, se révolter même avec eux.
A leur étonnement, deux réponses possibles. La première est donnée par Jésus lui-même : « est-ce que ton regard est mauvais parce que je suis bon ? » La justice de Dieu ne se contente pas de ce qui est défini par les terme d’un contrat. Elle est bonté, générosité, surabondance de miséricorde. La mesure de ses dons, comme il le dira lui-même, est toujours une mesure bien remplie, tassée, débordante. De plus, elle s’adresse de préférence à ceux qui l’ont mérité moins que les autres, qui n’ont guère fait les efforts auxquels la plupart s’obligent, mais à qui aura suffi un simple cri de confiance, un simple regard baigné d’amour. Nous les connaissons ; les publicains et les prostituées qui nous précèdent dans le royaume des cieux. Ils s’appellent Marie-Madeleine, Zachée, Matthieu, et tant d’autres parmi lesquels le tout premier des saints, canonisé par Jésus en personne sur la Croix, véritable ouvrier de la dernière heure, lui, le bon larron que Jésus envoya à l’instant au Paradis pour y accueillir tous ceux que sa mort et sa résurrection allaient délivrer.
La deuxième réponse à cet étonnement est cachée dans notre propre cœur. Elle dépend de la place que nous nous attribuons dans cette parabole. En effet, aussi longtemps que nous nous estimons des « ouvriers de la première heure », ayant le droit de faire valoir nos prestations, nous ne pouvons qu’être choqués par une injustice aussi criante de la part de Dieu, par un maître aussi partisan. Mais ce sera en même temps le signe que notre cœur, pour le moment, est resté endurci, et connait encore peu ce qu’est la surprenante douceur de l’amour et du pardon de Jésus. Un jour viendra où notre cœur de pierre se brisera lors d’une épreuve, d’un échec, d’un péché peut-être, ou simplement devant la prise de conscience si humiliante de notre incapacité radicale à rejoindre ce Dieu que nous prétendions aimer. Ce sera un moment de grâce où nous accepterons enfin de nous ranger humblement parmi les ouvriers de la dernière heure, à la suite des serviteurs inutiles à côté des pécheurs et du bon larron, et même derrière eux, conscient d’avoir fait si peu et acceptant d’en être là ayant droit surtout à la miséricorde, à la bouleversante bonté de Dieu. Là est notre vraie place.
Là sera aussi notre joie, notre plus grande joie pour toujours. Et aussi la plus grande joie de Dieu. Car il y a davantage de joie au ciel, a dit Jésus, pour un seul pécheur qui se convertit que pour 99 justes qui n’ont pas besoin de conversion.
(Sources diverses) ********

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