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HOMELIE

09 avril
année 2022-2023

Année A - Jour de Pâques - 9 avril 2023
Actes 10, 34a + 37-43 ; Colossiens 3, 1-4 ; Jean 20, 1-9
Homélie de Frère Basile

« Christ est ressuscité ! Il est vraiment ressuscité ! » Frères et sœurs, cette bonne nouvelle a retenti cette nuit dans la plupart des Eglises chrétiennes. Mais comment l’annoncer dans le monde d’aujourd’hui, si divisé, éclaté, déchiré par la guerre et menacé de toute part ou totalement indifférent ? Alors ne devient-elle pas de plus en plus une nouvelle incroyable.
Et je dirai même : quand les tragédies envahissent nos écrans, avons-nous le droit de chanter l’Alleluia de Pâques ? Nous pourrions même perdre coeur et nous demander : « Mais Jésus est-il vraiment ressuscité ? » Mon antidote à moi, c’est de penser à tous ceux et celles qui ont été baptisés cette nuit, plongés dans la mort de Jésus pour ressusciter dans une vie nouvelle : grâce à eux, qui nous rappellent notre baptême, nous ne pouvons pas nous taire. Et puis je pense à la Vigile pascale que nous avons célébrée ici cette nuit et je reprendrai une parole de l’homélie du P. Luc : « Notre frère, notre sœur, baptisés comme nous, voilà le Christ Ressuscité : tous ensemble et les uns pour les autres, nous sommes le Christ Ressuscité depuis qu’il nous a plongés avec lui dans les eaux du baptême. » Voilà la bonne nouvelle de Pâques ! et nous pouvons chanter : « Christ est ressuscité, alleluia ! »

Mais alors comment entendre l’Evangile de ce matin ? lorsque Marie la première est venue au tombeau. Ce texte a de quoi nous surprendre, et même nous décevoir. Est-il bien à sa place un jour de Pâques ? Car enfin, ni Marie, ni Pierre, ni l’autre disciple, n’ont encore vu le Seigneur : c’est plutôt l’heure des questions.
Cette nuit, à la vigile pascale, le récit de Matthieu était tellement plus clair : non seulement un ange apparaît aux femmes, mais Jésus lui-même vient à leur rencontre. Certains diront : invention de femmes un peu exaltées : elles avaient trop besoin de le revoir.
En tout cas, dans l’évangile de Jean, il n’y a rien de tel. C’est Marie la première, qui a découvert le tombeau vide. Elle prévient aussitôt les 2 disciples qui arrivent en courant. Le plus jeune, celui que Jésus aimait, arrive le premier, mais il laisse entrer Pierre qui voit un autre signe étrange, inattendu : les linges parfaitement pliés et le suaire mis à part. Alors entra l’autre disciple, auquel la tradition donne le nom de Jean : c’est lui qui était aussi avec Marie, la mère de Jésus, au pied de la croix et c’est peut-être lui qui nous rapporte ici cette expérience si personnelle en écrivant cette petite phrase précieuse : « Il vit et il crut » Pourtant le tombeau est vide ; il nous est dit seulement que les disciples n’avaient pas encore compris que selon l’Ecriture, il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts.
« Il vit et il crut » Ces 2 mots sont pour nous aujourd’hui et je voudrais vous faire sentir la distance qui les sépare et le chemin de foi que Jean a fait pour passer de l’un à l’autre. Nous n’étions pas là, mais c’est le même chemin qui nous est proposé aujourd’hui. Il y a comme un blanc entre les 2 mots, si j’ose prendre cette image, et c’est à chacun de nous de l’écrire, non pas avec de l’encre, mais avec sa propre vie, avec ses mots à lui : une expérience personnelle, que tout chrétien peut et doit faire.
A certains il sera donné de pouvoir en témoigner, mais le plus souvent nous le ferons à notre insu par cette cohérence que nous mettrons entre notre vie et notre foi chrétienne. Si pour nous, le Christ est vraiment ressuscité, alors nous ne pourrons pas vivre autrement qu’en ressuscité. Mais revenons à l’évangile : au départ il y a un signe ou même plusieurs : le tombeau vide, l’absence du corps, les linges pliés, un signe qui pourra laisser certains sceptiques, indifférents ou perplexes, comme Pierre qui ne comprends pas ou Marie tellement centrée sur son chagrin. Ensuite il y a un blanc et il peut se passer du temps avant que nous puissions croire au Christ ressuscité, Celui que nous aimons sans l’avoir vu, en qui nous croyons sans le voir encore. La foi est un don, mais elle ne nous est jamais imposée, et Dieu nous laisse faire ce chemin, remplir ce blanc qui sera différent pour chacun. Notre vie est parfois tellement pressée, bourrée, agitée que nous ne laissons pas de place pour ce blanc, pour laisser le Christ entrer dans notre cœur. Il ne s’agit pas de chercher des signes extraordinaires, mais de trouver le Christ vivant dans la communauté des frères et soeurs qui nous accueille, là où se vit le partage et la fraternité, dans l’écoute de la Parole de Dieu, dans la prière et le service des plus pauvres.
C’est vrai que nous ne pouvons pas oublier les tragédies de notre monde, mais surtout n’oublions pas que la Résurrection du Christ a bouleversé l’univers : c’est un monde nouveau qui est en train de naître ; le Christ a vaincu la mort, avec lui nous sommes passés de la mort à la vie, le monde est sauvé d’une manière que nous ne connaissons pas, et déjà il s’éveille à la gloire de Dieu.
« Secrète résurrection » disait Pascal dans ses Pensées, secret aussi le cheminement de notre foi, différent pour chacun. Mais si nous avons compris que le Christ est vivant, espérance et renaissance du monde, alors ne restons pas devant le tombeau vide : allons en Galilée, vers toutes les nations, vers les hommes et les femmes de notre temps, là où Jésus nous a donné rendez-vous.
Et déjà dans l’eucharistie de ce Jour, reconnaissons le Christ Ressuscité à la fraction du pain, quand il met dans nos mains la joie et le signe de Pâques.

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