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HOMELIE

23 octobre
année 2021-2022

Année C - 30 dimanche du Tps Ordinaire - 23 octobre 2022 Homélie du F.Hubert

« J’ai mené le bon combat, j’ai achevé ma course, j’ai gardé la foi. Je n’ai plus qu’à recevoir la couronne de la justice. »
Quelle différence y a-t-il entre ces paroles de Paul et celles du pharisien : « ‘Mon Dieu, je te rends grâce… Je jeûne deux fois par semaine et je verse le dixième de tout ce que je gagne. » ?
L’un comme l’autre n’attendent-ils pas de Dieu d’être récompensés du fruit de leurs œuvres ? « J’ai mené le bon combat. » « Je jeûne deux fois par semaine »… Je, je, je ?
Oui, mais le « je » de Paul est entièrement tourné vers le Christ, celui du pharisien totalement recroquevillé sur lui-même.
Vous avez remarqué que j’ai sauté une phrase du pharisien. Elle est terrible… « Je ne suis pas comme les autres hommes… – ils sont voleurs, injustes, adultères –,ou encore comme ce publicain. » « Pas comme les autres hommes » : C’est le contraire exact de ce que dit Dieu, de ce qu’a fait Dieu : « Le Christ Jésus, ayant la condition de Dieu, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’est anéanti, devenant semblable aux hommes. »
Notre pharisien, non seulement se compare aux autres, mais il accuse : « les autres sont voleurs, injustes, adultères » et il ajoute encore : « je ne suis pas comme ce publicain. », ce publicain qui ne lui a rien fait, et qui, loin de l’accuser, s’accuse lui-même. « Personne n'est venu accuser le pharisien pour l'obliger à se dire innocent, écrit le père Beauchamp : à l'inverse, il se fait lui-même accusateur et ce n'est pas pour riposter à. une attaque ni pour se défendre ». Il rejoint l’ « Accusateur », qui n’est rien d’autre que le « Satan », celui que l'Apocalypse appellera « l'accusateur de nos frères, celui qui les accusait jour et nuit devant notre Dieu » (Ap 12, 10). Ce pharisien est convaincu de sa propre justice et de l’injustice des autres et se fait donc leur accusateur. Il est dans l’erreur : dans le jugement favorable qu’il porte sur lui-même, et dans le jugement accusateur qu’il porte sur les autres.
Paul était pharisien, convaincu de sa propre justice, et ne supportait pas ceux qu’il considérait infidèles à la Loi : « Je suis Hébreu, fils d’Hébreux, pharisien fils de pharisiens,… devenu irréprochable quant à la justice que donne la Loi. » (Ph 3, 4-6) « J’étais jaloux de la loi de mes pères, et je persécutais l’Eglise de Dieu avec frénésie ».
Jusqu’au jour où le Christ s’est révélé à lui et lui a révélé sa miséricorde : le don gratuit de Dieu, qui dépasse toutes nos fidélités et engloutit toutes nos infidélités. Face au don gratuit de Dieu qui se donne lui-même dans le Christ crucifié par nos fautes, Paul a compris l’inanité d’une justice venant de ses propres œuvres, et son indignité absolue à recevoir le don de Dieu, qui n’est autre que Dieu lui-même. Paul en est converti : « Dieu m’a appelé par sa grâce et a jugé bon de révéler en moi son Fils ». Alors, il peut dire : « Je ne me juge même pas moi-même. Ma conscience ne me reproche rien, mais ce n’est pas pour cela que je suis juste : celui qui me soumet au jugement, c’est le Seigneur. » 1 Co 4, 3 « Dieu est riche en miséricorde ; à cause du grand amour dont il nous a aimés, nous qui étions des morts par suite de nos fautes, il nous a donné la vie avec le Christ : c’est bien par grâce que vous êtes sauvés. » Ep 2, 4
Aujourd’hui, notre Eglise de France est blessée par le comportement de certains de ses pasteurs. C’est toute l’Église de France qui est sous la stupéfaction et la colère. Et dans une grande tristesse. Il est fondamental que vérité et justice soit faites. Il nous faut reconnaître non seulement nos péchés personnels, mais aussi nos péchés de corps social, de corps ecclésial. Ne quittons pas le bateau en croyant que nous sommes justes et que le péché est hors de nous. Gardons-nous de mépriser les autres, de tuer les autres, par nos jugements, nos paroles ou nos actes. Gardons-nous d’être accusateurs. Il n’y a qu’une seule humanité, aimée de Dieu ; il n’y a qu’un seul peuple de Dieu. Tous, nous sommes pécheurs, tous, nous sommes sauvés par le Christ. Le Christ a fait corps avec nous : faisons corps les uns avec les autres, dans l’Eglise, dans l’humanité. « Dieu a enfermé tous les hommes dans la désobéissance, écrit Paul aux Romains, pour faire à tous miséricorde. » Rm 11, 32 Implorons la grâce de marcher dans la justice et la vérité, la miséricorde et la fidélité. Ce qui est impossible à l’homme est possible à Dieu. Ne fermons pas nos cœurs, ne fermons pas nos yeux. Implorons le Christ de nous sauver du mal, implorons l’Esprit Saint pour pratiquer et la justice et la miséricorde. Demandons la grâce de la conversion pour que « la proclamation de l’Évangile s’accomplisse jusqu’au bout et que toutes les nations l’entendent. »

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