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HOMELIE

03 juillet
année 2021-2022

Ann&e C - 14e dimanche ordinaire (C) (03/07/2022)
(Is 66, 10-14c – Ps 65 – Ga 6, 14-18 – Lc 10, 1-2.17-20)
Homélie du F. Jean-Louis

Frères et sœurs, L’évangile de ce dimanche d’été nous met d’emblée dans la saison qui est la nôtre actuellement : « la saison des moissons ». Peut-être, sans doute, avez-vous eu l’occasion de voir ces derniers temps dans les environs ou plus loin, des champs en plein moisson. Evidemment, il n’y a plus, comme au temps du Christ, des ouvriers en nombre pour faire la récolte mais l’ambiance de travail laborieux demeure malgré la mécanisation.
Et tout l’évangile de ce jour montre bien que l’annonce du Royaume est vécue par le Christ lui-même comme une urgence mais aussi comme un travail qui exige de ne pas perdre de temps. « Ne saluez personne en chemin » dit le Christ. Il ne s’agit pas d’être grossier ni de mépriser les gens mais, dans le monde oriental, les salutations pouvaient être interminables. Or, pour le Christ, il y a urgence. Les envoyés doivent également ne pas se préoccuper de nourriture ni de vêtement. Leur souci exclusif doit être d’annoncer que, selon les mots du Christ : « Le règne de Dieu s’est approché. » Et déjà du temps du Christ, il y a des réussites et des échecs possibles, en tout cas envisagés, les villes où les disciples ne seront pas accueillis et malgré tout, la Bonne nouvelle « Le règne de Dieu s’est approché » y est quand même proclamée. Aux gens d’entendre ou non, avec les risques que la surdité ou le refus d’écouter entraîne.
Apparemment, dans le récit d’aujourd’hui, c’est la réussite qui domine et elle est exprimée de façon claire et ferme. Il y a la joie des disciples bien sûr, mais aussi l’expression de la réussite de l’annonce par la chute de Satan. Nous savons que, plus tard, Satan essaiera de se venger et que la prédication du Christ rencontrera nombre d’obstacles allant jusqu’à l’échec apparent de la croix qui débouchera finalement sur la victoire définitive de la Résurrection du Christ. Il est intéressant d’ailleurs de voir que là où les disciples se réjouissent de voir les démons soumis à leur pouvoir, le Christ leur recommande plutôt de se réjouir, non pas de la soumission des esprits mais du fait que leurs noms soient inscrits dans les cieux. Ce qui est bien plus important. Mais le Christ est très conscient de l’immensité de la tâche et d’ailleurs, l’évangile se fait peut-être l’écho de la prise de conscience par la communauté issue de la prédication de saint Luc que l’annonce de l’évangile dans l’Empire romain voire au-delà est vraiment une tâche infinie, toujours à reprendre. Il me semble qu’on sent bien, dans les paroles du Christ, une certaine urgence.

Frères et sœurs, traditionnellement, l’Eglise a compris cette demande du Christ « Priez le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson » comme une prière pour demander à Dieu des prêtres, des religieux, des religieuses. Et ce n’est pas faux. Mais le risque de cette vision restrictive du mot ouvrier de la moisson n’a-t-il pas été de conduire à la démobilisation d’un grand nombre de chrétiens par rapport à l’annonce de l’évangile. Pire, dans nos pays occidentaux où l’on prie depuis plus de 50 ans pour avoir des ouvriers pour la moisson, entendez essentiellement des prêtres, le doute ne s’est-il pas introduit sur l’efficacité de cette prière, voire sur la surdité de Dieu à nos prières ? Car, et c’est bien visible, le nombre de séminaristes est loin d’être en croissance chez nous.
Pourtant, est-ce si sûr que notre prière ait été vaine, est-ce si sûr que Dieu ne nous a pas écoutés ? Il y a des milliers de diacres et leurs épouses, qui ont entendu un appel de l’Église, de Dieu. Il y a des milliers et des milliers de baptisés hommes et sans doute surtout femmes, qui se sont levés pour servir l’Église, leurs frères et sœurs en humanité et donc Dieu depuis des années et ils ont donc ainsi participé concrètement à la moisson du Seigneur.
Frères et sœurs, par notre baptême, nous sommes tous et toutes appelés quel que soit notre âge, notre condition, à répondre à cet appel du Seigneur. Prier pour que d’autres le fasse, c’est bien, prier pour avoir la force de l’Esprit pour nous mettre nous-mêmes au travail, c’est sans doute mieux. Concrètement, cela signifie être à l’écoute des besoins de notre Eglise locale, participer aux formations qui existent pour approfondir sa foi, sa connaissance vivante de la Parole de Dieu, de la Bible, et pourquoi pas se former à l’écoute afin de pouvoir rendre service à nos frères et sœurs en chemin vers le Christ.
Le pape François a insisté et insiste pour une participation active de tous les baptisés à la vie de l’Eglise et il souhaite que des ministères nouveaux soient créés pour des laïcs. Lui-même a eu l’audace de nommer des laïcs à des postes importants à Rome. Il me semble que tous, à notre niveau, nous avons à répondre à cet appel qui est sans doute un appel du Christ : prendre part à la vie missionnaire, évangélisatrice de l’Eglise.
Et si ce qu’on appelle la crise des vocations était justement un appel de Dieu à tous les baptisés à se mettre en marche, dépassant une attitude simplement consommatrice pour devenir acteur, actrice de la vie de l’Église aujourd’hui et demain.
Frères et sœurs, si vous êtes ici ce dimanche, si vous vous êtes donné la peine de venir à cette messe en ce temps de vacances, c’est certainement parce que le message du Christ vous a touchés, qu’il compte pour vous. Peut-être que plusieurs d’entre vous sont déjà bien engagés dans la vie de l’Eglise mais ils peuvent peut-être inciter des proches à faire de même, témoigner de la joie à servir dans l’Eglise, même s’il y a des difficultés mais où n’y en a-t’il pas ?
L’enjeu est de faire connaître au monde la merveille de la promesse que faisait déjà en son temps le prophète Isaïe : « Réjouissez-vous avec Jérusalem ! Exultez en elle… avec elle, soyez pleins d’allégresse… vous serez nourris de son lait, rassasiés de ses consolations, vous goûterez avec délices à l’abondance de sa gloire. »
Oui, au-delà de la gloire de Jérusalem, c’est la Gloire de Dieu qui nous est promise et cela vaut la peine que nous nous bougions un peu, que nous devenions nous-mêmes ces ouvriers que le Christ attend. AMEN

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