Textes spirituels

Règle de saint Benoît

Commentaires sur
la Règle


Homélies

Méditations

Références bibliographiques



Formations, stages


HOMELIE

08 mai
année 2021-2022

4e dimanche de Pâques (C) (08/05/2022)
(Ac 13, 14.43-52 – Ps 99 – Ap 7, 9.14b-17 – Jn 10, 27-30)
Homélie du F.Jean Louis

Frères et sœurs, Quatrième dimanche de Pâques, sous le thème du Bon Pasteur, dimanche traditionnellement consacré à la prière pour les vocations. Bien sûr, prière pour les vocations aux services de prêtres de diacres ou à la vie religieuse, mais aussi prière pour l’appel que Dieu fait à tout chrétien, toute chrétienne de vivre son baptême dans la vie de tous les jours afin de témoigner de ce que la résurrection du Christ peut apporter dans une vie d’homme de femme, dans la vie de notre monde.
La prière d’ouverture de la messe nous a déjà signifié le rôle du Christ, Pasteur par excellence. Il est entré victorieux dans le bonheur du ciel et c’est de là qu’il nous guide, nous qui sommes faibles et fragiles.
La seconde lecture, dont une partie est lue également à la fête de la Toussaint, nous décrit justement le Royaume en fête à la fin des temps. Plus de faim ni de soif, plus de chaleur accablante - et les gens du Moyen Orient savent ce que cela veut dire. Dieu qui siège sur le Trône établira sa demeure en chacun des élus. L’Agneau sera le Pasteur et Dieu essuiera toute larme de leurs yeux. Dieu ne veut plus qu’il y ait des larmes dans son peuple et c’est pour cela qu’il nous appelle et nous conduit comme Pasteur. C’est bien le rôle du Christ.
Cette vision est confirmée par l’évangile avec des paroles fortes.
Les brebis qui écoutent la voix du Christ, sont connues de lui et le suivent. Et le projet du Christ est bien de leur donner la vie éternelle. Elles ne peuvent être arrachées de la main du Christ. Et le garant de ce salut est le Père avec lequel le Christ fait UN. Affirmation inouïe.
Quant à la première lecture, elle nous rappelle un moment essentiel, décisif de l’annonce de l’évangile. Paul, comme les autres apôtres s’est mis en route avec Barnabé pour proclamer l’évangile et le salut en Jésus Christ et d’abord aux juifs d’Asie mineure. Mais devant l’opposition de certains, apparemment assez influents pour mobiliser des foules, ils décident de se tourner vers les nations païennes, ce qui n’était pas évident au départ. A partir de la relecture d’un passage prophétique tiré du Livre d’Isaïe (« J’ai fait de toi la lumière des nations pour que, grâce à toi, le salut parvienne jusqu’aux extrémités de la terre »), Paul et Barnabé comprennent que le message de l’évangile du Christ est destiné à toutes les nations et pas uniquement au peuple juif. C’est de cette décision que notre Eglise vit encore aujourd’hui. Mais ce passage nous montre aussi Paul et Barnabé comme pasteurs chargés d’annoncer la Parole. Elle nous les montre en bute aux oppositions qui peuvent surgir et qui surgissent encore aujourd’hui devant ceux qui ont décidé de se consacrer à l’annonce de l’évangile, qui ont décidé de suivre le Christ. Et les risques ne sont pas nuls. Celui qui vient en aide est alors l’Esprit Saint qui remplit de force et de joie les disciples. Et cette annonce consiste à faire connaître au monde entier qu’il est aimé et sauvé sans condition.
Frères et sœurs, à Pâques et durant ce temps pascal, nous célébrons la résurrection du Christ authentifiant la réalité de l’amour que le Christ à témoigné en acceptant de souffrir et de mourir sur la croix. C’est le Pasteur, le Berger, qui a été jusqu’à donner sa vie pour ses brebis. Durant tout le temps pascal résonne, avec la lecture du livre des Actes des Apôtres, la diffusion de ce message aux premiers temps de l’Eglise. Si nous sommes croyants aujourd’hui, c’est parce que ces hommes et ces femmes ont tenu à diffuser cette incroyable nouvelle : Dieu s’est fait l’un de nous et il a souffert pour notre salut, pour vaincre le mal et la mort.
Bien sûr, le mal, la violence et la mort sont toujours présents mais le passage est ouvert vers le Royaume qui nous a été décrit dans la seconde lecture, et une espérance nous est offerte. La mort n’est pas la fin de tout, la souffrance n’est pas l’horizon unique de nos vies. Nous ne sommes pas seuls dans la souffrance car nous croyons au Christ, Fils de Dieu et pleinement homme, qui a connu la souffrance humaine et pas qu’un peu. Nous croyons en un Dieu qui, en Jésus Christ, a fait l’expérience de la souffrance et de la mort humaines. Le chemin du Christ sera le nôtre, allant jusqu’à la vie sans fin. Bien sûr, pas de preuve scientifique expérimentale pour nous rassurer, mais la confiance en cette parole proclamée par les premiers disciples et apôtres du Christ, ces pasteurs qui ont tout donné pour transmettre la parole du vrai Pasteur et ce, malgré les obstacles de toutes sortes. Mais puisque nous sommes baptisés, peut-être qu’à notre tour, nous avons à nous demander comment être nous aussi pasteurs de notre humanité à l’image, à l’imitation du Christ et des premiers chrétiens. Il y a bien sûr les évêques les prêtres les diacres, les religieuses et les religieux mais il me semble que tout chrétien et toute chrétienne, comme baptisé, a aussi à se sentir comme bergers, pasteurs de notre humanité parfois si troublée et désorientée. Il ne s’agit pas de se sentir chef, mais, comme le Christ, d’aider humblement nos frères et sœurs en humanité, dans un infini respect de leur liberté, à cheminer dans une vie humaine qui a du sens. Aujourd’hui, tant de personnes trouvent que leur vie n’a pas de sens !
Les grandes certitudes idéologiques sont tombées, les puissances politiques ou technologiques montrent leurs limites, et, parfois, leur faillite. Nous le savons bien, l’avenir est incertain. Peut-être que, plutôt que de mettre notre confiance en un progrès indéfini du monde et de la société, progrès reposant uniquement sur le bien-être matériel ou la puissance technique, nous avons à faire découvrir une autre voie qui invite à l’ouverture aux autres, au respect du plus pauvre, du plus fragile (les étrangers, les jeunes, les personnes âgées). Peut-être avons-nous à témoigner d’une espérance qui s’appuie en fait sur une Parole qui a révolutionné le monde et qui nous ouvre sur un monde sans limite, sans limite d’amour. Et cette espérance, nous avons aujourd’hui à la vivre avec d’autres que les chrétiens et c’est sans doute la chance de découvrir que le Christ est présent partout où du bien se fait, partout où une personne vient en aide, gratuitement, à une autre. Nous avons à nous montrer, comme le Christ, bergers de notre humanité, nous avons aussi à apprendre des autres à être bergers, pasteurs… C’est une tâche qui peut nous rendre vraiment heureux si nous osons nous y engager pleinement. Demandons l’aide de l’Esprit Saint pour cela. AMEN

Retour à la sélection...