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HOMELIE

17 avril
année 2021-2022

Année C - Dimanche de Pâques - 17 avril 2022
Ac 10 34-43 ;Col 3 1-4 ; Jn20 1-9
Homélie du P .Benoit Andreu moine de Fleury

« Christ est ressuscité ! il est vraiment ressuscité ! » Depuis la nuit dernière, avec cette exclamation, avec nos alléluia, le point d’exclamation est devenu la ponctuation normale et joyeuse de nos rencontres.
Pourtant l’évangile ne semble pas aller à si vive allure : à l’aube de Pâque, le tombeau vide est d’abord un grand point d’interrogation. Il est même une question dramatique pour Marie-Madeleine : « On a enlevé le Seigneur de son tombeau, et nous ne savons pas où on l’a déposé. » Les disciples, à leur tour, courent vers le tombeau vide, ils courent vers sa question à laquelle seul Jean, pas même Pierre, entrevoit une réponse : « Il vit et il crut ». Mais cela même n’a pas suffi à écarter tout désarroi. Aussitôt après le récit que nous venons d’entendre, l’évangile nous montre Marie en larmes, désemparée, près de la tombe ; puis, au soir, les disciples enfermés, toutes portes closes, dans leur peur.
Ce cheminement désemparé des disciples nous interroge : à quel moment la résurrection du Christ devient-elle pour moi, réellement, une bonne nouvelle ? Quand devient-elle cette vie qui tire ma vie des larmes et de la peur ?
Les évangiles le disent bien : le véritable tournant pascal, pour les disciples, n’est pas la découverte du tombeau vide, mais la rencontre du Seigneur ressuscité. Car si Jésus ressuscité ne venait à notre rencontre, sa résurrection serait certainement une échappée glorieuse loin de la tombe, mais finalement, aussi, loin de nous-même. Si Jésus ressuscité ne venait à notre rencontre, nous n’aurions pas trop d’une vie pour pleurer, avec Marie-Madeleine, devant le tombeau vide, devant l’absence terrible de celui qui nous a aimé, puis s’en est allé.
Oh certes, nous n’aurions pas tout perdu. Nous garderions son souvenir, nous garderions ses paroles ; nous garderions de la Pâque le signe d’un Amour qui s’est donné jusqu’au bout et nous appelle à faire de même, d’une vie plus forte que la mort. Bref, nous garderions de la vie de Jésus un enseignement profond, une morale et une doctrine magnifiques. Magnifiques, certes, mais devant lesquelles nous resterions bien seuls. Seuls devant des exigences qui, de toute évidence, dépassent et notre esprit et notre bonne volonté. Un christianisme qui ne serait qu’une morale et une doctrine, un savoir et un devoir, est un tombeau vide devant lequel nous ne pouvons connaître que les larmes et la peur, à moins, et c’est pire, de s’y installer, de refermer sur nous-même la pierre du tombeau, sur nos idées et sur notre bonne conscience, au lieu de nous élancer depuis son ouverture pascale vers le Christ vivant, débordement toujours inouï de sens et de vie et d’amour, qui dépasse tout ce que nous croyons savoir et savoir faire.
Nous sommes appelés à vivre de la rencontre vivante, à ciel ouvert, du Seigneur ressuscité, de cet amour qui nous rejoint sans que nous l’ayions mérité ni même vraiment compris (il suffit de voir qui nous avons été au Vendredi Saint). Vers le tombeau vide, oui peut-être, il nous faut courir comme les disciples, avec quelque angoisse ; mais le Seigneur ressuscité, lui, vient à notre rencontre, et cette rencontre pascale nous dit que toujours « il nous a aimé le premier », que toujours il nous aimera le premier, aussi loin de lui nous en irions-nous.
Mais où rencontrer, aujourd’hui, le Seigneur ressuscité ? Depuis l’Ascension, le temps de ses apparitions est passé ; nous ne le rencontrerons pas comme Marie au jardin ou comme les disciples sur la route ou à la maison. Ou plutôt, si, nous pouvons le rencontrer en chacun des ces lieux, et même en chacun de nos lieux, mais différemment. La grâce pascale s’épanouit pour nous, non pas quand le Seigneur se « rend présent » comme s’il était absent, mais quand notre foi discerne qu’il était et qu’il est déjà là, vivant au plus secret de nous-même, vivant au plus vrai de nos rencontres. En tous ces lieux où nos existences se tissent dans la charité nous rencontrons le Seigneur ressuscité, et nous en sommes pour les autres la présence vivante. Cette grâce du Christ vivant en nous, cette grâce de nous donner les uns aux autres le Christ, est le don de l’Esprit. Le mystère pascal ne s’épanouit qu’à la Pentecôte.
« Christ est ressuscité ! il est vraiment ressuscité ! », c’est pourquoi dès aujourd’hui nous devons oser prier : « Viens Esprit créateur ! », viens ouvrir notre regard, viens nous tirer de nos tombeaux et nous ouvrir à la rencontre du Christ à jamais vivant, du Christ notre vie !

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