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HOMELIE

19 septembre
année 2020-2021

25e dimanche Temps Ordinaire (B) (19/09/2021)
(Sg 2, 12.17-20 – Ps 53 – Jc 3, 16-4, 3 – Mc 9, 30-37)
Homélie du F.Jean-Louis

Frères et sœurs, Peut-être qu’à l’écoute de la première lecture de cette eucharistie, tirée du livre de la Sagesse, un des livres les plus récents de l’Ancien Testament, vous vous serez posé la question : « Tiens, est-ce du Christ qu’il parle ? » tant la proximité avec la Passion du Christ est grande alors que ce texte a été écrit peut-être seulement une soixantaine d’années avant le Christ.
On a l’impression de suivre la Passion du Christ de façon presque chronologique.
Attirons le juste dans un piège car il nous contrarie n’est-il pas proche des conciliabules des opposants au Christ furieux d’avoir été contestés publiquement ?
Il nous reproche de désobéir à la loi de Dieu, et nous accuse d’infidélité à notre éducation ne rejoint-il pas les reproches du Christ à certain de ses coreligionnaires ?
Si le juste est fils de Dieu, Dieu l’assistera et l’arrachera aux mains de ses adversaires ne croirait-on pas entendre les ennemis du Christ au pied de la croix ?
Et de même : Soumettons-le à des outrages et des tourments ; nous saurons ce que vaut sa douceur, nous éprouverons sa patience.
Et enfin Condamnons-le à une mort infâme, puisque, dit-il, quelqu’un interviendra pour lui.
Dans l’évangile, l’annonce de sa Passion par le Christ est on ne peut plus sobre : « Le Fils de l’homme est livré aux mains des hommes ; ils le tueront. »
La suite de l’évangile nous dit que les disciples n’ont rien compris à ces paroles du Christ et, de fait, ils n’ont absolument rien compris à rien puisqu’alors que le Christ annonce à quel point il sera abaissé, les disciples, eux, discutent pour savoir qui sera le plus grand. Frères et sœurs ces deux textes ne pourraient-ils pas nous éclairer sur cette question qui peut nous travailler, parfois fortement : qui est le Dieu de Jésus Christ qui est le Dieu proclamé par les chrétiens ?
Dans ces deux textes, il me semble qu’on y trouve à la fois la vision très humaine, spontanée de l’homme sur Dieu et à la fois la réponse de Dieu qui dit qui il est. Et il faut reconnaître que le fossé entre les deux visions est de taille !
Dans la première lecture, ceux qui veulent attirer le juste dans un piège prétendent s’appuyer sur Dieu en le mettant à l’épreuve. Si le juste est vraiment juste, s’il est assisté de Dieu, Dieu l’arrachera à la main de ses adversaires et, de fait, il y a des textes bibliques pour appuyer cette vision. Mais il y a d’autres textes qui parlent aussi de la souffrance du juste, du juste persécuté, du Serviteur souffrant. Par exemple le prophète Isaïe. D’une manière générale, la Bible se méfie d’une vision d’un Dieu magicien venant combler toutes nos insuffisances, nos limites. D’un Dieu que nous mettrions au service de nous-mêmes pour une vie sans souci.
Quant à l’évangile, si le Christ fait une nouvelle annonce de sa Passion, le texte nous dit bien à quel point les disciples sont à distance du Christ comme Pierre, dans l’évangile de dimanche dernier qui reprochait au Christ d’avoir annoncé sa souffrance et sa mort. Ce n’était pas pensable pour Pierre que le Messie meure ainsi.
Les évangiles, et en particulier celui de saint Marc, n’ont rien d’un texte de propagande ecclésiastique. Les disciples du Christ n’y sont pas vraiment représentés comme des héros. Alors que le Christ parle de sa souffrance, les disciples discutent pour savoir qui est le plus grand. Derrière cette discussion se cache peut-être aussi une vision de Dieu, de sa grandeur, de sa puissance. Se trouver dans le groupe des Douze, c’est peut-être profiter de la puissance de Dieu telle que l’homme se l’imagine trop facilement : Celui qui peut tout et qui fera partager sa puissance à ses proches. Souvenez-vous Jacques et Jean : « Nous aimerions siéger l’un à ta droite et l’autre à ta gauche » et le refus du Christ d’attribuer ces places à qui que ce soit. C’est au Père de les attribuer.
Le Christ rappelle alors aux Douze la grandeur selon Dieu : « le premier, qu’il soit le dernier et le serviteur de tous. » Et c’est ce que lui, le Christ, le Verbe de Dieu, le Fils du Père, a vécu jusqu’à l’extrême.
Frères et sœurs, nous risquons toujours de rêver d’un Dieu qui viendrait magiquement nous aider pour nous éviter tout combat, tout souci voire toute défaite. Nous risquons d’affubler Dieu d’une toute-puissance qui n’est pas celle du Dieu de Jésus Christ mais de celle d’idole païenne qu’on mettrait à notre service et si ça ne marche pas, on change de dieu.
Face aux défis que rencontre l’Eglise aujourd’hui, nous pouvons en arriver à douter de Dieu si notre foi se limite à voir se réaliser ce que nous souhaitons, même si ça peut paraître très bon.
Certes Dieu sauve, il nous a sauvés en Jésus-Christ, mais ce Salut doit s’actualiser dans une vie où nous avons à faire l’expérience de la nécessité dans laquelle nous sommes d’être aidés et sauvés par Dieu. Il ne s’agit pas de rêver d’être inaccessibles à tout mal à toute peine, mais il s’agit de faire confiance à un Dieu qui n’a pas hésité à traverser la faiblesse et la souffrance humaine sans demander l’aide de 12 légions d’anges pour le libérer. Il s’agit de se faire disciple d’un Dieu qui a accepté les outrages, les tourments sans réclamer vengeance à son Père. C’est ce Christ que le Père a ressuscité.
Tout un programme. Peut-être celui de l’enfance spirituelle. AMEN

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