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HOMELIE

20 juin
année 2020-2021

Année B - Dimanche 20 juin 2021 –12e dimanche ordinaire
Job 38, 1.8-11; Psaume 106; 2 Co 5, 14-17; Marc 4, 35-41
Homélie du F.Damase

Rembrandt avait 27 ans quand il a peint en 1633, son unique marine. Elle représente cette scène du Christ dans la tempête. On y voit Jésus et ses disciples, dans un bateau dressé sur une mer en furie, debout comme un cheval qui se cabre.

Pas de meilleure façon d’entrer dans ce récit que de nous demander ce que nous aurions fait, embarqués ce soir-là avec eux, perdus au milieu de l’abîme. Réveille-toi, Seigneur, Pourquoi dors-tu ?

Qui de nous, Frères et Sœurs, à l’heure de l’épreuve, n’a pas crié vers Dieu sa détresse, sa révolte ? Qui n’a pas connu aussi cette étrange paix qui vient après l’épreuve, et parfois plus étrangement, qui vient pendant l’épreuve et la résout mystérieusement ? Le vent tomba et il se fit un grand calme.

Ce grand calme, cette nuit-là, c’est Jésus dans la barque, qui se réveille, se lève, menace le vent, dompte la mer et à l’heure des ténèbres, franchit l’abîme et passe de l’autre côté de la mer. De quel sommeil Jésus dort-il ? Pour quel passage ?

Il est clair que ce récit préfigure la passion du Christ, quand Jésus s’endormira dans la mort, et se réveillera au matin de Pâques, Homme debout, vainqueur de l’abîme. Comment quelqu’un qui dort, comment quelqu’un qui meurt peut-il nous sauver ?

Même énigme pour les disciples et pour nous. C’est bien notre foi au Christ mort et ressuscité, que ce récit interroge. Notre foi, frères et sœurs, court toujours le risque de rêver d’un Dieu qui écarterait devant nous les obstacles, nous épargnerait l’épreuve. Ce n’est pas le choix de Dieu. Jésus n’a pas évité le combat, allant même au-devant de sa propre mort, comme ce soir-là, il va au-devant de la mer à l’heure la plus difficile.

Non, Jésus n’a pas contourné l’obstacle, la mort il l’a traversée comme il a traversé la mer. Et nous, ce n’est pas en abandonnant Jésus, en quittant la barque que nous pourrons être sauvés mais en liant notre destin au sien, en demeurant avec Jésus dans la barque. Le pire danger ce n’est pas la tempête, c’est de ne pas être avec Jésus dans la tempête, ce n’est pas l’épreuve, c’est de ne pas être avec Jésus dans l’épreuve.

Quand Marc rédige son évangile, dans les années 60-70, l’église de Rome est persécutée et on peut penser qu’il veut par ce récit l’encourager dans l’épreuve, l’appeler à mettre sa confiance dans son Seigneur ressuscité. La barque de l’église aujourd’hui semble tout autant menacée et nous chrétiens, nous nous sentons souvent cruellement faibles.

Réentendons la question du Christ : Pourquoi avez-vous peur ? N’avez-vous pas encore la foi ? Non pas Pourquoi n’avez-vous pas la foi ? Mais pourquoi n’avez-vous pas encore la foi ? PAS ENCORE. Magnifique expression qui nous donne notre chance, qui nous donne de la marge, qui laisse place pour nous A TOUS LES POSSIBLES ET LIBERE NOTRE DESIR d’embarquer avec Jésus, de passer avec lui sur l’autre rive, vers notre port d’attache, puisqu’Il le veut et puisqu’Il est avec nous. Sur son ordre, passons avec Lui, trépassons avec Lui, le Christ, notre Pâque. Sans rien craindre. Puisque sa Présence, seule, dans les intempéries de nos vies et celles de l’histoire, puisque sa présence est le lest, la sécurité, ici-bas, de notre traversée.

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