Textes spirituels

Règle de saint Benoît

Commentaires sur
la Règle


Homélies

Méditations

Références bibliographiques



Formations, stages


HOMELIE

02 mai
année 2020-2021

Année B -5° dimanche de Pâques - 2 mai 2021
Ac 9, 26-31 ; 1Jn 3, 18-24 ; Jn 15, 1-8
Homélie du F.Bernard

Si vous possédez un missel, datant déjà de quelques années, vous constaterez que l’Évangile que nous venons d’entendre, commençait par ces mots : A l’heure où Jésus passait de ce monde à son Père. Et il en était ainsi pratiquement de tous les Évangiles que nous entendrons, le dimanche ou en semaine, jusqu’à l’Ascension et la Pentecôte, tous pratiquement pris dans le discours de Jésus après la Cène en Jn 13-17. Comme si, à mesure qu’approche la fin du temps pascal, la liturgie tenait à se référer le plus étroitement possible à l’heure de la Pâque de Jésus.
Cette heure, nous l’avons célébrée au cours de la Semaine Sainte, non pas comme une heure transitoire, semblable à ces heures qu’indiquent nos montres et nos horloges, mais comme une heure permanente, ayant valeur d’éternité, l’heure du plus grand amour, l’heure des gestes ultimes et des paroles décisives, l’heure où le Maître et Seigneur s’est fait le Serviteur de ses frères, les lavant du bain de la régénération, l’heure où il s’est fait pain partagé pour la vie éternelle, et vin distribué pour le Royaume.
Chaque fois que nous célébrons l’eucharistie, non seulement nous faisons mémoire de l’heure où Jésus est passé de ce monde à son Père, mais nous la rendons présente, car aujourd’hui Jésus continue de passer de ce monde à son Père, en son Corps, dans l’humanité en chemin vers le Père.
Ainsi tout le discours de Jésus après la Cène doit-il toujours s’entendre dans ce contexte du passage de Jésus à son Père. Celui qui s’est fait pain rompu et vin distribué est celui-là même qui ajoute aujourd’hui : Je suis la vraie vigne, non pas le champ de la vigne, le vignoble, mais le cep, le plant de la vigne, à partir duquel la vigne peut se développer : les mots en grec sont différents.
Dimanche dernier, Jésus avait déclaré : Je suis le Bon Pasteur. L’image se comprenait aisément à l’adresse d’un peuple qui n’oubliait pas ses origines pastorales. Il s’agissait d‘écouter la voix du Pasteur, la voix du Maître intérieur, qui nous parle à l’intime de nous-mêmes, de le reconnaître lui comme le Seigneur, à l’instar de Marie-Madeleine, au matin de Pâques, dans le jardin, quand il l’avait appelée par son nom.
Aujourd’hui Jésus déclare : Je suis la vraie vigne. L’image est aussi parlante pour un peuple sédentarisé en région méditerranéenne, dont la félicité pour chacun de ses membres est d’être assis dans sa vigne, sous son figuier, et pour qui, selon le psaume, la mère de famille avec ses enfants est comparée à une vigne féconde (Ps 127,3).
Je suis la vraie vigne, et mon père est le vigneron. Le Père du ciel a donc lui aussi sa vigne. Bien sûr ! Sa vigne, c’est son peuple Israël, le peuple choisi, avec qui il a fait alliance pour toujours. Mais cette vigne n’a pas donné les fruits qu’il en attendait. Alors il a envoyé son Fils pour la régénérer.
Je suis la vraie vigne, et vous êtes les sarments. L’image est très claire. Le sarment, s’il n’est pas relié au cep, s’il ne reçoit pas la sève pour le nourrir, ce n’est plus que du bois mort, tout juste bon à alimenter le feu. Si au contraire il est relié au cep, s’il en reçoit la sève, il peut porter du fruit. Nous de même, si nous sommes reliés vitalement au Christ et demeurons en lui.
Sans moi, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire. Il se peut que cette phrase dans sa radicalité nous gêne parfois. Nous ne pouvons rien faire par nous-mêmes, rien de bon ? Si certainement, mais rien dans l’ordre de la grâce, dans l’ordre de la relation au Père, de la vie trinitaire : Nul ne va au Père que par moi, nous dit Jésus, et encore : Je suis le chemin vers le Père.
Le sarment ne peut pas porter du fruit, s’il ne demeure dans la vigne. Mais quel est ce fruit ? l’évangile d’aujourd’hui ne le dit pas explicitement. Il faut se référer aux versets qui le suivent immédiatement : Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés. Demeurez dans mon amour. Comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres (Jn 15, 9 et 12). Le fruit de la vigne, c’est l’amour de charité échangé entre les Personnes divines, communiqué à nous les hommes pour que nous le partagions entre nous.
Nous entendions, à l’instant, en deuxième lecture, la première lettre de saint Jean. Elle ne disait pas autre chose. Elle nous exhortait à avoir foi en Jésus-Christ et à nous aimer les uns les autres.
La sève nourricière qui alimente le sarment et le relie au cep de vigne, nous la recevons dans l’eucharistie. Le sacrement nous est donné pour que nous apprenions à mettre en œuvre l’amour reçu de Dieu non pas avec des paroles et des discours, mais par des actes et en vérité.

Retour à la sélection...