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HOMELIE

16 décembre
année 2018-2019

Année C - 3e DIMANCHE DE L’AVENT – 16 décembre 2018
So 3 14-18; Phip 4 4-7; Luc 3 10-18
Homélie du F.Hubert

« Pousse des cris de joie, Réjouis-toi de tout ton cœur, bondis de joie. Le Seigneur ton Dieu est en toi, c’est lui qui apporte le salut. Il aura en toi sa joie et son allégresse, il te renouvellera par son amour. »
Frères et sœurs, le mal, le malheur, la folie meurtrière, et pour nous croyants, le péché, sont à l’œuvre chaque jour dans notre monde, dans l’histoire de l’humanité, dans notre propre histoire.
Décennie noire des années 90 en Algérie, guerre de 14-18 appelée la « grande », attentats terroristes, exploitation de l’homme par l’homme, richesse des uns s’alimentant à la misère des autres, comportements destructeurs de membres de l’Eglise… Comment ne pas pleurer, ne pas crier, ne pas désespérer peut-être ? Et si nous sommes indifférents, insensibles, si nous gardons notre distance face au malheur des proches et des plus lointains, nous aggravons la défiguration de l’humanité.
Or voici qu’aujourd’hui, la liturgie nous dit : « Réjouis-toi de tout ton cœur, bondis de joie. » Est-ce audible ? Est-ce sensé ?

Paul écrivait aux Corinthiens : « Nous prêchons un messie crucifié, scandale pour les Juifs, folie pour les païens ».
Oui, le mal et le péché sont à l’œuvre dans le monde et dans nos vies, mais Dieu est venu dans le monde, il vient dans nos vies, il vient en ce dimanche pour nous arracher au mal. Il est venu en messie crucifié. Lui qui n’a aucune part avec le péché, a pris sur lui le péché et le malheur. Il a connu et porté l’horreur du péché et du malheur. Lui, le Juste, a pris sur lui l’injustice. Il a pris la place du péché, la place de l’homme détruit par le mal. Messie crucifié. Par sa présence en notre humanité, « il a levé les sentences qui pesaient sur nous, il a écarté nos ennemis. » Sa vie a traversé la mort, sa sainteté a pénétré le péché : la mort et le péché sont réduits par lui à l’impuissance. « Nous n’avons plus à craindre le malheur. »

« Réjouis-toi de tout ton cœur. Le Seigneur ton Dieu est en toi. » Si Dieu est en nous, le mal en nous n’a pas le dernier mot. L’amour est plus fort que la haine, la lumière plus forte que les ténèbres.

C’est pourquoi le temps de l’Avent, dans notre histoire humaine telle qu’elle est, est le temps de la joie, le temps du désir, le temps de l’attente, dans la confiance en une parole, une promesse. Cette promesse n’est pas illusion, encore moins tromperie, elle est déjà pour une part réalisée : en la personne de Jésus, l’homme est saint, en parfaite communion avec Dieu et avec la création entière. En Jésus, l’homme a accédé à la plénitude de la vie et de la joie. Jésus, Dieu-homme, est notre avenir, l’avenir de l’humanité.

Aujourd’hui, nous sommes en chemin, « Ce que nous sommes n’a pas encore été manifesté », et cependant, « dès maintenant nous sommes enfants de Dieu » écrit st Jean ; nous sommes enfants de Dieu parce que « la vie qui était auprès du Père s’est manifestée », « Le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous ». « Il est en nous ». Nous allons fêter Noël, sa venue dans la chair, nous la célébrons aussi chaque jour : Dieu s’est fait chair, la chair est habitée par Dieu, vivifiée par son Esprit.

« Le règne de l’iniquité » prospère dans le monde mais le règne de Dieu est plus fort que le règne de l’iniquité. Dans le Notre Père, après avoir demandé « délivre-nous du mal », nous disons : « car c’est à toi qu’appartiennent le règne, la puissance et la gloire ». Nous professons là notre foi et notre espérance. Le règne n’appartient pas aux puissances mortifères de domination et de mensonge, mais à Dieu Serviteur qui a pris chair pour prendre soin de nous.

Dieu s’est fait chair, il a pris nom et visage : Jésus de Nazareth. Jésus est plus fort que le mal, parce qu’il l’assume et ne le renvoie à personne. « Il a levé les sentences qui pesaient sur nous, il nous renouvelle par son amour. » Il nous fait sortir de nous-mêmes, de l’isolement de nos égoïsmes, pour grandir en communion. Il nous pousse à l’agir concret de nos vies quotidiennes : le partage du vêtement, de la nourriture, le soin des autres, une sobriété heureuse.

Dans les drames de ce monde, ceux qui prennent soin des autres, tels les martyrs d’Algérie qui viennent d’être béatifiés, sont lumière sur nos chemins, ils tracent la route dans le désert. Les propos récents de Mgr Aupetit à propos des gilets jaunes, sont dans la droite ligne des réponses de Jean-Baptiste : « Notre pays souffre d’une incompréhension généralisée.
L’individualisme devient la valeur absolue au détriment du bien commun qui se construit sur l’attention aux autres et en particulier aux plus faibles. Il nous faut reconstruire une société fraternelle. Or, pour être frères, il faut une paternité commune. (…) L’oubli de Dieu nous laisse déboussolés et enfermés dans l’individualisme et le chacun pour soi. » Que le don de nos vies soit la source de notre joie ! - 16 décembre 2018

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