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HOMELIE

04 novembre
année 2017-2018

Année B - 31e dimanche TEMPS ORDINAIRE - (04/11/2018)
(Dt 6, 2-6 – Ps 17 – Hb 7, 23-28 – Mc 12, 28b–34)
Homélie du F.Jean-Louis

Frères et sœurs, dans les lectures que nous offre l’Eglise ce dimanche résonne cet écho entre la première lecture et l’évangile : « Ecoute Israël … tu aimeras ».
Nous l’avons entendu dans la lecture du Deutéronome, le cinquième livre de la Bible qui constitue la Loi juive par excellence. Nous l’avons entendu aussi de la bouche-même du Christ en réponse à la question d’un scribe, spécialiste de la Loi. Remarquons d’ailleurs qu’à la question du scribe sur le premier de tous les commandements, le Christ ne répond pas directement : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu etc… »
Mais le Christ, lui, commence par « Ecoute Israël : le Seigneur notre Dieu est l’unique Seigneur. » Puis vient « tu aimeras ». Ainsi le Christ insiste sur cette écoute qui fait partie du commandement. Les moines bénédictins se retrouvent assez bien dans cette façon de faire, eux dont la Règle commence par « Ecoute, mon fils, les préceptes du Maître. » Et le Christ rappelle que le Seigneur, le Dieu d’Israël, est bien l’unique Seigneur. Et ce n’est qu’ensuite que vient le commandement d’aimer le Seigneur Dieu.
Il me semble que ce commandement de l’écoute est important, pour ne pas dire capital car je pense que nous sommes tous d’accord pour dire qu’il nous faut aimer Dieu mais il devient peut-être plus difficile de préciser comment aimer notre Dieu. La première lecture montre que l’écoute et la mise en pratique ne font qu’un (« tu écouteras, tu veilleras à mettre en pratique »). Mais le Christ associe au passage du Deutéronome un autre passage sous la forme d’un second commandement, passage tiré du livre du Lévitique, le troisième livre de la Bible : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » C’est assez amusant, le scribe demande quel est le premier de tous les commandements, et le Christ lui donne deux commandements. Il me semble que c’est pour lui dire, pour nous dire, que les deux commandements vont ensemble, qu’on ne peut aimer Dieu sans aimer son prochain et qu’on ne peut opposer l’amour de Dieu et celui du prochain. Mais qu’est-ce qu’aimer mon prochain comme moi-même ? Les Juifs du temps Christ et les Juifs pratiquants d’aujourd’hui, connaissent très bien la Bible et lorsqu’ils citent un verset, ils ont en tête son contexte, c’est-à-dire ce qui précède et ce qui suit. Quand on regarde ce qui précède cette phrase du Lévitique, on constate qu’il y a toute une série de prescriptions bien concrètes dans la vie de tous les jours. J’en cite quelques-unes : Laisser au pauvre et à l’émigré une partie des moissons, des vendanges, de la cueillette des fruits.
« Vous ne volerez pas. Vous ne mentirez pas, vous ne tromperez aucun de vos compatriotes. »
« Tu n’exploiteras pas ton prochain,… tu ne retiendras pas jusqu’au lendemain la paye du salarié … »
« Tu jugeras ton compatriote avec justice. Tu ne répandras pas de calomnies contre quelqu’un de ton peuple, tu ne réclameras pas la mort de ton prochain. Tu ne haïras pas ton frère dans ton cœur… Tu ne garderas pas de rancune contre les fils de ton peuple. » Et puis vient tout de suite : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. »
Vous le voyez, aimer son prochain comme soi-même, pour l’auteur du passage que cite le Christ, n’a rien de la relation sentimentale romantique mais elle est très concrète dans l’agir à mettre en œuvre.
Si je relie ce passage avec la parabole du jugement dernier chez saint Matthieu au chapitre 25, c’est tout aussi concret et on peut dire que le Christ y énonce une série de commandements qui explicite la Loi juive : « J’avais faim et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli ; j’étais nu, et vous m’avez habillé ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi. » Nous y retrouvons également la même logique que dans l’évangile d’aujourd’hui : tout ce qui a été fait de bien au prochain, affamé, assoiffé, étranger, pauvre, malade, prisonnier, ceux dont nous pourrions avoir tendance à nous détourner, a été fait au Christ et donc à Dieu. Aimer Dieu et aimer son prochain sont le même commandement pour le Christ. Ecoute Israël, écoutons ce que le Christ, reprenant les passages fondamentaux de la Loi juive, nous dit.
Le passage de l’épître aux Hébreux que nous avons entendu tout à l’heure nous rappelle l’action du Christ grand prêtre, Christ qui intercède pour nous et qui nous sauve.
Ce Christ, dans l’évangile d’aujourd’hui, nous a donné les moyens concrets d’aimer notre prochain. Prochain que nous ne considérons d’ailleurs pas nécessairement comme très proche. Mais c’est là que se joue notre vocation de chrétiens, de disciples du Christ, là où nous sommes. Sans chercher à faire des choses extraordinaires mais en étant ouvert à ce que la vie nous offre, écoutons et mettons en pratique. C’est entrer dans la dynamique du Salut voulu pour nous par le Christ, par Dieu.
Je terminerai par deux phrases de Madeleine Delbrêl dont la cause de béatification est en cours et que nous avons entendues hier soir :
« C’est dans la prière, et dans la prière seulement, que le Christ se révélera à nous dans « chacun », par une foi sans cesse plus aiguë et plus clairvoyante. » et
« Ce n’est pas notre amour que nous avons à donner : c’est l’amour de Dieu. »
Demandons à l’Esprit Saint de nous garder ouverts et attentifs aux appels du Christ. - AMEN - 4 novembre 2018

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