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HOMELIE

16 septembre
année 2017-2018

Année B - 24° Dimanche du temps ordinaire - 16 septembre 2018
1ere lecture : Isaïe 50, 5-9a 2eme lecture : Lettre de Jacques 2,14-18 Evangile selon saint Marc 8,27-35
Homélie de F.Matthieu

A la question directe posée par Jésus : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? », Pierre vient d’oser la réponse la plus décisive que l’on pouvait imaginer à l’époque : « Tu es le Christ. » On peut être surpris de la réaction de Jésus ; il ne refuse pas le titre, mais aussitôt il donne une stricte consigne de silence. Il est trop tôt pour dire à tous que Jésus est le Christ, parce que ce titre est trop ambigu. Car Jésus est bien le Christ qu’on attend, mais pas du tout comme on l’attend !
C’est ce qu’il va essayer de faire comprendre à ses disciples… et à nous-mêmes : « Il faut que le Fils de l'homme souffre beaucoup, qu'il soit rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes, qu'il soit tué, et que, trois jours après, il ressuscite. Jésus disait cette parole ouvertement. »
Pour des oreilles juives, ce discours était complètement paradoxal : au moment même où Jésus acceptait le titre de Christ (Fils de l’homme était un synonyme, mais dans le livre de Daniel, au chapitre 7, il insistait encore davantage sur la gloire et la royauté qui lui était promise), Jésus au contraire annonçait, prévoyait l’échec, la souffrance, la mort… et la résurrection ! Un autre chemin !
‘Christ’, ‘Fils de l’homme’, pas question de souffrance dans tout cela ! Quelle idée ! Pierre s’insurge et il dit ce que tout le monde pense… et nous aussi ! On attendait un Messie-roi, chassant une bonne fois du pays l’occupant romain, triomphant, glorieux, et puissant. Alors ce qu’annonce Jésus est inacceptable, le Dieu tout-puissant ne peut pas laisser faire des choses pareilles ! On pourrait presque intituler ce texte : « Le premier reniement de Pierre », premier refus de suivre le Christ dans la souffrance. Jésus affronte ce refus spontané de Pierre comme une véritable tentation, et d’abord pour lui-même, et il le lui dit avec véhémence : « Tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. »
À la différence de Matthieu et Luc, Marc n’a pas raconté le détail des tentations de Jésus au désert, mais nul doute qu’il nous en décrit une ici, une particulièrement grave et qui suscite une réaction très vive de Jésus, preuve qu’il doit livrer ici un véritable combat : « voyant ses disciples, il interpella vivement Pierre : « Passe derrière moi, Satan ! »
Pourquoi Marc note-t-il ici que c’est à cause de la présence des disciples que Jésus a réagi de cette manière ? Sinon parce que la méprise de Pierre est d’autant plus grave qu’il risque d’entraîner les autres dans son erreur ? Le titre de Satan (« l’adversaire ») dit bien quel est l’enjeu : comme le Serviteur d’Isaïe de notre première lecture, Jésus est résolu à « écouter » son Père, à se laisser instruire, et à accomplir jusqu’au bout sa mission selon le dessein de Dieu, quitte à subir les outrages, les crachats, les coups.
« Je ne me suis pas révolté, je ne me suis pas dérobé. J’ai présenté mon dos à ceux qui me frappaient, et mes joues à ceux qui m’arrachaient la barbe. Je n’ai pas protégé mon visage des outrages et des crachats. »
Car le plan de salut de Dieu ne s’accommode pas d’un Christ triomphant. Pour que les hommes « parviennent à la connaissance de la vérité », comme dit saint Paul (1 Tm 2, 4), il faut qu’ils découvrent le Dieu de tendresse et de pardon, de miséricorde et de pitié, et cela ne peut se faire dans des actes de puissance mais seulement dans le don suprême de la vie du Fils : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. » (Jn 15, 13). Et il invite à sa suite tous ses disciples, de tous les temps.
Marc note que Jésus, alors, a appelé la foule et poursuivi son enseignement sur les exigences de l’Evangile : « Appelant la foule avec ses disciples, il leur dit : Si quelqu’un veut marcher derrière moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix, et qu’il me suive. Car celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie pour moi et pour l’Évangile la sauvera. »
Triste programme ?! Mais non !...
"Perdre sa vie" ne signifie pas d’emblée le martyre. "Perdre sa vie", c'est la donner, la perdre pour soi, mais la donner aux autres, au jour le jour… pour la recevoir en retour comme un don … et donc la "sauver" ! - 16 septembre 2018

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