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HOMELIE

05 novembre
année 2016-2017

Année A - 31e dimanche du TO - 5 novembre 2017
Mal 1/14b-2/2b.8-10, 1 The 2/7b-9.13 Mt 23/1-12.
Homélie du F.Cyprien

« Ne vous faites pas donner le nom de Rabbi… Ne vous faites pas non plus appeler maîtres » …Ne donnez à personne le nom de Père…
Les petits enfants (et les grands aussi !) devraient-ils renoncer à dire « Père » ou « Papa » à leur propre père… ?

Vous ne trouvez pas qu’avec un Evangile pareil, on est mal ? … pas trop à l’aise avec ces paroles catégoriques de Jésus … du moins les notables, les notaires, les prêtres, les Révérends Pères, ceux qui se font appelés Docteur, Eminence, … « Eminence » : vous vous rendez compte ! Et je n’ai rien contre les cardinaux de sainte Eglise…
« Sa Sainteté le pape François », cela sonne mal maintenant que nous connaissons François : que je sache, il ne doit pas aimer être appelé Sa Sainteté…
Cela me rappelle le petit enfant bien briefé par sa mère avant la venue de « Monseigneur l’évêque » ; ce dernier venait manger à la maison (tu seras polie, tu répondras quand Monseigneur te posera des questions, etc) : quand l’évêque arrive et sonne à la porte, la gamine, trop heureuse de faire l’accueil, se précipite à la porte, ouvre et crie à sa mère : « Maman, c’est ton seigneur qui est arrivé ! »

…le nom de Rabbi… le nom de Père… ne vous faites pas non plus appeler maîtres »

Il y aurait des passages de la bible que nous avons lus et entendus …et qui ne nous gênent pas ?...
L’essentiel, c’est surtout le début et la fin du passage : « Le plus grand parmi vous sera votre serviteur. Qui s’élèvera sera abaissé, qui s’abaissera sera élevé ».
C’est cela que Jésus veut dire à tous, cela depuis deux mille ans… aux « révérends pères » mais aussi à tous les chrétiens qui se disent ses disciples.

Quand Jésus parlait aux scribes et aux pharisiens, il fustigeait des actes tordus, des comportements hypocrites, des consciences aveuglées : « N’agissez pas d’après leurs actes, car ils disent et ne font pas ».

Ce danger est de toujours… et toujours possible : ne pas conformer nos actes à nos paroles. A priori nous sommes convaincus que les hommes sont tous frères : déjà du temps du prophète Malachie les prêtres étaient accusés : « de ne pas glorifier le Nom de Dieu… ils ne prennent pas à cœur de rappeler que nous avons tous le même Père »…

Nous touchons ici le cœur de la vie et de l’enseignement de Jésus, lui le Fils, lui qui a voulu transmettre son zèle pour la gloire de Dieu, son Père. J’imagine que Jésus enfant, éduqué par sa mère, avait entendu d’elle lui expliquer : son vrai père était le Dieu du Ciel et de la terre ; Joseph était le père qu’ici-bas Dieu lui avait donné. Cela n’était-il pas suffisant pour qu’ensuite Jésus nous dise à nous : « vous n’avez qu’un seul Père, celui qui est aux cieux »… ?

Les apôtres en prêchant l’Evangile annoncent le Règne de Dieu : témoins de la Résurrection, ils disent qu’au centre de leur message il y a Dieu, le Père, au cœur de la bonne Nouvelle il y a la personne du Père qui veut rassembler ses enfants autour du Christ, le Fils bien-aimé…

Dire et ne pas faire, charger les autres de fardeaux que nous ne voudrions pas porter… nous connaissons ! La Parole de Dieu nous emmène là nous ne voudrions pas forcément aller : prendre conscience une fois encore que nous sommes loin d’être les disciples du Christ que nous avions rêvé d’être !

L’Evangile entendu ce dimanche, et tous les autres, est-il proclamé pour nous culpabiliser un peu plus ? Non, vraiment, car c’est Dieu qui nous parle … il est le médecin de nos âmes : il est venu nous sauver de ce qui nous enferme, de ce qui nous laisse collés à notre médiocrité.
La communauté chrétienne reçoit la force de l’Esprit de Dieu : ensemble, pécheurs pardonnés nous venons célébrer la Bonté et la Miséricorde qui viennent du Père.
Il nous faudra toujours un peu d’humour pour accepter que nous avons soif de notoriété : nous ne sommes pas prêts spontanément à vouloir être les derniers, nous faisant les serviteurs (les « larbins ») de nos frères.
Avant de mériter peut-être d’être appelé un jour « Grand Serviteur de l’Etat », un ministre - le premier ou les autres - doit se rappeler que le mot ministre est équivalent à « serviteur »…Dans la société civile les mots, les titres et les habitudes dérapent aussi!
Ne plus vouloir être appelé Père, Révérend Père, Eminence… Nous sommes tous frères par le baptême … Chaque rassemblement chrétien non seulement le rappelle, mais chaque Eucharistie le célèbre, avec le Fils bien-aimé, le frère de tous, notre Seigneur Jésus, présence agissante dans l’Esprit. Remercions Dieu pour sa Parole qui nous bouscule encore aujourd’hui. - 5 novembre 2017
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