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HOMELIE

04 décembre
année 2016-2017

Année A -HOMELIE DU 2ème DIMANCHE DE L’AVENT
Isaïe 11,1-10 ; Rom 15,4-9 ; Matthieu 3,1-12
Homélie du F.Guillaume

Frères et sœurs, Les 4 lectures de la liturgie de la Parole que nous venons d’entendre nous invitent à méditer sur l’attente messianique qui est le thème central du Temps de l’Avent
Les deux premières, Isaïe et le psaume responsorial situent cette attente dans un futur plus ou moins éloigné : l’évangile, lui, avec Jean Baptiste, annonce cette venue comme imminente et il appelle à une conversion urgente. Pour Saint Paul l’attente est en partie réalisée : le Messie est venu, il est déjà là dans la personne du Christ Jésus, mais l’adhésion des juifs et des nations à son message et la réconciliation définitive en lui sont encore à venir : les chrétiens doivent vivre encore dans l’attente des derniers temps.

Revenons aux 2 premiers textes dont la force poétique et théologique ne sauraient nous échapper, si nous sommes attentifs aux paroles et aux images. En les entendant, j’ai été frappé de leur convergence avec la lettre encyclique de notre pape François : « Laudato Si’ », consacrée à une écologie intégrale pour notre temps et sur la sauvegarde de notre maison commune.
Isaïe annonce une ère messianique où la création toute entière sera réconciliée et où les pauvres, les petits seront jugés avec justice. Le Messie, avec droiture, se prononcera en faveur des humbles du pays. La justice sera la ceinture de ses hanches, la fidélité la ceinture de ses reins. Et il poursuit par une grande évocation de cette réconciliation au sein même de la nature, entre tous les animaux : l’agneau, le loup, le léopard, le chevreau, le veau, la vache, l’ours, le cobra, la vipère et j’en oublie. Cette liste est impressionnante : on est en pleine ambiance franciscaine, et ce qui est le plus étonnant, c’est la place des petits dans ce concert d’animaux : leurs petits auront même gîte. C’est un petit garçon qui les conduira. Un nourrisson s’amusera avec un cobra, de même qu’un enfant étendra sa main sur le trou de la vipère. Le principe de petitesse sera mis en avant, selon la pensée de Laudato Si’, dans la ligne de l’évangile où il nous est dit que le Royaume des Cieux appartient à ceux qui ressemblent aux enfants.
Et le psaume 71, que nous avons chanté en responsorial ne fait que reprendre ces thèmes du texte d’Isaïe : « en ces jours-là, fleurira la justice, grande paix jusqu’à la fin des lunes. Le Roi Messie fera droit aux malheureux, il délivrera le pauvre qui appelle. Il aura souci du faible, du petit, dont il sauve la vie. »
Ce message prophétique et messianique d’écologie intégrale est bien actuel. Le Pape François veut nous rendre attentifs à la situation de notre planète-terre. Il alerte la communauté humaine sur les dangers que la domination d’une minorité de riches et de puissants fait peser sur l’avenir de la nature , de sa biodiversité, mais aussi sur l’avenir de notre humanité. Il mentionne dans sa lettre encyclique, à la suite de Saint François, nos frères les oiseaux et les lys des champs, nos sœurs, l’eau, la terre et ses plantes dont il appelle à prendre soin. La détérioration de la qualité de vie humaine et sociale est inséparable et est en corrélation avec la détérioration de la nature et de cette forme de guerre entre les êtres vivants.

D’où la nécessité d’une réconciliation , ce qui suppose une réelle conversion. Et là nous en arrivons à la parole de Jean-Baptiste : « convertissez-vous, car le Royaume des Cieux est tout proche ». Le temps de l’Avent est un temps favorable à un effort de conversion. Le pape évoque la nécessité de changer de paradigme, certains diraient changer de logiciel. Je le cite : « la conscience de la gravité de la crise culturelle et écologique doit se traduire par de nouvelles habitudes, un changement dans les styles de vie, un abandon d’une forme de société de consommation obsessionnelle »
La conversion dont il s’agit doit nous faire revenir à une sobriété heureuse, une vie plus simple, où les biens de la terre seraient partagés entre nous et non pas réservés à une minorité vorace. La spiritualité chrétienne propose une croissance par la sobriété et une capacité de jouir avec peu, avec les choses les plus simples de la vie. Les chrétiens devraient avoir moins de besoins insatisfaits, abrutissants ; ils devraient être moins fatigués et moins tourmentés.

Ce programme, engagé dans une conversion, devrait alors amener les hommes à vivre une réelle « fraternité universelle », comme aimait à le souligner le bienheureux Charles de Foucauld, fêté jeudi dernier et qui se présentait lui-même comme « frère universel » .
C’est bien aussi le sens de la lecture de la lettre de Saint Paul aux romains quand il déclare : »accueillez-vous les uns les autres, comme le Christ vous a accueillis pour la Gloire de Dieu ». Sans discrimination de personne : les juifs, en fidélité aux promesses que Dieu leur avait faites, les nations païennes, en raison de la miséricorde de ce même Dieu à leur égard.

Nourris par ces textes de la Parole de Dieu, et éclairés aussi par la parole de notre Pape, nous avons le devoir de les faire passer dans chacune de nos vies et nous pouvons alors maintenant entrer dans la grande prière eucharistique de l’Eglise, qui nous fait communier au repas du Seigneur, anticipation de la vie dans le Royaume des cieux. AMEN
4 décembre 2016

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