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HOMELIE

15 septembre
année 2023-2024

Année B - 24e dimanche TO – 15 septembre 2024
Is 50, 5-9a ; Jc 2, 14-18, Mc 8, 27-35
Homélie du F. Hubert

Qui est Jésus ? C’est la question de st Marc tout au long de son évangile.
Entre l’affirmation de foi qu’il pose dès son premier verset : « Commencement de l’Evangile de Jésus Christ, Fils de Dieu », et la proclamation au pied de la croix par le centurion païen qui a présidé à la crucifixion : « Vraiment, cet homme était Fils de Dieu », tout son récit nous sollicite sans cesse : Qui est celui-là qui chasse les esprits impurs, pardonne ses péchés au paralytique, commande avec autorité au vent et à la mer ? Qui est celui-là que sa parenté cherche en se disant : « Il a perdu la tête ! » ?
À Césarée de Philippe, c’est Jésus lui-même qui pose la question : « Au dire des gens, et pour vous, qui suis-je ? » Question cruciale qui concerne tout son être, toute sa mission ; moment décisif.
« Tu es le Christ », répond Pierre ; mais aussitôt Jésus « défend vivement aux disciples de parler de lui à personne ». Pourquoi ? Pierre a répondu « avec le qualificatif le plus fort et le plus élevé dont il disposait, mais c'est justement ce qualificatif messianique qui est à l'origine d'idées parfaitement erronées. » dit un commentateur. Oui, Jésus est le Messie, mais pas n’importe quel messie. « Nous annonçons un messie crucifié, scandale pour les juifs, folie pour les païens », dira Paul plus tard. Qui est Jésus ? – Le Christ. Mais on pourrait dire aussi : Qui est le Christ ? c’est Jésus, Jésus de Nazareth, Fils de Dieu fait homme, condamné et crucifié, justifié par Dieu et ressuscité des morts. Il n’y a pas d’autre Messie que celu-là, cet homme qui a vécu cet itinéraire. Cet itinéraire, ni Pierre ni ses compagnons, ne peuvent le soupçonner, l’envisager. Comment envisager un Messie, terminant sa vie, cloué sur une croix ?
Il y a un abîme entre l’attente des disciples, l’attente du peuple élu, nos attentes, et ce que Jésus vient nous révéler. Cet abîme est toujours là. Ne laissons pas l’habitude affadir ce scandale, cette folie. Nous proclamons un Messie crucifié : rien de moins sage, rien de moins confortable. Ce que nous croyons, ce que nous proclamons est une énormité : scandale ou folie.
C’est pourquoi, Jésus ne veut pas que les disciples parlent de lui avant de l’avoir suivi jusqu’à Jérusalem, avoir été confrontés à la passion de leur maître, à leur faiblesse, et avoir reçu l’Esprit pour comprendre ce mystère de mort et de résurrection, ce mystère du don total dans la faiblesse et la défiguration absolues.
À Césarée, Jésus ne reprend pas le titre de Messie, trop ambigu, mais celui de Fils de l’homme. Lui qui est Fils de Dieu, se déclare Fils de l’homme, et il annonce ses souffrances, sa mort, sa résurrection.
Pierre, en faisant de vifs reproches à Jésus, joue le rôle du Satan pour Jésus lui-même dont le combat n’est pas feint. Il est pour lui occasion de chute, l’invitant à accaparer la vie pour lui-même au lieu de la perdre pour que ceux qu’il aime aient la vie, au lieu de la recevoir toujours de son Père comme un don. Aussi, Jésus le repousse vivement comme il a repoussé Satan au désert. Il faut que l’amour aille jusqu’au bout de l’amour.
Frères et sœurs, nous n’avons pas fini de découvrir le mystère du Christ, pas fini d’entrer dans le mystère de notre foi.
Si nous annonçons le Christ selon les critères du monde, nous annonçons un faux messie. Si nous modelons le Christ selon les critères du monde, nous fabriquons un faux messie. Il nous faut sans cesse écouter la Parole de Dieu, regarder Jésus tel que l’Evangile nous le révèle, pour progresser dans notre expérience chrétienne, et mieux témoigner de celui qui est descendu aux enfers pour nous faire asseoir avec lui dans les cieux.
Il a fallu du temps, beaucoup de temps, aux disciples pour comprendre le mystère de Jésus. Il aura fallu le don de l’Esprit pour qu’ils commencent à comprendre et qu’ils puissent témoigner. Que cela nous rassure sur notre propre lenteur à entrer dans le mystère du Christ, mais que cela ne nous endorme pas ! L’Esprit nous est donné, et pas moins qu’aux apôtres ! nous allons le recevoir en communiant au Corps et au Sang du Christ : Laissons-le nous instruire. Laissons-le graver l’Evangile dans nos cœurs, dans nos vies. Jésus est l’unique Messie, le Chemin, la Vérité et la Vie.

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