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HOMELIE

18 août
année 2023-2024

Année B - 20e dimanche ordinaire - (18/08/2024)
(Pr 9, 1-6 ; 2, 23-24 – Ps 33 – Ep 5, 15-20 – Jn 6, 51-58)
Homélie du Frère Jean-Louis

Frères et sœurs, Au cœur du mois d’août, les lectures de ce dimanche nous parlent de sagesse, de repas, de nourriture. Mais comme souvent, les lectures de la messe nous emmènent sur des chemins qui peuvent être inattendus.
Ainsi, dans la première lecture, la Sagesse de Dieu est personnifiée sous les traits d’une maîtresse de maison qui envoie ses servantes pour inviter à son festin. On y retrouve une image que le Christ prendra volontiers pour parler du Royaume des cieux, il s’agira alors d’un maître de maison qui envoie ses serviteurs.
Si nous regardons le texte de près, nous pouvons être légitimement surpris car les personnes que la Sagesse invite à son festin, sont des étourdis, des gens qui manquent de bon sens, des gens sans intelligence. Etonnant, la Sagesse de Dieu invite des personnes qui sont à l’opposé d’elle-même. Et qui plus est, le festin préparé, et qui est symbolique, vise à quitter le chemin de l’étourderie, à prendre le chemin de l’intelligence. Manger le pain, boire le vin pour devenir sages ! Comme assez souvent dans l’Ancien Testament, la relation de Dieu avec son peuple se scelle par un repas. Souvenons-nous du repas pascal. Remarquons donc qu’ici, les personnes appelées sont des gens sans mérite, sans sagesse. Ce ne sont pas des gens de qualité mais des gens finalement pas très recommandables selon nos critères. On retrouvera cela aussi chez saint Paul écrivant à la communauté chrétienne de Corinthe : « Frères, vous qui avez été appelés par Dieu, regardez bien parmi vous, il n’y a pas beaucoup de sages aux yeux des hommes, ni de gens puissants ou de haute naissance. Au contraire, ce qu’il y a de fou dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi pour couvrir de confusion les sages. »
Le psaume entendu nous rappelle que ce sont les pauvres qui sont en fête et non les riches qui ont tout perdu et ont faim. Et il donne comme condition du bonheur de garder sa langue du mal et ses lèvres des paroles perfides, d’éviter le mal et de poursuivre la paix, de la rechercher. N’est-ce pas là la vraie sagesse ? En tout cas, ce psaume nous rappelle la prédilection de Dieu pour les pauvres. Cela parcourt tout l’Ancien et le Nouveau Testament.
Saint Paul, aujourd’hui, nous parle de notre conduite en y recommandant la sagesse. Tirer parti du temps présent, ne pas être insensé mais comprendre la volonté du Seigneur. Ne pas s’enivrer de vin. Paul est très concret et réaliste. Il s’attache surtout à inviter à la prière par des psaumes, des hymnes des chants inspirés. Nous y retrouvons nos offices liturgiques. Il s’agit, en fait de rendre grâce au Seigneur. Voilà la vraie sagesse. Quant au Christ, il nous parle d’un repas qui a une toute autre dimension. : manger la chair du Fils de l’homme et boire son Sang. Le saut est tellement immense que ses contemporains ne peuvent le comprendre. Et était-ce compréhensible avant la mort et la résurrection du Christ ? N’est-ce pas sa passion et sa mort, annoncées dans le dernier repas de la Cène (encore un repas), qui ont donné la clé pour comprendre ces paroles obscures et inacceptables pour un juif contemporain de Jésus ?
Mais la sagesse de Dieu est folie pour les hommes et il faudra le mystère pascal de la mort et de la résurrection du Christ pour faire comprendre que la Cène qui accomplit la Pâque juive nous fait passer de l’image de la libération des Hébreux de l’esclavage d’Egypte à notre libération de la souffrance et de la mort par la résurrection du Christ. Certes, mort et souffrance sont toujours présentes dans nos vies, mais elles n’ont plus cet aspect définitif qui ôte tout espoir. Le mal n’aura pas le dernier mot.
La chair du Christ et son sang sont vraie nourriture et vraie boisson en ce sens qu’elles donnent la vraie vie, c’est-à-dire la vie par le Christ.
Frères et sœurs, les lectures de ce jour peuvent nous dire beaucoup sur Dieu, sur le Christ, si nous les accueillons dans la foi et la confiance, ce qui n’est pas toujours facile, surtout si notre vie connaît des périodes de turbulence.
Dieu n’attend pas que nous soyons sages pour nous inviter à la sagesse. Nous l’avons entendu dans la première lecture, la Sagesse de Dieu invite des gens qui sont tout sauf sages pour les faire cheminer vers la sagesse. Nous le savons si nous connaissons un peu les évangiles : le Christ a la réputation de côtoyer les pécheurs, les femmes de mauvaise vie, les collecteurs d’impôts. Et, du temps de saint Paul, la communauté de Corinthe ne sera pas réputée pour la sagesse et la bonne tenue de ses membres. Là nous est dit quelque chose d’essentiel sur Dieu si nous nous percevons comme fragiles, pécheurs, pas à la hauteur des exigences de l’évangile, tout est possible avec Dieu et sa grâce et bien plus, c’est vers nous qu’il se tourne de façon préférentielle. Mais si nous nous estimons parfaits, vertueux, si nous comptons sur nos propres forces, avons-nous encore besoin de Dieu ?
Saint Paul nous signale cependant qu’être invités par Dieu, par le Christ, cela ne signifie pas ne rien avoir à faire, car il nous rappelle fermement la nécessité de comprendre quelle est la volonté du Seigneur. Cela implique de prendre le temps d’un retour sur soi, de descendre en nous-mêmes pour y rencontrer le Christ. A nous de nous libérer dans un emploi du temps parfois si rempli.
Moyennant cela, dans la foi, sachons nous rappeler que la chair du Christ, reçue dans l’eucharistie est vraie nourriture pour avoir la vraie vie, sans oublier que, dans la tradition chrétienne, et notamment dans la tradition monastique, méditer, ruminer la Parole de Dieu est aussi une nourriture pour notre vie spirituelle qui a toute son importance. Laissons-nous une place suffisante dans nos vies à cette nourriture de la Parole de Dieu ? Lui consacrons-nous du temps ? L’eucharistie est le lieu qui unit la Parole et le Pain eucharistique comme nourriture pour notre vie avec le Christ. Sachons rendre grâce pour ce don qui nous est fait, et en faire profiter les autres …
AMEN

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