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HOMELIE
25 juilletannée 2023-2024
DEDICACE DE NOTRE EGLISE ; 25 juillet 2024
1 R 8, 23-22, 27-30 ; 1 P 2, 4-9 ; Mt 16, 13-19
Homélie du Père Abbé
Depuis que cette église a été consacrée en 1871, elle a bien changé dans son aménagement intérieur. Les croix de consécration qui sont sur les piliers et que des couronnes de feuillage honorent aujourd’hui en témoignent. Celles qui sont dans la nef sont anormalement basses. Elles signalent ainsi que le plancher a été relevé d’un mètre environ ; et disposé avec des petites marches pour faciliter la vue. A la différence de la disposition ancienne où le chœur des moines était surélevé, la disposition actuelle a permis aux fidèles d’être sur le même niveau afin d’être mieux associés à l’action liturgique. Ainsi a été mieux signifiée combien notre assemblée de prière est une et appelée à le devenir toujours plus. Entre l’église de 1871 et la nôtre, les aménagements faits nous rappellent que le bâtiment église est au service de la communauté qui s’y rassemble, à l’écoute de la compréhension qu’elle a d’elle-même. Après la vision très hiérarchique et pyramidale de l’Eglise qui était celle du 19°s, nous avons redécouvert avec le concile Vatican II, la nature de l’Eglise avant tout comme peuple de Dieu, formé de tous les baptisés, qui sont, pour reprendre les mots de l’apôtre Pierre, « une descendance choisie, un sacerdoce royal, une nation sainte ». Souligner ainsi l’évolution de notre église nous fait entrevoir combien le bâtiment église joue son rôle pour contribuer à l’édification progressive de l’assemblée des fidèles qui s’y rassemble.
En effet, comme le suggère l’apôtre Pierre, à chaque fois que nous entrons dans une église pour y prier et pour y célébrer avec d’autres, nous sommes invités à « entrer dans la construction de la demeure spirituelle ». C’est cette oeuvre qu’il importe désormais de réussir : la construction de la demeure spirituelle. Comment comprendre cette expression ? L’apôtre Pierre précise qu’il s’agit de devenir « le sacerdoce saint et de présenter des sacrifices spirituels, agréables à Dieu par Jésus-Christ ». Tous les fidèles sont ici concernés, pas seulement les prêtres. Tous participent à ce sacerdoce saint qui est d’offrir des sacrifices spirituels. Concrètement nous offrons des sacrifices spirituels par toute notre manière intérieure et extérieure d’être sous le regard de Dieu qui est là, et en étant attentifs à nos frères qui sont là. Depuis le premier signe de la croix, lorsque nous nous signons avec l’eau bénite, ou lorsque s’ouvre toute célébration liturgique, jusqu’à la dernière bénédiction qui conclue en général nos prières, nous offrons des sacrifices spirituels. Par nos paroles prononcées, par les élans intérieurs, par nos inclinations, par nos positions debout ou à genoux, par tous ces gestes qui nous associent à l’action qui se déroule qu’elle soit la prière de l’office ou la messe, par notre manière de recevoir la communion, nous exerçons chacun à notre place de fidèles ou de ministres notre vocation sacerdotale. Souvent nous vivons peut-être trop ces rites de manière machinale sans trop y penser. La fête de ce jour est là comme pour nous en refaire prendre conscience. Ce bâtiment église nous convoque à une œuvre spirituelle en chacun de nos gestes et en chacune de nos paroles. Rien d’extraordinaire en tout cela, mais une forme d’engagement à être présent en tout ce que nous faisons et disons. Certes nous savons tous d’expérience que parfois nous sommes bien attentifs et parfois très peu voire pas du tout. Le Seigneur n’attend pas notre parfaite disponibilité pour faire son œuvre. Il nous devance toujours pour nous offrir comme une grâce, sa parole, sa vie et son alliance scellée dans la mort et la résurrection de Jésus. Car une des manières de vivre notre sacerdoce baptismal, et non des moindres, n’est pas tant de faire beaucoup de choses, que d’accueillir ce que l’Eglise nous propose, d’entrer dans ce don de vie que le Seigneur veut nous faire….de nous laisser faire par Lui. Pour reprendre un autre mot de l’apôtre Pierre, il s’agit de nous « approcher du Seigneur Jésus »… Nous approcher, nous rendre proche de Lui qui est au milieu de nous dès lors que deux ou trois sont réunis en son nom…
En cette eucharistie, c’est ce qu’il nous est donné de faire.
Réjouissons d’être associés à si grand mystère. Entrons dans la construction de la demeure spirituelle que le Seigneur ne cesse d’édifier, au cœur de notre communauté monastique, mais aussi toujours inséparablement au cœur de son Eglise que nous formons tous.