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HOMELIE
30 juinannée 2023-2024
Année B - 13e dimanche ordinaire - (30/06/2024)
(Sg 1, 13-15 ; 2, 23-24 – Ps 29 – 2 Co 8, 7.9.13-15 – Mc 5, 21-43)
Homélie du F. Jean-Louis
Frères et sœurs,
Les lectures que nous venons d’entendre sont parcourues par la force impressionnante de la vie. Et il me semble bon de nous ressourcer dans ces textes en une époque où la mort semble triomphante au point peut-être de nous faire douter ou de nous rendre sceptiques.
D’emblée, la première lecture est claire et ferme : « Dieu n’a pas fait la mort, il ne se réjouit pas de voir mourir les êtres vivants ; la puissance de la Mort ne règne pas sur la terre car la justice est immortelle. » Et le texte poursuit en affirmant que « Dieu a créé l’homme pour l’incorruptibilité », pour la vie éternelle et que c’est par jalousie du diable que la mort est entrée dans le monde.
Bien sûr, la mort dont il s’agit peut-être entendue comme la mort physique mais, sans la mort physique, la vie ne serait pas possible, n’en déplaise aux transhumanistes d’aujourd’hui. Le renouvellement des générations est nécessaire à la permanence de la vie et je pense que l’auteur du Livre de la Sagesse en était bien conscient. Ainsi, la mort dont il s’agit ici peut surtout être entendue comme la mort spirituelle causée par le péché introduit dans le monde par le diable, selon le récit du début de la Genèse. Ce péché a introduit une rupture entre les êtres humains, une rupture, une méfiance de l’homme envers Dieu au point de rendre ce dernier responsable de la mort. Ce passage du Livre de la Sagesse nous rappelle que, face à la mort, la justice de Dieu est immortelle et que, pour le croyant, la mort physique n’est pas plongée dans le néant mais passage vers Dieu qui est la Vie. C’est le projet de Dieu : nous conduire à la vraie Vie par-delà la mort, et nous la faire connaître.
Ce projet, le Christ le réalise dans l’évangile de ce jour qui est un hymne à la vie. Cet évangile est bien dans la ligne de la première lecture. Il prend en compte le réel de la maladie et de la mort tout en nous montrant que le Christ est venu libérer l’humanité de ces malédictions. Mais ce qui est déterminant, dans les deux épisodes de cet évangile, c’est la foi. Foi de la femme victime de pertes de sang qui la rendent impure pour les rites religieux (c’est une forme de mort sociale) et foi du chef de synagogue se tournant vers le Christ, espérant pour sa fille quoiqu’il arrive.
La foi de ces deux personnes contraste avec l’attitude des gens qui les environnent : la foule, dont les disciples, évidemment totalement inconscients de ce qui s’est passé entre la femme et Jésus, et les gens de la maison de Jaïre qui ont perdu tout espoir à la mort de la jeune fille. Ainsi, la vie jaillira de la foi, guérison pour la femme, guérison reconnue par le Christ comme œuvre de la foi, et résurrection de la fille de Jaïre lui qui n’a pas craint mais cru, à la demande du Christ : « Ne crains pas, crois seulement. »
La foi, source de vie, la foi qui nous permet de ne pas voir Dieu comme l’auteur des drames qui peuvent nous toucher mais comme celui qui, par son Fils, fait jaillir la vie quand tout semble perdu.
La fin de la vie terrestre de Jésus prendra le même chemin que celui des deux acteurs de l’évangile de ce jour. Le Christ aura à être plongé dans la mort, abandonné de tous, ou presque, pour ressurgir vivant, au jour de Pâques, grâce à sa foi, sa confiance et sa fidélité au Père. La solidarité avec nous de Dieu en Jésus Christ est absolument totale. Ne l’oublions-nous pas parfois ?
« Ne crains pas, crois seulement », cette parole, le Christ ne l’a-t’il pas entendue à son tour lors de son « agonie » -comme nous disons- au jardin des Oliviers, à la veille de sa Passion ?
Cette vie, nous la retrouvons sous une autre forme dans la seconde lecture de ce jour. Paul invite la communauté et les autres Églises qu’il a fondées, à récolter de l’argent pour venir en aide à l’Église de Jérusalem. C’est sans doute très concret, mais ne s’agit-il pas de transmettre également un courant de vie à travers l’Église ? N’est-ce pas au nom de la foi commune que chaque communauté agit pour venir en aide aux autres ? Il s’agit d’un don source de vie.
Dieu veut la vie, évitons de le rendre responsable du mal et de la mort au risque de nous détourner de lui. La mort, réalité biologique incontournable, la seule certitude que nous ayons en notre vie, a été vaincue au matin de Pâques et si, dans sa dimension physique, elle demeure, sa signification en est complètement changée par la résurrection du Christ car elle est désormais passage vers Dieu, même si, bien sûr, et ce n’est pas à négliger, la douleur de la séparation, très vive et très compréhensible, demeure. Mais notre foi nous dit qu’elle n’aura qu’un temps.
Si, dans la foi, nous en sommes convaincus, si nous l’espérons, alors nous pouvons reprendre les versets du psaume chanté tout à l’heure : « Tu as changé mon deuil en une joie, mes habits funèbres en parure de joie. » Il ne s’agit pas de fuite, de déni de la mort, mais d’un saut dans la foi au-delà des apparences. C’est le message de ce dimanche, de tous les dimanches.
Frères et sœurs, Dieu nous appelle à la vie et chacun de nos actes peut être dans le sens de la vie si nous savons nous tourner vers lui et nous mettre à son écoute dans l’Esprit Saint. Sachons laisser de la place au Christ dans notre vie, dans les choix que nous y faisons. C’est la foi qui nous fera vivre en vérité, qui nous fera trouver les moyens concrets pour être à notre tour porteurs de vie à la suite du Christ.
Frères et sœurs, nous le savons, nous vivons et allons vivre ces jours et ces semaines qui viennent, des moments importants pour la vie de ce pays. Des choix nous sont proposés. Sachons poser un choix qui soit porteur de vie, pas que pour nous mais pour le bien commun de notre société. Nous avons là aussi à donner la vie. Au fond de notre cœur, si nous osons y descendre, nous trouverons les ressources pour un choix ouvert et généreux.
AMEN