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HOMELIE

26 mars
année 2022-2023

Année A - 5e dimanche de Carême (A) (26/03/2023)
(Ez 37, 12-14 – Ps 129 – Rm 8, 8-11 – Jn 11, 1-45)
Homélie du F. Jean-louis

Frères et sœurs, Nous voici désormais proches de la Grande Semaine, la Semaine Sainte, et les lectures de ce dimanche nous orientent visiblement vers l’horizon de notre carême, de tout carême : la victoire de la vie sur la mort, la Résurrection.
La première lecture aborde ce thème, mais avant d’en faire une lecture individuelle, voire individualiste, il faut bien voir qu’elle concerne d’abord un peuple, le peuple d’Israël en exil à Babylone au 6e siècle avant le Christ. Israël a perdu sa terre, son temple détruit, son roi emmené en captivité, bref, les trois grands piliers de la religion d’Israël. Plus grave encore, dans la mentalité du temps, être vaincu par un ennemi signifiait que ses dieux étaient les plus forts. Tout est donc en place pour que la foi d’Israël en déportation disparaisse et soit assimilée par les cultes païens. Et c’est alors que retentit la parole du prophète Ezékiel de la part du Seigneur. Non, le peuple ne disparaîtra pas. Son Dieu le sortira du tombeau de son désespoir et le ramènera sur sa terre et ce sera une véritable résurrection pour le peuple de Dieu. La vie l’emportera sur la mort, la disparition. Dieu ramènera son peuple. Il a parlé et il le fera. Et de fait, Israël reviendra sur sa terre grâce à un édit du roi Cyrus, après la victoire totale des Mèdes sur les Babyloniens.
Le psaume 129 fait bien écho à la détresse d’Israël qui crie vers son Dieu avec une espérance invincible. Car près du Seigneur est l’amour et le rachat des fautes. Invitation à nous couler nous-mêmes dans cette espérance.
Saint Paul nous maintient dans cette espérance. Notre corps, même après la résurrection du Christ, reste marqué par la mort. Mais nous avons été rendus justes par l’obéissance du Christ. Et l’Esprit Saint qui a ressuscité Jésus d’entre les morts nous fait vivre et donnera la vie à nos corps mortels par la volonté du Père.
Quant à l’évangile, il nous fait revivre ce long épisode de la résurrection de Lazare. Tout y est : la détresse de la mort et les reproches faits à Jésus de n’avoir pas été là pour éviter le décès de son ami. Les larmes de Marie et des juifs présents qui bouleversent Jésus et l’amènent, lui aussi, à pleurer. L’espérance et la foi de Marthe qui espère encore un miracle. Et cette profonde foi et relation du Christ qui se sait exaucé. Notons en effet qu’il ne dit pas « Père, je te rends grâce parce que tu vas m’exaucer » mais « parce que tu m’as exaucé ». Il se sait déjà exaucé avant d’appeler Lazare. Il ne s’agit pas d’une mise à l’épreuve de Dieu pour voir si Dieu va répondre. Rien à voir avec les tentations du Christ. Il s’agit d’une certitude de l’intervention de Dieu déjà acquise.
Frères et sœurs, nous le sentons bien, les lectures de ce dimanche nous préparent à célébrer Pâques, à rendre présent dans nos cœurs ce miracle immense de la résurrection du Christ, bien plus immense que celle de Lazare qui est mort à nouveau alors que, ressuscité des morts, le Christ ne meurt plus et c’est notre destinée.
Toutefois ces lectures ne constituent pas une légende dorée, elles ne masquent pas la brutalité, le non-sens de la mort. Nous sommes invités cependant, à l’image de Marthe et de Marie, à garder confiance malgré les apparences concrètes. « Maintenant, je sais que Dieu t’exaucera. » « Seigneur, il sent déjà. » Nous sommes également invités à entrer dans la foi sans faille du Christ : « Père, je sais que tu m’exauce. » Même si cette foi n’exclut pas le chagrin de la perte d’un être cher.
Nous nous préparons à célébrer la Résurrection du Christ et pourtant notre monde et l’Eglise, même, peuvent nous sembler actuellement comme morts ou en grand danger de mort, ensevelis sous la violence, les abus et les crises de toutes sortes. Pourtant, dans la foi, dans le Christ, ils sont déjà ressuscités, c’est le « déjà là » du Royaume de Dieu. Mais cela n’apparaît pas clairement, et c’est le moins qu’on puisse dire. C’est le « pas encore » qui provoque notre foi. Les preuves ne sont pas évidentes et ce sont donc les yeux de la foi qui nous permettent d’espérer. Nous pouvons penser à bon droit que notre monde meurt, mais ce n’est peut-être pas la mort du monde mais la mort d’un monde à laquelle nous assistons. Puissions-nous dire avec le Christ « Père, je sais que tu nous exauces » lorsque nous prions pour notre monde et notre Eglise si blessés. Puissions-nous nous rappeler que, pour Israël, mais aussi pour Marthe et Marie, le scandale de la mort n’était pas moins fort que celui du mal de nos jours et pourtant, Dieu nous exauce. Avec la Grâce de Dieu, la vie a jailli de la mort pour Israël, pour Lazare, Marthe et Marie et infiniment plus encore pour le Christ. Que ce passé renforce notre confiance dans un Dieu toujours à l’œuvre, souvent dans la discrétion et le silence. Un jour, sa Vie apparaîtra pleinement. Et notre foi verra l’accomplissement total des promesses divines dans lesquelles nous avons mis notre espérance.
AMEN

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