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HOMELIE

24 décembre
année 2022-2023

Vigiles de NOEL 2022
Is 9, 1-6 ; Tt 2, 11-14 ; Lc 2, 1-14

« Aujourd’hui, dans la ville de David, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur » !
Frères et sœurs, Comment pouvons-nous entendre cette Bonne Nouvelle aujourd’hui ? De quel Sauveur et de quel Salut, avons-nous besoin ? Avec notre monde, nous sommes habités par des questions fortes : les dangers qu’une guerre se généralise, les inquiétudes face au climat, les incertitudes économiques et sociales face à la crise énergétique, et dans notre Eglise, le poids des révélations d’abus qui minent la confiance. Si nos questions sont bien différentes de celle du peuple juif qui accueillait le Christ, il a 2000 ans, elles sont cependant l’expression d’une même attente existentielle, attente de sens, de lumière et de force pour poursuivre le chemin. Quelle parole de salut et d’espérance, cette fête de Noël, vient-elle nous apporter ? Des textes que nous venons d’entendre, je retiens trois mots : lumière, justice et piété qui peuvent nous aider à reconnaitre aujourd’hui Jésus comme notre Sauveur.

Lumière. Dans les ténèbres, dit le prophète Isaïe, une lumière a resplendi. Oui, comme pour le peuple juif autrefois, la naissance de Jésus resplendit comme une belle lumière pour nous aujourd’hui. Lui que nous reconnaissons dans la foi, comme « le Dieu fort, conseiller merveilleux, Prince de la Paix », nous sauve de la tentation de toujours rechercher ce qui brille, et de nous ajuster à ce qui est en vue. La vraie lumière qui guide nos vies est une lumière cachée. Elle ne se découvre qu’à ceux qui acceptent de venir s’asseoir sur la paille avec Jésus, la paille de notre humanité en sa profonde simplicité. Car Jésus dans sa naissance très démunie, pauvre et dépouillée, vient à la rencontre de qui semble indigne à nos yeux, en nous ou chez les autres. Oui, Jésus veut nous sauver de la pensée qu’il ne peut pas rejoindre certaines parts obscures de nos vies. Dans une grande proximité, il est venu illuminer nos ténèbres, nos péchés et toutes nos incohérences. Il le fait avec une lumière douce qui ne juge pas ni n’accable. Cette lumière est source d’espérance, car elle nous assure que ce qui intéresse notre Dieu, ce ne sont pas nos réussites ou nos œuvres d’éclats, mais notre humanité toute simple, jusque dans sa petitesse parfois blessée mais toujours aimable à ses yeux.

Justice. Le Christ est encore notre Sauveur, parce qu’il est venu instaurer la justice en notre monde. Non pas une justice à la manière humaine et très nécessaire, telle qu’elle est promue par les institutions et par les lois. Non, il est notre Sauveur parce que, par sa grâce, il nous rend capable de vivre « dans le temps présent de manière raisonnable, avec justice », comme l’affirme avec force Paul. Jésus nous a rachetés et purifiés de nos péchés, pour faire de nous « un peuple ardent à faire le bien ». Oui, Jésus nous sauve, non pas en nous apportant sur un plateau, un monde juste « clé en main », mais en faisant de nous des acteurs de justice pour construire ce monde meilleur tant espéré. Par sa grâce, si nous y consentons, il nous met en route. Sa naissance apparemment insignifiante pour qui vient inaugurer le Règne de Dieu, nous invite à mettre notre confiance dans la force de sa grâce. Elle est désormais ce ferment inséré dans la pâte humaine et qui ne cesse de la travailler. Face aux machinations des puissances et des injustices que nous voyons à l’œuvre sous nos yeux, dans tant de pays oppresseurs, croyons en la force de la quête humble de la justice et du don de soi. Telles sont les armes du Dieu caché. Pouvons-nous en avoir d’autres ? Là où nous sommes, écoutons l’Esprit de Dieu, laissons-nous guider pour poser des gestes, engager de nouvelles cohérences de vie et renoncer aux convoitises, sources de tant de souffrances.

Piété. Sous ce mot moins usité aujourd’hui, nous pouvons entendre une relation de qualité qui se noue avec notre Dieu. Jésus Sauveur vient restaurer notre relation filiale de confiance avec Dieu notre Père. Aujourd’hui, Lui le vivant au cœur de son Eglise vient nourrir cette relation à travers son Eucharistie et à travers la prière. Guillaume de St Thierry dans une belle prière adressée à Dieu que nous entendions la nuit précédente, disait : « Tu as voulu que nous t’aimions, car en justice nous ne pouvions être sauvés sinon en t’aimant. Et nous ne pouvions t’aimer à moins que cela ne vienne de toi ». Oui, accueillons le salut que Jésus nous offre en nous rendant capable d’aimer Celui est l’Amour. Le Seigneur nous fait partenaire à part entière de son Alliance. Ecoutons son Esprit quand il nous inspire de nous arrêter pour nous tenir dans la prière avec confiance et respect pour faire silence ou pour dialoguer avec notre Père des Cieux. Ecoutons encore l’Esprit lorsqu’il nous suggère de prendre part aux soucis de notre Dieu pour le monde, en priant pour les personnes qui sont dans la souffrance.

Frères et sœurs, ce soir, laissons le Prince de la Paix poursuivre en nous son oeuvre de salut, lui le Vivant Ressuscité dont nous allons faire mémoire en sa mort et en sa résurrection. Il désire habiter un peu plus notre maison commune que sont l’Eglise et nos communautés humaines, ainsi que notre maison plus intime. Et pour reprendre la belle prière de Ste Elisabeth de la Trinité, nous pourrons être pour Lui, une « humanité de surcroit, en laquelle il renouvelle tout son mystère ».

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