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HOMELIE

06 novembre
année 2021-2022

Année C - 32ème DIM DU TEMPS ORDINAIRE - (6 novembre 2022)
2 Macc. 7,1-14 ; 2 Thess. 2,16-3,5 ; Luc 20, 27-38
Homélie du F.Guillaume

Frères et sœurs Les textes de l’Ecriture que nous venons d’entendre, celui de l’A.T. et le passage de l’Evangile de St Luc nous placent clairement devant la question de la résurrection des morts, la résurrection des corps. Ils doivent nous interpeller : y croyons-nous aussi ? C’est une question fondamentale pour quiconque se déclare chrétien, question qui interroge notre présence ici et maintenant dans cette église, à cette messe. L’apôtre Paul dans une lettre aux corinthiens rappelait à ces derniers, car certains avaient des doutes : « S’il n’y a pas de résurrection des morts, Christ non plus n’est pas ressuscité, et si Christ n’est pas ressuscité, notre prédication est vide, et vide aussi votre foi. Votre foi est illusoire, vous êtes encore dans vos péchés »
La question est donc grave : il en va de notre foi, de la sincérité et de la vérité de notre parole de croyant, de baptisé.

En 1ère lecture, nous avons entendu ce récit du martyre d’une famille entière au temps d’une grande persécution contre les juifs qui se voulaient fidèles à la Loi de Dieu, à son Alliance avec son peuple. Le texte peut être daté du 2ème siècle avant notre ère. Il est l’un des tout derniers de l’A.T. et pourtant, il est un des premiers si ce n’est le premier de toute la Bible où s’affirme clairement l’espérance d’une résurrection personnelle des morts.
Au temps de Jésus, tous ne partageaient pas cette croyance. L’un des courants juifs les plus influents, le parti des Sadducéens s’y opposait, de même qu’il niait l’existence des anges, en argumentant que ces réalités n’étaient pas mentionnées dans les 5 premiers livres de la Thorah. Les pharisiens, y croyaient, eux. Ils constituaient un autre parti, dont Jésus était proche, tout comme St Paul qui en avait été membre avant sa conversion.
L’Evangile nous présente ainsi un débat, où les sadducéens cherchent à tendre un piège à Jésus avec un cas d’école caricatural, invraisemblable même, qu’ils appuient sur une fausse interprétation des Ecritures.
En réalité, l’enjeu du débat se trouve dans la distinction que fait Jésus et que ne font pas ses adversaires, entre 2 mondes de nature différentes. Le premier est celui que nous connaissons bien : le terrestre, le visible, tangible et actuel, le second, lui est à venir, c’est le monde de la Résurrection. Entre les deux il y a la mort physique et corporelle, point de passage obligé, et lieu à la fois de rupture et de continuité. Pour les sadducéens, s’il y avait une résurrection, elle serait comme une prolongation ou une restauration de nos existences de ce monde ci ; elle serait marquée par la nécessité du mariage et de la procréation pour perdurer. Pour Jésus en revanche, le passage entre les deux mondes est une vraie rupture avec l’établissement d’une création nouvelle, mais cependant dans une continuité de vie, une vie assurée par Dieu lui-même : le Dieu d’Abraham, d’Isaac, de Jacob qui n’est pas un Dieu des morts, mais des Vivants.
Ainsi, sommes-nous invités à bien distinguer dans la réalité de toute mort, la nôtre inéluctable comme dans celle d’un proche, d’un être particulièrement cher, à bien distinguer ce qui relève de la rupture et ce qui appartient à la continuité de la vie. La difficulté provient que nous avons du mal à nous représenter ce monde de la Résurrection et de la Vie Eternelle, où nous serons semblables aux anges. Alors même que nous y sommes déjà entrés par le baptême et la vie chrétienne dans l’Esprit. Car la vie éternelle, nous dit Jésus dans le IV° évangile, c’est de connaître Dieu et Celui qu’Il a envoyé dans le monde. En cela nous sommes déjà participants de la réalité du monde de la Résurrection, même si c’est d’une façon inachevée.

Saint Paul dans sa lettre aux corinthiens s’avance un peu plus dans la description de cette nouvelle création. Il distingue des corps spirituels des corps charnels. Par ailleurs, les récits des apparitions de Jésus Ressuscité en finales des évangiles nous révèlent des traits du corps glorieux de Jésus, portant les marques de sa Passion et qui se fait reconnaître à travers des relations retrouvées, des marches, des repas, des échanges de paroles. Car la continuité de la vie dans ce monde de la Résurrection sera essentiellement fondée sur nos expériences relationnelles.

Et si nous professons dans le Credo : j’attends la résurrection des morts et la vie du monde à venir ou je crois à la résurrection de la chair, il faudrait tout aussi bien affirmer : je crois à la résurrection des relations, de ces relations heureuses ou douloureuses que j’ai entretenues sur terre, et que je retrouverai, transfigurées dans la lumière de la Gloire de Notre Père du Ciel. Et cela, quelle que soit, après tout, la consistance de ces corps spirituels et glorieux où nous ressusciterons.

Ainsi approchés et interprétés, les textes de la liturgie de ce dimanche sont des appels à l’espérance, à la grande et joyeuse espérance que nous désignerons tout à l’heure avant de communier, nous qui attendons que se réalise cette bienheureuse espérance : l’avènement de Jésus-Christ, Notre Sauveur.

Espérance de la vie éternelle, de la vie dans l’Esprit Saint avec le don de l’amour répandu dans nos cœurs, à jamais. J’aimerais achever cette méditation par une phrase très belle de Saint Augustin qui fut un grand maître dans le domaine des relations humaines et spirituelles, à propos de la perte d’un être cher :
« on ne peut perdre celui qu’on aime, si on l’aime en Celui qu’on ne peut pas perdre »

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