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HOMELIE

17 juillet
année 2021-2022

Année C - 16e DIMANCHE T. O. 17-07-2022
Gen 18 1-10 ; Col 124-28 ; Luc 10 38-42
Homélie du F.Hubert

Depuis le début de son pontificat, le pape François ne cesse de nous inviter à « prendre soin » : prendre soin de tous – des plus fragiles en particulier – mais de tous, et jusqu’à la création tout entière. Prendre soin de nous-mêmes, prendre soin du Christ, en nous et dans les autres. J’avais été étonné de son homélie du 19 mars 2013, lors de son installation comme évêque de Rome : il invitait les chrétiens, et même tous les hommes, à être « gardien » à l’exemple de st Joseph dont c’était la fête : « garder les dons de Dieu »,. « avoir soin de tous, disait-il, de chaque personne, avec amour, spécialement des plus fragiles qui souvent sont dans la périphérie de notre cœur. » Au fil des ans, il n’a cessé d’insister sur ce thème : prendre soin, et j’ai compris combien c’était évangélique, combien c’est ce que Dieu fait pour nous, jusqu’à nous envoyer son Fils pour prendre soin de nous.

Marthe, qui nous est présentée par st Luc ce matin comme un contre-modèle, est bien « sainte Marthe », et il ne faut sûrement pas l’enfermer dans le récit que nous venons d’entendre, mais telle que ce récit nous la présente, elle est la figure de celle qui se replie sur elle-même : elle met, à ce moment-là, et sa sœur et Jésus, à la périphérie de son cœur, de son souci. Elle n’est plus disponible, elle n’écoute plus le désir de l’autre.

De quoi Jésus a-t-il besoin ? De quoi Marie a-t-elle besoin ? Enfermée dans son souci, ses comparaisons, sa jalousie, elle en oublie où est la Source qui la visite. Elle se détourne de la joie d’accueillir Jésus, de l’avoir chez elle. Certes, il faut offrir un repas à Jésus et sans doute à ses disciples, et Jésus ne boude pas les fêtes, mais la fête, c’est d’abord la rencontre. Et Jésus, Parole de Dieu, nous apporte un au-delà absolu de notre vie quotidienne : laisserons-nous passer un tel don ? Marthe, à ce moment de sa vie, ne regarde plus, n’écoute plus. Elle murmure, elle compare, elle se plaint.

Pourrait-on dire aussi que Marie ne se préoccupe pas de Marthe, que peut-être elle est « dans sa bulle », indifférente à ce qui se passe autour d’elle, indifférente au travail de sa sœur ? Mais st Luc nous dit qu’elle était « assise aux pieds du Seigneur et écoutait sa parole » : c’est l’attitude du disciple – qui, du reste, était à l’époque réservée aux hommes – elle était ouverte, accueillante, recevant comme une bénédiction la présence et la parole vivifiante de Jésus.

« L’homme n’a pas besoin seulement de pain mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. » Quand la Parole se fait chair et est là au milieu de nous, qu’y a-t-il de plus nécessaire, de plus fructueux et de plus heureux, que de l’écouter ? Jésus est là aujourd’hui au milieu de nous, et la liturgie, vient de nous rappeler le pape dans une très belle lettre que je vous conseille de lire et de méditer, n’a d’autre but que cette rencontre avec Lui, vivant. « La liturgie nous garantit la possibilité [de la rencontre du Verbe fait chair], écrit-il. Nous avons besoin de pouvoir entendre sa voix, de manger son Corps et de boire son Sang. Nous avons besoin de Lui. Dans l’Eucharistie et dans tous les Sacrements, nous avons la garantie de pouvoir rencontrer le Seigneur Jésus et d’être atteints par la puissance de son Mystère Pascal. Dans la dernière Cène, Dieu va jusqu’à désirer être mangé par nous. » Marthe voulait nourrir Jésus, mais le désir de Jésus est bien plus grand : il veut se donner lui-même à manger. « J’ai désiré d’un grand désir manger cette Pâque avec vous. » C’est lui la Pâque, et nous la recevons aujourd’hui dans cette eucharistie. Ne manquons pas d’entrer dans le mystère pascal, de recevoir le Christ pour devenir Lui.

L’homme a besoin aussi de la parole des autres, de leur présence aimante et attentive. On nous rappelait cette semaine en communauté, qu’un bébé nourri correctement mais sans amour, sans relation, sans parole aimante, est voué à la mort. Marie a besoin de la parole de son Maître et Ami. Jésus lui aussi a besoin d’être accueilli dans la spécificité de ce qu’il apporte, lui, la Parole de Dieu, et si personne ne la reçoit, que lui importe d’être nourri matériellement l

Il nous était dit aussi : les relations, c’est l’espace même de notre existence humaine. Comment vivons-nous nos relations ? Quelle place donnons-nous à l’autre, à ses attentes, à ses désirs, à son chemin d’humanisation ? Lors de l’enterrement de sa mère, une jeune femme témoignait : « Tu te mettais sur « pause » pour accueillir l’autre et lui être ainsi pleinement disponible, car rien n’était alors plus important… Tu nous as appris que l’Amour ne se dose pas, mais se donne, et se donne encore… »
« Il franchit ton seuil comme une promesse l’hôte que tu reçois sans le reconnaître. Ouvre ta maison, c’est lui qui t’invite au festin de l’Esprit ».

Je termine en reprenant une phrase du père abbé lundi dernier lors de la St Benoît : « Tout ce que nous vivons n’a de sens que si nous le vivons en présence du Seigneur et pour lui. » Que ste Marie et ste Marthe nous conduisent à la vraie rencontre du Christ !

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