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HOMELIE

05 juin
année 2021-2022

Année C - PENTECÔTE 05 Juin 2022
Ac 2,1-11; Rm 8, 8-17 ; Jn 14, 15-16. 23-26
Homélie du Père Abbé Luc

Frères et sœurs, Qui est l’Esprit Saint ? Qui est-il pour nous ? La réponse n’est pas facile à donner, moins facile que pour Jésus le Christ, ou Dieu le Père. Les lectures que nous venons d’entendre nous offrent quelques repères, fruits de l’expérience des apôtres, de Paul et de l’enseignement de Jésus. Il est bon de nous mettre à l’écoute de ses témoignages et cette intelligence que les premiers disciples ont eu de l’Esprit Saint, afin de mieux percevoir son œuvre dans nos vies.
Au jour de la Pentecôte, le groupe des apôtres et des femmes a fait une expérience forte de la présence de l’Esprit Saint. Une expérience qui les a dépassés eux-mêmes par sa soudaineté et par sa force. D’une manière inattendue, ces hommes, qui jusqu’alors étaient repliés sur leur peur, se sont retrouvés remplis d’audace, à tel point qu’on a cru qu’ils étaient ivres. Le témoignage qu’ils nous laissent est que, pour eux, l’Esprit Saint a été cette force, autant lumière qu’élan de vie pour annoncer la résurrection de Jésus. Et nous ? Peut-être avons-nous déjà perçu et vécu une expérience semblable, de nous retrouver en situation de faire et de dire des choses dont nous ne serions jamais cru capables ? Ce passage de l’Esprit Saint dans nos vies laisse toujours une trace de joie, de paix, de plus grande assurance pour être là où nous sommes témoins et serviteurs de la Bonne Nouvelle de Jésus Vivant. Dans l’épitre aux Romains, Paul témoigne d’une autre expérience de l’Esprit Saint : celle d’une présence plus discrète qui habite en nous et qui conduit notre vie en toutes ses dimensions. Pour faire contraste, Paul met en parallèle alors deux dynamismes qui peuvent nous animer : celui de la chair qui conduit à la mort, et celui de l’Esprit Saint qui conduit à la vie. La vie selon la chair dont parle ici Paul n’est pas la vie corporelle avec ses besoins légitimes. Mais elle est plutôt cette manière de vivre et de penser totalement centrée sur soi et sur ses désirs insatiables, sans autre horizon que soi. A l’inverse, la vie selon l’Esprit oriente notre vie et tourne notre coeur et notre esprit vers Dieu et vers les autres. « C’est en lui, l’Esprit, que nous crions « abba », c’est-à-dire « Père » dit Paul. En nous apprenant à dire « Père », l’Esprit Saint nous révèle alors notre identité profonde d’enfants de Dieu. Et dire « Père », c’est aussi inséparablement pouvoir dire « frère-sœur » à tout homme et femme rencontrés. Ici l’expérience de Paul, nous invite à être attentif à la secrète présence de l’Esprit en nos cœurs qui peut changer notre manière d’être. Dès lors, quelle place lui donnons-nous ? L’oublions-nous en restant centrés sur nous-mêmes dans le seul souci de soi ou bien sommes-nous dociles à sa voix qui nous incline à nous tourner vers Dieu et vers les autres ?
Dans son enseignement, Jésus nous révèle un autre aspect de la présence de l’Esprit : à nos côtés, il est le Défenseur. « Le Défenseur, l’Esprit Saint, que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout de ce que je vous ai dit »… Le mot Défenseur laisse entendre qu’il peut y avoir des attaquants, des opposants… A quel type d’attaquant ou d’opposant pense Jésus ? Le contexte de la proximité de la Passion dans lequel ses paroles de Jésus sont placées, fait penser à l’hostilité forte que lui-même et les disciples vont devoir affronter. Mais cette hostilité qui conduira Jésus à la mort, et plus tard les disciples à la persécution, peut être aussi comprise comme l’hostilité générale à la parole de Jésus. Hostilité qui fait que la parole de Jésus n’est pas comprise, qu’elle est rejetée parce qu’on ne reconnait pas en elle une parole de vie, une parole qui peut donner la vie. Dans ce cadre plus large, l’Esprit Saint est le Défenseur qui permet aux disciples de Jésus de se souvenir de sa Parole, et de la garder comme une Parole vivante. En effet sans l’Esprit Saint, le risque est grand d’oublier le sens profond de la Parole de Jésus, et de la réduire par exemple à un enseignement moral, à des préceptes vis-à-vis desquels il faudrait être quitte et en règle. L’Esprit Saint est ici notre Défenseur contre cette tentation très réductrice. Il est en nous cette présence au service de la juste compréhension de la Parole de Jésus. L’Esprit Défenseur se fait alors Serviteur de notre relation avec Jésus et avec notre Père, à l’écoute de leur commun désir de faire en nous leur demeure, comme l’assure Jésus, lui-même. Dans cette lumière, pensons-nous assez à demander l’aide de l’Esprit Saint, par exemple lorsque nous prions, lorsque nous lisons la bible ou lorsque nous nous préparons à la messe ?
Oui, comme nous le demanderons dans quelques instants, en cette eucharistie « que l’Esprit Saint nous fasse entrer plus avant dans l’intelligence du sacrifice que nous célébrons, et nous ouvre à la vérité toute entière ».

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