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HOMELIE

14 avril
année 2021-2022

Année C - JEUDI SAINT - 14.04.2022
Ex 12, 1-8.11-14 ; 1 Co 11,23-26 ; Jn 13, 1-15
Homélie du Père Abbé Luc

Frères et sœurs, Que serait une vie sans signe, sans symbole ? Serait-elle encore vraiment humaine ? Oui, notre existence humaine est ponctuée de signes, de symboles qui nous permettent de nous relier les uns aux autres, mais aussi de nous ouvrir à d’autres réalités plus grandes… je pense par exemple, au drapeau ou à l’hymne de chaque pays qui rassemble un peuple et qui véhicule dans le même temps des valeurs autour desquelles les habitants de ce pays se reconnaissent… Les textes que nous venons d’entendre et la liturgie que nous vivons ce soir nous offrent beaucoup de signes par lesquels nous sommes reliés, unis les uns aux autres, et dans lesquels nous nous reconnaissons portés par plus grand que nous et porteurs d’un mystère plus grand que nous, le dessein d’amour de Dieu pour l’humanité.
Dans le livre de l’Exode, le sang mis sur les linteaux des portes est un signe. Et de manière un peu étonnante, il est un signe non pour les hommes mais pour Dieu. En voyant ce signe, Dieu préservera son peuple du fléau destiné aux premiers nés des Égyptiens…Le peuple juif est alors invité à faire mémoire d’âge en âge et jusqu’aujourd’hui, de ce geste sauveur de Dieu, expression de son amour bienveillant. C’est la célébration du repas pascal où, avec les pains sans levain, l’agneau pascal immolé est mangé en famille.
Du dernier repas que Jésus prend avec ses disciples, la tradition apostolique a retenu deux signes forts que Jésus a posés : le signe du pain et du vin offert en partage à ses disciples, et le signe du lavement des pieds. Deux signes, deux gestes forts qui expriment son offrande volontaire et qui ouvrent solennellement l’heure de la passion. Le signe du pain et du vin s’inscrit dans la continuité du repas pascal juif pour mettre en lumière l’alliance nouvelle que Dieu établit avec son peuple en Jésus. C’est lui, le pain azyme, c’est lui l’Agneau pascal qui s’immole pour préserver son peuple de la mort et lui ouvrir le chemin de la vie. Le signe du lavement des pieds révèle la profondeur du don de Jésus en faveur de ses amis. Comme un esclave, lui le Maitre et le Seigneur lave ses disciples. Il les purifie, anticipant son abaissement jusqu’au sang versé qui purifiera à jamais son peuple de ses péchés. Tous peuvent désormais avoir part avec lui dans la Vie.
Signe et mémoire… Ces signes, Jésus ne les accomplit pas seulement en son temps, il invite ses disciples à en faire mémoire. Une mémoire qui est plus qu’un souvenir. On parlera alors volontiers de mémorial. En effet, comme pour le peuple juif célébrant le repas pascal, en mémoire de la sortie d’Egypte , pour nous chrétiens, le signe non seulement rappelle le souvenir de l’évènement passé, mais il manifeste que Dieu ne cesse d’agir aujourd’hui au milieu de son peuple comme il a agi autrefois. Le signe devient mémorial, c’est-à-dire célébration actuelle de l’œuvre de salut que Dieu réalise pour nous maintenant. Comme nous le prierons au début de la prière eucharistique : « chaque fois qu’est célébré ce sacrifice en mémorial, c’est l’œuvre de notre rédemption qui s’accomplit ». Profondément, le signe, qu’on appellera pour cela « sacrement », nous introduit dans l’aujourd’hui du salut. D’une manière unique dans l’année liturgique, la prière eucharistique met cela en lumière en précisant : « la veille du jour où il devait souffrir pour notre salut et celui de tous les hommes, c’est-à-dire aujourd’hui… » Oui le jour où Jésus prit son dernier repas, et ce jour où nous en faisons mémoire ce 14 avril 2022, ne sont qu’un même jour, c’est l’aujourd’hui de Dieu qui ne cesse d’être présent aux hommes pour les introduire dans sa vie.
Signe et mémoire… Quand Jésus dit à ses disciples : « faites cela en mémoire de moi » ou encore « c’est un exemple que je vous ai donné pour que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous », il fait de nous des acteurs de l’aujourd’hui du salut de Dieu. En refaisant les gestes de Jésus, désormais nous sommes tous étroitement associés à l’œuvre de Dieu. Lorsque nous célébrons l’eucharistie, chacun en vertu de notre sacerdoce commun de baptisé, il nous revient d’entrer dans l’offrande de nous même avec Jésus. En apportant le pain et le vin, nous nous offrons nous-mêmes, notre travail, nos activités, nos difficultés, notre péché, pour qu’à travers nous, le Seigneur agisse et renouvelle ce monde. Avec Jésus, nous mourons à notre autonomie suffisante pour devenir des vivants par Lui, en Lui et avec Lui. De même, à travers le signe du lavement des pieds, ce sont chacune de nos actions au service des autres qui deviennent instrument de l’œuvre de miséricorde du Seigneur en faveur de son peuple. L’humble geste du frère qui lave son frère ancien alité, le beau dévouement de la mère de famille qui prépare la cuisine et met la table, l’écoute offerte à celui qui est seul, la patience donnée pour accompagner l’étranger dans ses démarches administratives, la disponibilité pour faire les courses de son voisin… : nos vies quotidiennes sont remplies d’appels et de réponses, au service du frère et de la sœur dans le besoin. Pour eux, nous sommes alors à notre insu des serviteurs, des signes de la miséricorde de Dieu qu’il a lui-même répandu en notre cœur. En ce soir, réjouissons-nous en célébrant l’eucharistie, mémorial des merveilles que Dieu a faites et qu’il continue de faire pour nous en Jésus mort et ressuscité, afin que nous soyons nous-mêmes instruments des merveilles qu’il désire faire pour tous les hommes et les femmes auprès desquels il nous envoie.

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