Textes spirituels

Règle de saint Benoît

Commentaires sur
la Règle


Homélies

Méditations

Références bibliographiques



Formations, stages


HOMELIE

06 février
année 2021-2022

Année C - HOMELIE du 5ème dimanche TO - 06-02-2022
(Isaïe 6,1-8 ; Cor 15,3-11 ; Luc 5,1-11)
Homélie du F.Guillaume

Frères et sœurs La liturgie de ce 5ème dimanche du TO nous offre à entendre 3 textes magnifiques de l’Ecriture. 3 rencontres d’hommes avec Dieu, 3 modalités de Révélation et de vocation : Isaïe, Paul, Pierre. Et ce qu’il y a de remarquable dans ces 3 expériences humano-divines c’est que toutes commencent par la vision de quelqu’un qui se donne à voir ou à entendre, suscitant alors la crainte et le sentiment d’indignité, d’impureté ou de péché, et toutes les 3 se concluant par un envoi en mission. De sorte qu’il était bon pour nous de chanter avec le psalmiste les versets du Ps. 137 « de tout mon cœur, Seigneur, je te rends grâces. Je rends grâce à ton Nom, pour ton Amour et ta Vérité, car tu élèves au-dessus de tout, ton Nom et ta Parole »
Reprenons brièvement chacune de ces rencontres. Pour Isaïe, elle a lieu au Temple de Jérusalem, en l’année de la mort du roi Ozias. Au cours d’une vision en esprit, il est mis en présence du Dieu Saint, 3 fois saint. Dans la tradition juive, Isaïe est considéré comme le prophète de la Sainteté de Dieu. Dire que Dieu est Saint, c’est dire qu’il est le Tout-Autre. Ce n’est pas un qualitatif moral, ni même un simple attribut. La Sainteté atteste la nature même de Dieu, son essence. Dieu est Celui qui nous dépasse infiniment, que nous ne pourrons jamais atteindre par nos seules forces. Devant lui, l’homme ne peut que mesurer sa petitesse et éprouver de la crainte : il découvre le fossé infranchissable qui le sépare de lui et il prend conscience de son impureté. Mais le Dieu de la Bible n’en reste pas là. Il s’adresse à l’homme en lui disant : « ne crains pas ». Il prend l’initiative de s’approcher et il fait un geste en envoyant un ange purifier les lèvres de l’homme pécheur. Isaîe est alors prêt à écouter l’envoi en mission : il sera messager, prophète d’une Bonne Nouvelle à ses frères, à son peuple et plus largement à toutes les nations.
Dans la 2nde lecture, il nous est rappelé que Dieu, en la personne du Christ Ressuscité s’est faut voir à Pierre, puis aux 12 ensuite à plus de 500 frères à la fois, puis à Jacques et aux autres apôtres, et en tout dernier lieu il est apparu à Paul, l’avorton, le persécuteur de l’Eglise. Sur le chemin de Damas Paul a pris conscience de son effroyable péché, il a été touché par la miséricorde de Jésus et de ses disciples qui lui ont pardonné. Enfin libre, à l’égard de la Loi, il est devenu le 1er grand disciple missionnaire, apôtre des nations, lui qui ne se jugeait pas digne d’être appelé apôtre. Ce qu’il était désormais, c’était par la grâce de Dieu qu’il l’était, et la grâce débordant en lui n’a pas été stérile.
Enfin Pierre, dans l’Evangile de cette pèche miraculeuse relatée par Saint Luc. Tout comme Isaïe il fait l’expérience d’une mise en présence soudaine de Dieu lui-même, non pas à travers une vision oculaire, mais par un miracle inexplicable pour le pécheur de poissons professionnel qu’il est. En réalité, il n’a fait que répondre à la parole de Jésus en qui il avait mis sa confiance depuis son 1er appel avec André, son frère. « Avance au large, et jetez les filets ». Ayant obéi, le miracle se produit suscitant l’effroi et la prise de conscience de l’écart qui le séparait de son Maître. « Eloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un homme pécheur ». Prise de conscience à la fois de la Sainteté de Dieu, seul capable d’opérer un tel miracle, et à la fois de son indignité par ce fossé entre lui et Jésus, qui pourrait le pousser au découragement et à la peur paralysante. Mais ici encore, Dieu n’en reste pas là, à cette réaction très humaine. Tout comme Isaïe avait vu le geste de l’ange venant lui toucher les lèvres pour le purifier, ici, Pierre entend la parole de réconfort de Jésus : « sois sans crainte, désormais, ce sont des hommes que tu prendras ».
Tous les deux, ils reçoivent une vocation au service du même projet de Dieu qui est le salut des hommes. Isaïe sera un messager, un prophète, Pierre sera un pécheur d’hommes, un sauveteur Pierre ne répond pas à la parole d’envoi de Jésus. La simplicité de la fin du texte est impressionnante : « alors, ils ramenèrent les barques au rivage, et laissant tout, ils le suivirent ». Encore faut-il s’entendre sur le sens de cette suite du Seigneur. Les disciples ne se contentent pas de suivre leur maître pour seulement l’écouter. Ils seront associés à sa tâche comme collaborateurs, même si l’entreprise sera parfois vouée à l’échec, à vue humaine. Il faudra continuer à lancer les filets. C’est le mystère de la collaboration, de notre collaboration à l’œuvre de Dieu. Nous ne pouvons rien faire sans Dieu, mais Dieu ne veut rien faire sans nous.
Comme le dit si bien Saint Paul : c’est la grâce de Dieu qui fait tout. Ce que nous sommes, c’est par la grâce de Dieu que nous le sommes, et la grâce en nous n’a pas été stérile. La seule collaboration qui nous est demandée, si l’on y réfléchit, c’est la confiance et la disponibilité. Tout a commencé parce que Pierre a fait confiance : « sur ta parole… » Il fait confiance à Jésus, assez pour l’écouter, assez pour se risquer à une nouvelle tentative de pêche. Après le miracle, Pierre ne dit plus « Maître », mais « Seigneur », le nom même de Dieu et c’est aux pieds de son Seigneur qu’il se prosterne. Il est prêt à se risquer pour cette nouvelle forme de pêche que Jésus lui propose : « désormais, ce sont des hommes et non plus des poissons que tu vas pécher »
Frères et sœurs, la parole de Jésus doit résonner encore à nos oreilles : « avancez au large et jetez vos filets ». A notre tour de répondre sans crainte et surtout faisons lui confiance, pour que notre pêche soit aussi miraculeuse. Il suffit de croire en Lui.
AMEN

Retour à la sélection...