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HOMELIE

09 janvier
année 2021-2022

année C - Baptême du Christ - (09/01/2022)
(Is 40, 1-5.9-11 – Ps 103 – Tt 2, 11-14 ; 3, 4-7 – Lc 3, 15-16.21-22)
Homélie du F.Jean-Louis

Frères et sœurs, Avec la fête du Baptême du Seigneur, du Christ, se termine le temps de Noël. Celui-ci couvre finalement la vie de Jésus de Nazareth à partir de sa naissance à Bethléem jusqu’au seuil de sa vie publique, le Baptême au Jourdain.
L’évangile de ce jour, pris dans l’évangile selon saint Luc, évangile qui accompagnera les dimanches du temps ordinaire de cette année, ne nous décrit pas le déroulement du baptême du Christ en tant que tel mais bien l’avant et l’après. L’avant pour signaler l’attente de la venue du Messie qui animait le peuple venu auprès de Jean le Baptiste, que certains pensaient être le Christ. Jean est alors très ferme. Ce n’est pas lui le Messie. « Il vient celui qui est plus fort et qui baptisera dans l’Esprit Saint et le feu. »
L’après baptême, pour montrer Jésus en prière, l’Esprit Saint qui descend sur lui et la voix du Père qui le proclame comme son Fils bien-aimé qui le remplit de joie. Nous est ainsi révélée l’intimité profonde de la relation entre Jésus et son Père. Une intimité d’amour et de joie. Peut-être oublions-nous souvent cette joie qui habite le Père.
Jean le Baptiste nous parle de celui qui vient et qui est plus fort que lui. Cette phrase fait écho à la prophétie d’Isaïe de la première lecture qui est digne du temps de l’Avent. « Voici le Seigneur Dieu ! Il vient avec puissance ; son bras lui soumet tout. »
Mais quelle est cette puissance ? C’est de rassembler et de faire paître son troupeau comme un berger. C’est de rassembler les agneaux, de les porter sur son cœur, de mener les brebis qui allaitent. Est-ce une vision d’un Dieu mièvre, doucereux, pire, romantique ? Nous pensons souvent que l’Ancien Testament est la révélation d’un Dieu juge, vengeur, dont la fureur ravage tout et du coup, un texte comme celui d’aujourd’hui nous prend tellement à contrepied que nous peinons à le prendre au sérieux. Pourtant, ce passage d’Isaïe lu aujourd’hui nous montre que, déjà dans l’Ancien Testament, le Dieu juge n’est pas la révélation ultime de Dieu, ou plutôt que la justice de Dieu ne se fait pas à notre manière mais qu’elle nous rend juste, qu’elle nous console comme l’écrit le texte d’Isaïe. Alors le psaume chanté nous rappelle que ce Dieu de tendresse et de miséricorde est aussi le Dieu créateur. Et créateur d’une profusion inimaginable pour l’esprit humain. Et que cette création est maintenue par la volonté-même de Dieu, par sa sagesse.
Et parmi le créé, il y a l’eau. Le rite d’aspersion du début de la messe nous a rappelé notre baptême. Cette eau créée pour féconder la terre, par laquelle les prophètes ont annoncé la nouvelle Alliance, eau sanctifiée lorsque le Christ a été baptisé au Jourdain, cette eau est le signe de notre Salut selon la seconde lecture tirée de l’épître de saint Paul à Tite.
Le baptême nous a en effet fait renaître et nous a renouvelés dans l’Esprit Saint. Le même Esprit descendu sur le Christ après son baptême au Jourdain.   Frères et sœurs, le jeu des trois lectures de ce dimanche peut nous permettre de saisir, dès le début de la vie publique du Christ, l’ensemble du projet de Dieu pour l’humanité. L’expression de cette tendresse, de cette miséricorde qui n’a rien de romantique mais qui est au contraire grandiose dans son déroulement.
La Parole de Dieu a créé l’univers et tout ce qu’il contient. Cette Parole, selon la volonté du Père, après avoir parlé par les prophètes au peuple d’Israël, s’est fait homme en Jésus, le Christ. Celui-ci s’est donné pour nous, pour nous racheter de toutes nos fautes, c’est-à-dire pour faire en sorte que nos fautes ne nous coupent plus de Dieu, que les conséquences mortelles du mal ne puissent plus nous atteindre de façon définitive. Et, c’est là où le génie spirituel de saint Paul se déploie dans toute sa vigueur : si nous sommes sauvés, ce n’est pas à cause de la justice de nos propres actes, ce n’est pas à cause d’actes que nous aurions posés et qui nous mériteraient le salut, mais c’est par pure gratuité de Dieu, par pure miséricorde.
Ainsi, toute notre perception de la religion, peut-être, sans doute celle que nous avons reçue ou que nous concevons de façon spontanée est inversée.
Il ne s’agit pas de mériter son Salut comme on l’a si souvent dit, mais d’accueillir ce Salut réalisé par le Christ et qui nous est offert gratuitement, sans mérite de notre part. Et c’est ensuite qu’il s’agit alors de renoncer aux convoitises de ce monde qui sont finalement si mièvres, justement, si négligeables par rapport à la grâce de Dieu, au don qui nous est offert de la vie divine. Alors, nous pouvons devenir un peuple ardent à faire le bien, même si, de fait, la perfection ne fait pas encore partie de notre réalité humaine. Ce n’est pas le problème. Le problème c’est de se laisser saisir par l’Esprit, par le Christ et de proclamer à notre monde qu’il n’a pas sa fin en soi mais qu’il est profondément aimé et sauvé. Mais attention, le baptême ce n’est pas qu’une affaire entre Dieu, le Christ, et nous. C’est un peuple qui se fait baptiser par Jean et c’est comme membre de ce peuple que Jésus se fait baptiser. Ainsi, notre baptême est aussi l’entrée dans un peuple, l’Eglise, c’est la solidarité, et plus encore la communion avec les disciples du Christ qui est alors inaugurée. Par notre baptême, nous devenons responsables, co-responsables de l’Eglise, peuple de Dieu. Frères et sœurs, nous le savons bien, notre monde souffre de ne chercher à se construire que par ses propres forces. Pour beaucoup, cela aboutit finalement à la prise de conscience du néant de ces efforts. Nous ne sommes pas à la hauteur de l’idéal que nous nous fixons et cela nous déprime. Il me semble que nous avons un message libérateur à offrir. Plutôt que de s’épuiser à viser un toujours plus, une performance sans cesse supérieure, il s’agit d’accueillir une force, un amour, une grâce qui fera de nous des hommes et des femmes libres. Tout un programme ! C’est un chemin qui nous est ouvert par cette fête du Baptême du Christ, c’est un enseignement que nous entendrons décliner tout au long des dimanches de cette année liturgique.
AMEN

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