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HOMELIE

12 décembre
année 2021-2022

Année C - 3+dimanche de l'Avent - 12 décembre 2021
Homélie du F.Benoit Andreu de Fleury

« Que devons-nous faire ? », c’est la question qui revient trois fois dans l’évangile de ce dimanche : question des foules, des publicains et des soldats qui viennent auprès de Jean chercher remède à leur perplexité — « Que devons-nous faire ? » c’est une question qu’on posera encore à Jésus, la question du jeune-homme riche en particulier, et c’est très surprenant : lui qui, depuis sa jeunesse, a observé tous les commandements, lui dont on pourrait penser qu’il est un expert, qu’il sait parfaitement ce qu’il faut faire ou ne pas faire, lui aussi vient demander, désemparé : « Que dois-je faire pour avoir la vie éternelle ? » — « Que devons-nous faire ? », c’est une question qui revient souvent dans nos vies, aux moments décisifs bien sûr, mais aussi quotidiennement, simplement parce que nous cherchons à faire le bien, parce que nous cherchons à faire la volonté de Dieu, mais sans trop savoir comment.
Certes, devant cette question nous ne sommes pas seuls. L’évangile nous montre les foules se rassembler, et venir demander conseil à Jean Baptiste, et ces foules étaient aussi porteuses de lois, de traditions censées aider au discernement. Oui, nous ne sommes pas seuls, mais le danger serait de croire que la réponse existe, en dehors de nous, toute faite, et pourquoi pas universelle, immuable, éternelle, sainte. Alors on s’enquiert de règles morales rigides, de recettes, ou encore de maîtres censés savoir. « Que devons-nous faire ? » l’angoisse d’avoir à relever personnellement ce défi est certainement à l’origine des légalismes, des cléricalismes qui confient à d’autres, purement et simplement, le soin de répondre à notre place. Or ce n’est jamais ainsi que fonctionne une loi de vie. Écoutons le décalogue : « Honore ton père et ta mère ; tu ne tueras pas ; tu ne commettras pas l’adultère ». Fort bien, mais concrètement : jusqu’où ira le soin de parents âgés ? comment réagir aux débordements de la violence ou du désir ? comment cultiver la paix et la fidélité ? comment aimer en vérité ? La loi ne le dit pas, car cela dépend trop de la singularité des situations, des personnes, de leur faiblesse, de leur génie aussi. La loi parle et la loi se tait, et ce jeu de parole et de silence crée l’espace d’un véritable discernement personnel, le cadre où il pourra se mener avec justesse. Alors le jeune-homme riche avait raison de se demander encore : « Que devons-nous faire ? »
Mais, pour en revenir au thème de ce dimanche, cette triple question d’un évangile bien austère peut-elle vraiment nous donner la joie ? Nous savons bien le désarrois dans lequel elle peut plonger, nous connaissons le découragement de ne pas savoir que faire, ou sinon de ne pas savoir le faire, peinant au double labeur de notre liberté et de notre faiblesse. Allons-nous repartir, tout tristes, comme le jeune-homme riche ? « Qui nous fera voir le bonheur ? » Jean Baptiste nous montre Jésus : « Il vient, celui qui est plus grand que moi. » En quoi Jésus est-il plus grand que Jean ? Parce qu’il donne de meilleurs conseils ? Là n’est peut-être pas l’essentiel. Quand Jésus rencontre le jeune-homme riche, il ne lui donne pas seulement un conseil de pauvreté plus radical que celui de Jean aux publicains, il lui dit encore ce que Jean ne dit à personne dans l’évangile : « Suis-moi ». Il ne s’agit pas simplement de faire ceci ou cela, mais d’être avec Jésus. De même, la dernière parole du Christ ressuscité n’est pas un conseil, c’est une promesse : « Je suis avec vous, tous les jours, jusqu’à la fin des temps ». Or cette proximité, cette présence du Christ, du Dieu vivant, auprès de nous, en nous, est source de paix et de joie. Écoutons encore Sophonie : « Pousse des cris de joie, fille de Sion, car le Seigneur ton Dieu est en toi » ; Écoutons Paul : « Soyez dans la joie, le Seigneur est proche. »

Chers frères et sœurs, au seul jeu des « Que devons-nous faire ? », des « Qu’avons-nous pu faire ? », nous aurons souvent le sentiment que notre existence est un bricolage hasardeux, un édifice fragile, précaire, qui prend l’eau et le vent, et que nous construisons en nous donnant régulièrement des coups de marteau sur les doigts, ou sur les doigts des autres. Il y aurait de quoi être découragé, triste. Mais la joie de l’Avent, c’est de savoir que le Seigneur estime assez cette pauvre demeure de notre cœur et de notre vie pour venir l’habiter, pour en faire une crèche. Il ne vient pas d’abord la rafistoler, en faire un palais ; c’est un enfant : il vient s’y reposer, la remplir de sa présence, telle qu’elle est. Puissions-nous à notre tour nous arrêter un peu, nous reposer en sa présence, y trouver la lumière, la paix et la joie.
La grâce de Jésus, le Christ, notre Seigneur, l’amour de Dieu le Père et la communion de l’Esprit Saint, soit toujours avec vous…

Chers frères et sœurs, au cœur de l’Avent, la liturgie de ce dimanche nous invite à la joie : « Soyez toujours dans la joie du Seigneur ; je le redis : soyez dans la joie » venons-nous de chanter.
Cet appel, évidemment, nous projette vers la joie de Noël, que nous attendons en veillant dans la prière ; mais elle nous rappelle aussi que déjà, dès maintenant, le Seigneur est proche, qu’il est présent : présent en chacun de nous, présent dans notre assemblée réunie en son nom, présent dans sa parole que nous écouterons, présent dans le sacrement de son corps et de son sang qui tissera notre unité. Oui, l’Avent est ce temps où l’Église célèbre « la présence au milieu de nous de celui qui doit venir », c’est un temps de joie.
Alors demandons au Seigneur la grâce d’être nous-mêmes présents à la présence du Seigneur ; préparons-nous à célébrer le mystère de l’eucharistie, en reconnaissant que nous avons péché.

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