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HOMELIE

31 octobre
année 2020-2021

Année B - 31 dimanche du Temps Ordinaire - 31 Octobre 2021
Dt 6 2-6 ; Heb 7 23-28 ; Mc 12 28-34
Homélie par F.Hubert

« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu » Je trouve extraordinaire que Dieu nous demande de l’aimer, que l’Ecriture nous demande d’aimer Dieu, - et pas seulement dans le NT, avec Jésus, mais déjà dans la Torah d’Israël, dans la Loi de la Première Alliance.
Certes, il nous dit : « Tu craindras le Seigneur ton Dieu » - et il faut voir de quelle crainte il s’agit - mais il nous dit aussi : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu ». Aimer Dieu, cela veut dire quoi ?
Comment aimer Dieu ?
Est-ce possible ? Aimer Dieu, que nous ne voyons pas ? qui nous peut nous paraître si loin, absent même ?… Pourtant, il est celui qui vient vers nous, qui nous parle, qui fait alliance, une alliance qui jamais ne se reprend, mais se renouvelle, au fur et à mesure de nos réponses, pourtant si souvent négatives.
La Bible nous révèle que des hommes se sont levés, un peuple s’est levé, malgré ses faiblesses et ses infidélités, pour témoigner que Dieu s’est fait proche, qu’il a parlé, qu’il s’est engagé dans son histoire, qu’il fait alliance, qu’il sauve l’opprimé, le faible, le pécheur, que jamais il ne se lasse de revenir, de créer du nouveau, de l’inespéré, d’ouvrir des chemins, de se donner lui-même. Ses entrailles sont celles d’une mère, et son bras est fort pour libérer et conduire jusqu’en Terre Promise, laquelle n’est autre que lui-même.

Les dieux des nations, les idoles, très présents dans la Bible, je n’ai jamais vu nulle part qu’il soit demandé de les aimer. Ils sont mortifères. Si le Dieu d’Israël, « le Seigneur », demande d’être aimé, c’est qu’il est le Vivant, tellement vivant qu’il donne la vie à d’autres, qu’il aime ceux qui sont sortis de lui, et qu’il désire recevoir d’eux l’amour déposé en eux. Il est tellement vivant qu’il peut traverser la haine et la mort, en continuant d’aimer. Oui, aimer, Dieu sait faire.

Comme toujours, il nous faut regarder Jésus, qui est le visage du Père.
Dieu nous semble absent ? C’est que nous ne savons pas le voir où il est : il est le Très-Bas. Jamais il ne nous surplombe. Il est le Serviteur, toujours plus bas que celui qu’il aime. Après s’être révélé peu à peu dans l’histoire d’Israël, il s’est révélé définitivement en son Fils, devenu notre frère, lavant les pieds de tous ceux qui ont besoin d’être lavés. Si nous le cherchons en-haut, c’est entre terre et ciel que nous le trouverons, cloué, pendu sur deux poutres de bois, prenant sur lui tout le mal du monde. Comme nous le dit la lettre aux Hébreux, il s’est offert lui-même, une fois pour toutes. Il est en lui-même et l’amour de Dieu pour l’homme et l’amour de l’homme pour Dieu.

Alors, comment aimer Dieu ? D’abord d’un immense amour de reconnaissance, pour tout ce que je viens déjà de dire : il nous a désirés, façonnés à son image, appelés, sauvés, il a donné sa vie pour nous en son Fils, il nous appelle à vivre en lui, de lui ; il nous donne son propre Esprit.

Comment aimer Dieu ? En vivant de cet Esprit qui habite en nous et intercède pour nous en gémissements inexprimables. N’oublions pas notre baptême, notre confirmation, et l’eucharistie : c’est Dieu, chaque fois, qui se donne à nous. N’oublions pas que Jésus nous donne l’eucharistie pour nous communiquer son Esprit afin que nous vivions comme il a vécu. Et là, nous retrouvons le deuxième commandement qui est égal au premier. Lui qui a lavé les pieds de ses disciples, il ne cesse de nous dire : « C’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous. » Nous pouvons aimer Dieu en nous laissant saisir et mouvoir par son Esprit, et dans l’élan du cœur, le cœur à cœur, et dans le concret de nos actes. Ces deux voies sont inséparables. L’intimité du cœur et l’amour des frères. Nous entendions hier, de Madeleine Delbrêl : « C'est seulement à travers les autres que nous pouvons rendre amour pour amour à Dieu. » La grande voie pour aimer Dieu, c’est d’aimer nos frères ; Et Madeleine d’ajouter : « Le danger, c'est que le deuxième commandement devienne le premier. La preuve de contrôle, c'est d'aimer chaque homme, … c'est d'aimer Dieu dans chaque homme, sans préférence, sans catégories, sans exception » et « c'est dans la prière, dans la prière seulement, que le Christ se révélera à nous dans « chacun » ». « Celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, dit st Jean, est incapable d’aimer Dieu, qu’il ne voit pas ». « Tout ce que vous aurez fait au plus petit de mes frères, nous dit Jésus, c’est à moi que vous l’aurez fait ».

Ne cessons pas d’apprendre de Jésus comment aimer le Père, notre Père, et comment aimer nos frères et sœurs, tous, sans exclusion aucune. Ecoutons encore Madeleine Delbrêl : « Ce n'est pas notre amour [notre amour humain] que nous avons à donner : c'est l'amour de Dieu. » Le chemin est sans fin, mais nous ne sommes pas seuls : l’Esprit nous est donné, il nous habite.

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