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HOMELIE

17 octobre
année 2020-2021

Année B - 29° dimanche du temps Ordinaire - 17 octobre 2021
Esaïe 53, 10-11 / ps 32; Hébreux 4, 14-16; Marc 10, 35-45
Homélie du F.Basile

Frères & Soeurs, la parole de Jésus qui nous arrive ce matin est abrupte et sans compromis. Cette recherche des premières places, ce désir de faire carrière, fut-ce dans l’Eglise Jésus les refuse net. Les 2 disciples qui ont fait une telle demande, ce sont Jacques et Jean ; c’est bien dans leur tempérament de battants ; on les surnommait « fils du tonnerre », et cette demande rend jaloux les autres, bien sûr. Alors Jésus s’adresse à tous, mais à nous aussi qui avons souvent ce même désir d’être bien placé, cette soif de pouvoir et d’autorité sur les autres.
« Dans le monde,¬ nous dit Jésus, les grands font sentir leur pouvoir : parmi vous il ne doit pas en être ainsi. Celui qui veut devenir grand sera votre serviteur ; celui qui veut être le premier sera l’esclave de tous. »
C’est une parole que nous aurons toujours du mal à entendre et à mettre en pratique : comment exercer l’autorité comme un service et non pas comme un pouvoir sur les autres ? Quand on regarde l’histoire de l’Eglise, on est parfois effrayé par ces contre-témoignages, ces abus d’autorité et de pouvoir, ce cléricalisme que le pape François a dénoncé dans sa Lettre au Peuple de Dieu ; durant ces 20 siècles d’histoire, il y a comme un non-respect de la parole du Christ, car si l’Evangile est clair, l’organisation hiérarchique de l’Eglise, qui s’est mise en place peu à peu, s’en est très souvent écarté. Comme on comprend la réaction de François d’Assise pour revenir à la pauvreté de l’Evangile ! Le Concile Vatican 2, il y a presque 60 ans, a initié une vraie révolution dans l’Eglise, pour que le signe qu’elle donne au monde ne soit plus celui d’une organisation puissante et riche, mais servante et pauvre, au service des hommes ; nous savons comme ce fut difficile de faire passer cette vision dans les faits et dans les structures : le pape François l’a bien compris pour la réforme de la Curie.
Le rapport de la CIASE sur les abus sexuels dans l’Eglise Catholique en France, rendu public le 6 octobre, n’a pas fini d’ébranler notre foi, notre confiance dans l’Eglise et dans les prêtres, serviteurs de l’Eglise ; justement certains n’ont plus été serviteurs, parce qu’ils ont abusé de leur pouvoir sur les petits, sur les personnes vulnérables.
Il ne s’agit pas de tirer à boulets rouges sur les autres, mais de prendre la mesure de cette conversion difficile qui nous concerne tous. Dans ce domaine, la lumière nous vient de l’Evangile, du Christ lui-même, le Serviteur par excellence : lui qui nous dit aujourd’hui : « Je ne suis pas venu pour être servi, mais pour servir et donner ma vie en rançon pour la multitude. » Le Fils de l’homme, c’est lui, mais une figure bien différente de celle évoquée par le prophète Daniel ; Jésus se reconnaît plutôt dans le Serviteur souffrant d’Esaïe, la 1° lecture de ce dimanche : il est tout le contraire d’un Messie triomphant, d’un Roi libérateur dont Jacques et Jean auraient bien voulu être les 1° ministres.
Premier ministre : voyez comme ce mot est ambigu : nous pensons spontanément à nos ministres d’état avec leur voiture, leur escorte officielle, alors que ce mot ministre qui vient du latin veut dire « serviteur ». Cela vaut aussi pour les ministres du culte. « Celui qui veut devenir grand sera votre serviteur ; celui qui veut être le premier sera l’esclave de tous. »
Il y a dans le 4° évangile un geste très beau et très parlant, quand Jésus au cours du dernier repas avant sa mort, s’agenouille devant chacun de ses disciples, et se met à lui laver les pieds : c’est le geste de l’esclave, c’est le geste par excellence du serviteur ; un geste dont nous avons encore à redécouvrir la portée symbolique : il est fondateur de l’Eglise, de relations nouvelles entre les membres de l’Eglise, où le plus grand devient vraiment le serviteur du plus petit, du plus pauvre.
Rappelez-vous ce que dit Jésus à ses disciples après leur avoir lavé les pieds : « Si moi, le Seigneur et le Maître, je vous ai lavé les pieds, vous aussi, vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. » Et il ajoute : « Si vous savez cela, heureux êtes-vous pourvu que vous le mettiez en pratique. » Voilà donc le chemin du vrai bonheur, il s’appelle « service » : ce n’est pourtant pas un chemin bordé de roses. Mais ils sont nombreux ceux qui pourraient témoigner que cet appel à servir et à donner sa vie, cet appel que Jésus nous fait entendre aujourd’hui, est source d’amour et de joie.
Connaissez-vous le poème du poète indien Rabindranath Tagore ; il tient sur 3 lignes. Ecoutez-le : « Je dormais et je rêvais que la vie n’était que joie. Je m’éveillai et je vis que la vie n’était que service. Je servis et je compris que le service était la joie. »
Il manque sans doute à ce poème la dimension de souffrance qui fait partie de toute vie humaine, la dimension pascale que Jésus ne cache pas à ses disciples : « Ma coupe, vous la boirez » et dans la nuit de Gethsémani, Jésus priera son Père : « Père, s’il est possible, que cette coupe s’éloigne de moi ; cependant, non pas ce que je veux, mais ce que tu veux ! » Et dans la 1° lecture d’Esaïe, il nous était dit : « Par suite de ses souffrances, il verra la lumière, il sera comblé » Alors gardons nos yeux fixés sur Jésus serviteur.
Au Foyer spirituel de Chauveroche, la Croix, sculptée par notre frère Symphorien, nous montre le Christ Serviteur. Croix glorieuse pourtant, mais le Christ Ressuscité porte l’étole en travers comme la portent les diacres dans la liturgie. Il nous est dit par là quelque chose d’étonnant, et c’est une parole de Jésus : dans le Royaume, c’est le Christ lui-même qui nous servira, parce que nous l’aurons servi ici-bas dans les pauvres et dans nos frères.
Au seuil d’une semaine missionnaire, retenons bien ceci : si nous voulons être disciples - missionnaires, soyons vraiment témoins du Dieu serviteur, et laissons Jésus nous apprendre à être serviteurs de nos frères, à nous abaisser devant eux : par ce chemin synodal qui s’ouvre aujourd’hui dans les diocèses, ayons à cœur de retrouver une Eglise de l’écoute et du service.

Accueil F et S, celui qui nous rassemble ce matin, c’est le Christ Seigneur, mais il est aussi celui qui prend pour nous la tenue de serviteur. Il nous offre son amour pour l’annoncer au monde, pour nous mettre à notre tour au service de nos frères.
L’ordination aujourd’hui de 2 diacres permanents à Montréal dans notre diocèse et dans le diocèse de Troyes est un beau signe de l’Eglise, servante des hommes.
Le Pape François, vous le savez, vient d’inviter toute l’Eglise à se mettre en route sur un chemin de synodalité, c’est-à-dire à marcher ensemble, à mieux nous écouter pour marcher d’un même pas.
Après toutes les révélations de ces jours-ci sur les abus sexuels dans l’Eglise, nous sentons combien il est urgent de transformer nos relations dans l’Eglise, et d’abord de nous transformer nous-mêmes pour être comme Jésus serviteurs.
Reconnaissons notre péché et tournons-nous vers notre Dieu pour obtenir miséricorde.
Je confesse à Dieu tout-puissant…

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