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HOMELIE

26 septembre
année 2020-2021

Année B - 26 dimanche du Temps Ordinaire - 26 septembre 2021
Nbr 11 25-29 ; Jacq 5 1-6 ; Mc 9 38-48

Après l’événement de Césarée, où Pierre pour la première fois, au nom des Douze, a confessé Jésus comme le Christ, le Messie Fils de Dieu, annoncé dans les Écritures, le Seigneur s’est consacré principalement à l’instruction de ses disciples. Cheminant avec eux vers Jérusalem, vers la Pâque, à trois reprises il leur a dit que le Fils de l’homme devait souffrir, être mis à mort et le troisième jour ressusciter. Mais ils ne pouvaient pas pleinement comprendre ces paroles avant sa Résurrection. Au gré des circonstances et aussi des personnes rencontrées sur leur route, il a instruit ses disciples de toutes manières, donnant un enseignement qui peut nous paraître certes quelque peu disparate, d’après l’écho que nous en donne l’évangile de saint Marc entendu actuellement.

De l’Évangile qui vient d’être proclamé, je retiens un double message. D’abord cette parole d’une étonnante de largeur de vue : Qui n’est pas contre nous est pour nous. Jean, l’Apôtre, voulait empêcher quelqu’un d’étranger au groupe des disciples d’opérer des exorcismes, de chasser les démons. Jésus réagit immédiatement : Ne l’empêchez pas. De même, au temps de l’Exode, quand Josué s’était opposé à ce que deux anciens d’Israël prophétisent dans le camp des hébreux, sous le prétexte qu’ils n’étaient pas avec les autres anciens dans la Tente de la Rencontre, Moïse l’avait repris et s’était écrié : Ah ! Si le Seigneur pouvait faire de tout le peuple un peuple de prophètes (Nb 11,29). La leçon est claire : l’Église, dont la Tente de la Rencontre était la figure, n’a pas le monopole de l’Esprit. Le vent souffle où il veut. Il en est de même de l’Esprit (Jn 3,8), nous dit Jésus.
Qui n’est pas contre nous est pour nous. Toute parole de vérité, d’où qu’elle vienne, appartient au Christ. Tout acte de bonté, d’où qu’il vienne, peut concourir à l’avènement du Royaume. Tout verre d ‘eau fraiche donné ou reçu ne perdra pas sa récompense. Ce verre d’eau fraiche est de quelque manière signe de la présence du Christ parmi nous. Si nous en avions davantage conscience, cela changerait sans doute bien des choses en nos vies, dans les événements qu’il nous est donné de vivre, dans les relations humaines que nous avons à tisser.
Qui n’est pas contre nous et pour nous. Si autrui n’a pas le cœur fermé, il peut et pourra s’ouvrir au Christ et à son message. Comme ce scribe, appartenant pourtant à un groupe d’adversaires de Jésus, qui au terme du ministère du Seigneur, l’interroge sur le premier commandement. Il s’en suit un dialogue de confiance que Jésus conclut par ces mots : Tu n’es pas loin du Royaume de Dieu (Mc 12, 34).
L’autre enseignement que je retiens ce matin est d’une extrême radicalité : Si ta main t’entraîne au péché, te scandalise, te fait chuter, coupe-là. Si ton pied t’entraîne au péché, coupe-le. Si ton œil t’entraîne au péché, arrache-le (Mc 9, 43-47). Mais la main, le pied, l’œil sont des parties de notre être, créées par Dieu pour accomplir nos tâches en ce monde et entrer en relation. Pourtant Jésus poursuit : Il vaut mieux entrer dans le Royaume manchot, estropié, borgne, que d’être jeté dans la géhenne avec ses deux mains, ses deux pieds, ses deux yeux.
C’est déjà très exactement ce que Jésus avait dit aux foules après Césarée : Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix, et qu’il me suive (Mc 8,34). En détaillant ce même commandement, Jésus ne fait que lui donner plus de forces.
Couper, arracher… Bien sûr, il s’agit de métaphores, mais elles sont significatives et nous invitent à les traduire dans notre vie. Y-a-t-il en nous des réalités, même bonnes en elles-mêmes, qui peuvent nous entraîner au péché, et nous détourner du Christ ? Quelles réalités, A chacun de les repérer. Peut-être des possessions que nous avons ou pourrions acquérir ? Peut-être telle situation avantageuse à laquelle nous pourrions prétendre ? Peut-être telle relation séduisante ?... Chacun de nous doit au moins à certains moments opérer un discernement de cette sorte, pour sa vie dans le Christ. Il doit aussi se faire conseiller pour ne pas retrancher dans la précipitation ce qu’ensuite il regretterait.
La lettre de saint Jacques pour sa part évoque des riches qui se sont enfermés dans leurs richesses uniquement préoccupés à les agrandir et à en jouir, oubliant ceux qui ont oeuvré pour eux, en ne payant pas même leurs salaires. Une situation qui peut toujours être d’actualité et que le pape François dénonce régulièrement.
Nous avons entendu deux paroles du Seigneur, l’une très ouverte concernant notre relation à autrui, l’autre très exigeante pour nous-mêmes. A les garder ensemble, à les mettre en pratique nous pouvons espérer être cette maison qui tient bon, quand la pluie vient, quand le vent souffle, quand les torrents surgissent. Car elle est fondée sur le Roc (cf Mt 17,25). Elle est bâtie sur le Christ.

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