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HOMELIE

12 septembre
année 2020-2021

Année B - 24e dimanche TO – 12 septembre 2021
Is 50, 5-9a ; Jc 2, 14-18, Mc 8, 27-35
Homélie du F.Hubert

« Jésus interrogeait ses disciples » : moment charnière et décisif dans la vie publique de Jésus. Qui est Jésus ? C’est la grande question que Marc adresse à ses lecteurs. Entre l’affirmation de foi qu’il pose dès son premier verset : « Commencement de l’Evangile de Jésus Christ, Fils de Dieu », et la proclamation au pied de la croix par le centurion païen qui a présidé à la crucifixion : « Vraiment, cet homme était Fils de Dieu », tout le récit de Marc nous sollicite sans cesse : « Qui est celui-là ? » Qui est-il, celui qui chasse les esprits impurs, guérit le lépreux, pardonne ses péchés au paralytique, mange avec les publicains et les pécheurs, guérit le jour du sabbat, celui que sa parenté cherche en se disant : « Il a perdu la tête ! », celui qui commande avec autorité au vent et à la mer, et délivre le possédé gérasénien, en pays païen ? Qui est-il ?

Aujourd’hui, c’est Jésus lui-même qui pose la question. « Au dire des gens, qui suis-je ? » - « Pour vous, qui suis-je ? » Question cruciale qui concerne tout l’être de Jésus, toute sa mission, toute son œuvre de salut…

Pierre répond : « Tu es le Christ ». Comme il nous était dit cette nuit, Pierre a répondu « avec le qualificatif le plus fort et le plus élevé dont il disposait, mais c'est justement ce qualificatif messianique qui est à l'origine d'idées parfaitement erronées. » C’est pourquoi Jésus défend vivement aux disciples de parler de lui à personne. Il ne reprend pas le titre de Messie, trop ambigu, mais celui de Fils de l’homme. Dieu se fait homme, avec toutes les conséquences que cela a, pour se révéler comme Dieu, comme Sauveur.

Jésus est la révélation même du mystère de Dieu, du mystère de l’amour qui s’offre, qui se donne, qui se vide de lui-même pour l’aimé. Et quand l’aimé est blessé par le mal, par la souffrance, par le péché, il prend tout cela sur lui pour le recréer, sanctifié et bienheureux. Alors, il ne faut pas que les disciples parlent de lui avant de l’avoir suivi jusqu’à Jérusalem, avoir été confrontés à leur faiblesse, à la passion de leur maître, avoir reçu l’Esprit pour comprendre son mystère de mort et de résurrection, le mystère du don total dans la faiblesse, la défiguration absolues. « Je ne connais plus le Christ à la manière humaine », dit Paul.

  Oui, Jésus est le Christ, mais de quelle manière ? Le serviteur souffrant d’Isaïe en manifestait déjà les traits et le chemin : « Je ne me suis pas dérobé. J’ai présenté mon dos à ceux qui me frappaient. Je n’ai pas caché ma face devant les outrages et les crachats. Le Seigneur mon Dieu vient à mon secours. » Cela nous est si difficile à accepter ! Pour notre Sauveur et pour nous-mêmes. Mourir pour vivre… Vivre en donnant la vie… Il n’y a pas de vie sans mort à soi-même ; parce que c’est en mourant à lui-même, en se donnant sans mesure que Dieu est le Vivant, même au sein de la Trinité.

En morigénant Jésus, Pierre joue le rôle du Satan, il est occasion de chute pour Jésus lui-même dont le combat n’est pas feint. Il tente Jésus d’accaparer la vie pour lui-même au lieu de la perdre, pour que ceux qu’il aime aient la vie. Alors Jésus repousse vivement Pierre comme il a repoussé Satan au désert. Il faut que l’amour aille jusqu’au bout de l’amour.

Frères et sœurs, comment connaître le Christ, comment témoigner de lui, annoncer sa Bonne Nouvelle, si nous n’entrons nous-mêmes dans le mystère de sa mort et de sa résurrection, de notre mort et de notre résurrection ? Si nous annonçons le Christ selon les critères du monde, nous annonçons un faux messie, nous manifestons un visage erroné de Dieu. Si nous recevions l’« aujourd’hui » de notre monde tel qu’il est, de notre Eglise telle qu’elle est, comme un temps de grâce pour écouter davantage la Parole de Dieu, regarder davantage le Christ, non tel que nous l’imaginons, mais tel que l’Evangile nous le révèle, nous progresserions dans notre expérience chrétienne, nous pourrions mieux témoigner de celui qui est descendu aux enfers pour nous faire asseoir avec lui dans les cieux.

Il a fallu du temps, beaucoup de temps, aux disciples pour comprendre le mystère de Jésus. Il aura fallu le don de l’Esprit pour qu’ils commencent à comprendre et qu’ils puissent témoigner. A l’Ascension, ils demandent encore à Jésus : « Est-ce maintenant que tu vas rétablir le royaume pour Israël ? » Que cela nous rassure sur notre propre lenteur à entrer dans le mystère du Christ, mais que cela ne nous endorme pas ! L’Esprit nous est donné, et pas moins qu’aux apôtres ! Ecoutons-le. Laissons-le graver l’Evangile dans nos cœurs, dans nos vies. Notre plus grand désir, notre plus grande soif, ne devraient-ils pas de connaître davantage le Christ, de témoigner de lui de façon juste. Puisse le Christ être notre amour !

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