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HOMELIE

22 août
année 2020-2021

Année B - 21° dimanche ord -22 août 2021
Josué 24, 1…18 / ps 33 / Ephésiens 5, 21-32/ Jean 6, 60-69
Homélie du F.Basile

Frères et Sœurs, laissons-nous atteindre par la question de Jésus : « Voulez-vous partir vous aussi ? » Le Christ la pose à chacun d’entre nous, dans le concret de nos vies, de nos engagements, de nos histoires familiales. « Est-ce que je peux encore compter sur toi ? » « Vas-tu me laisser tomber ? » Dans cette question, c’est la fidélité qui est en jeu, et derrière la fidélité, il y a la parole donnée, la foi et l’amour.
Il nous faut d’abord resituer cette parole dans son contexte. Nous sommes à la fin du chapitre 6 de l’évangile de Jean, au cours duquel un drame se joue. Cela avait si bien commencé au bord du lac avec ce grand signe messianique de la multiplication des pains, mais bien vite Jésus s’est rendu compte que les gens n’avaient pas compris la portée de son geste, et il va leur parler longuement dans la synagogue de Capharnaüm ; mais lorsqu’il leur dit que c’est lui le pain vivant descendu du ciel, et qu’il faut manger sa chair et boire son sang, cela ne passe plus, et il se produit un mouvement dans la foule : ceux qui se détachent du groupe, essayant d’entraîner les autres, avec des petites phrases du genre : « Mais il est fou, ce type-là ! vous n’allez pas continuer à l’écouter ! »
Jésus s’en rend parfaitement compte et il leur dit : « Cela vous scandalise ». Alors il fait appel à leur foi, sachant qu’il y en a qui ne croient pas. Enfin il se tourne vers les Douze et leur pose la question: « Voulez-vous partir vous aussi ? » J’aime ce « voulez-vous », car Jésus ne force personne à le suivre, et j’aime la réponse de Pierre, en forme de question : « Seigneur, vers qui pourrions-nous aller ? » Comme toujours, c’est lui qui répond le premier et il s’engage au nom des Douze.
Frères et Sœurs, quelle va être notre réponse à nous ? Peut-être avez-vous pris le temps, durant ces vacances, de vous poser de vraies questions, celles qui touchent au sens de la vie ? Si vous tenez à venir chaque dimanche vous rassembler autour de la Parole de Dieu et de l’Eucharistie, ce n’est pas en consommateur, c’est pour redire votre foi, votre engagement personnel ou communautaire, car on n’est jamais chrétien tout seul ; allons-nous répondre comme Pierre : « Seigneur, vers qui aller ? C’est toi qui as les paroles de la vie éternelle. »
Jésus réveille notre foi quand il nous dit : « Voulez-vous partir vous aussi ? » et sur la foi, je voudrais rappeler 3 choses :
1- c’est une relation vivante : la foi n’est pas d’abord une croyance, c’est une confiance faite à quelqu’un, un attachement à une personne (Jésus Christ), une relation vivante, d’où l’importance de connaître Celui qui nous appelle, d’écouter Celui qui nous parle, d’être en relation avec lui dans la prière.
2- ensuite la foi, c’est une alliance : toute la Bible nous raconte cette alliance de Dieu avec l’humanité, une histoire mouvementée qui trouve son aboutissement en Jésus Christ, une histoire qui continue avec chacun d’entre nous. Et le mariage entre un homme et une femme est une alliance justement avec un anneau au doigt pour la signifier. Qui dit alliance, dit engagement de part et d’autre : c’est un choix que l’on fait et il faut s’y tenir.
Dans la 1° lecture, nous avions une célébration de l’Alliance à l’arrivée en terre promise, et Josué posait la question : « Qui voulez-vous servir ? Les idoles, les dieux des Amorites, ou bien le Seigneur, l’Unique, Celui qui vous a libérés de l’esclavage. »
Dieu fait alliance avec un peuple : entrer dans son Alliance, c’est être relié à une communauté, à l’Eglise. La foi ne se vit jamais seul. Peut-on rompre cette alliance ? Toute l’histoire du salut est une histoire de fidélité et d’infidélité. Dieu a tenu bon. Ne nous étonnons pas que dans nos vies il y ait des des infidélités, des échecs et des recommencements.

3- Ce qui est sûr et c’est mon 3° point : la foi est une réponse libre et aimante. Dieu ne nous force jamais. Son alliance n’est pas un contrat d’asservissement : il veut que nous vivions. Réponse libre.
Je donne, je redonne ma parole à Celui qui m’a aimé et jamais ne me forcera. C’est là le plus beau de la foi et de l’amour : un choix libre. La liberté, çà ne veut pas dire que je peux faire n’importe quoi, mais que je choisis librement qui je veux servir, qui je veux aimer.
Dans le passé, hélas, on a parfois forcé des gens à se convertir, cela ne veut rien dire : Dieu n’a pas besoin d’esclaves, il veut être aimé et servi par des hommes et des femmes libres. Comme l’a si bien dit Charles Péguy à propos de saint Louis dans le Mystère des Saints Innocents :
« Quand on a connu d’être aimé par des hommes libres, dit Dieu, les prosternements d’esclaves ne vous disent plus rien. Quand on a vu saint Louis à genoux, on n’a plus envie de voir ces esclaves couchés par terre… Etre aimé librement, rien ne pèse ce poids, rien ne pèse ce prix. »
Quand Dieu nous appelle à la foi, il nous laisse toujours libres de la réponse, de la décision de nous engager. Et c’est l’Esprit Saint qui nous fera découvrir le « maintenant » de cette décision. Nous rappelant les paroles de Jésus, il nous donne la pleine liberté du présent et nous ouvre à l’avenir.
« Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle. »

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