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HOMELIE

18 juillet
année 2020-2021

Année B - 16e dimanche Temps Ordinaire (B) (18/07/2021)
(Jr 23, 1-6 – Ps 22 – Ep 2, 13-18 – Mc 6, 30-34)
Homélie du F.Jean Louis

Frères et sœurs, Les lectures de ce dimanche, cela ne vous aura sans doute pas échappé, évoquent la figure du berger, du pasteur, et le psaume chanté en constitue un sommet en montrant comment notre berger c’est Dieu lui-même.
C’est sans doute une figure pastorale qui peut bien convenir à cette période de vacances. Qui de nous n’a en tête ces images de Provence avec des troupeaux menés par un berger à l’accent méridional ? Image romantique, dépassée face aux défis de notre temps ? Un regard plus attentif sur nos textes d’aujourd’hui peut sans doute nous en apprendre bien plus.
La première lecture nous parle de mauvais pasteurs qui ont laissé périr et se disperser les brebis du Seigneur. En fait, dans l’Ancien Testament, les pasteurs, ce sont les rois et les gouvernants du peuple. Un des livres de la Bible, le Livre des Rois, nous raconte comment la plupart des rois ont été infidèles à la mission de service du peuple que leur avait confiée le Seigneur, le Dieu d’Israël. Et cela a abouti à la catastrophe. Jérusalem a été prise par les Babyloniens et les Judéens ont été déportés à Babylone. Tous les piliers de la foi du peuple juif ont disparu : la terre (ils sont déportés loin d’elle), le Temple (il a été détruit lors du siège de la ville) et le roi (désormais prisonnier du roi de Babylone). Dans la logique du temps, le peuple de Juda aurait dû, en exil, adopter les dieux des vainqueurs. Et c’est tout le contraire qui se passe. A ce peuple perdu, désemparé, Jérémie annonce que si le peuple a été chassé de sa terre, c’est à cause des actes mauvais de ses dirigeants. Mais Dieu va rassembler un reste fidèle dont il sera lui-même le pasteur, le berger. Et même, il suscitera de nouveaux pasteurs qui conduiront le peuple. Mais Jérémie annonce aussi que Dieu va susciter un Germe juste pour David, c’est-à-dire qu’il annonce la venue d’un Messie qui agira avec intelligence et exercera le droit et la justice. Ce sera un roi-Messie qui sauvera Juda.
Le psaume chanté a développé comment le Seigneur lui-même est berger de chacun de nous. Il ne nous fait manquer de rien, nous fait revivre et nous conduit par un juste chemin. C’est très beau mais le psaume n’est pas naïf, il tient compte que le croyant, que nous-mêmes, pouvons passer parfois par les ravins de la mort et là, Dieu nous guide et nous rassure. Et il fait de même devant nos ennemis. Invitation à faire confiance au Seigneur quoi qu’il arrive. Avoir confiance au Seigneur, ce n’est pas espérer ne pas avoir de souci, de crise, d’ennui, mais c’est avoir l’assurance que, même dans les crises, le Seigneur est là et il nous guide. Il est berger jusqu’au bout. L’évangile nous montre le Christ prenant soin à la fois de ses disciples mais aussi du peuple sans berger, sans guide, et il les enseigne. Il aviat le projet de se retirer à l’écart, mais devant les foules, il accepte de les enseigner longuement, entièrement donné aux autres.
Quant à la Lettre de saint Paul aux Ephésiens, elle nous rappelle que la mort du Christ a rapproché Juifs et païens, à l’époque, opposés par une haine assez radicale. Le Christ a réconcilié par sa mort obéissante Juifs et païens avec Dieu car tous s’étaient éloignés de Dieu, en fait. La bonne nouvelle, c’est que la façon dont Dieu s’est fait en Jésus pasteur de l’humanité, c’est de nous offrir un accès désormais possible auprès du Père. Rien que ça !
Frères et sœurs, il pourrait être tentant, à l’écoute de ces textes, de dire : « Fort bien, ça concerne les évêques, les prêtres, les diacres le pape, les chefs d’Etats. C’est à eux de se retrousser les manches. Moi, cela ne me concerne pas, n’étant pas pasteur au sens où les lectures de ce dimanche l’entendent. »
Vraiment ? Ce serait oublier que la liturgie dit que baptême a fait de nous tous des prêtres, des prophètes et des rois au sens biblique.
Prêtres, car notre mission de chrétiens est de prier au nom de l’humanité toute entière, d’offrir notre prière, nos demandes, nos remerciements à Dieu comme les prêtres de l’Ancien Testament offraient des sacrifices d’animaux au Temple. Mais nous avons à le faire au nom de l’humanité entière. Ce peut être dynamisant pour nous de nous rappeler que la participation à la messe du dimanche n’est pas seulement pour notre profit personnel, fût-il spirituel mais pour le genre humain tout entier. C’est un des aspects essentiels de notre service de l’humanité. Ne l’oublions pas trop vite.
Prophètes car, par notre baptême, notre mission est d’annoncer cette incroyable nouvelle : le Christ, par sa mort et sa résurrection, donne accès auprès du Père à toute l’humanité. Roi, car nous avons, comme les rois d’Israël, à être pasteurs de nos semblables non pas en exerçant un pouvoir totalitaire (tentation constante des rois d’Israël), mais en aidant nos proches et moins proches à garder le cap dans les soucis de la vie, à aider nos contemporains à mieux vivre, mais aussi à gérer les biens que Dieu donne à l’humanité tout entière, et cela dans la justice et non pas dans l’accaparement à notre profit. Cela suppose déjà de réformer notre propre vie.
Frères et sœurs, les lectures de ce dimanche, loin d’être champêtres, sont un incroyable programme pour les disciples du Christ, du moins ceux qui se veulent tels.
Quelle que soit notre responsabilité, notre situation, ressourçons-nous dans les textes de ce dimanche afin de voir comment Dieu, comment le Christ sont pasteurs non pas en dominant, en surplombant mais en accompagnant. Nous pourrons ainsi nous en inspirer…
Alors, nous rendrons présent le Christ dans notre monde. A nous d’en trouver, dans la prière et avec l’aide de l’Esprit Saint, les moyens concrets.
Ne craignons pas de chercher…. AMEN

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