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HOMELIE

06 juin
année 2020-2021

Fête du Corps et du Sang du Christ - 6 juin 2021 Année B -
Exode 24, 3-8 / ps 115 ; Hébreux 9, 11-15 ; Marc 14, 12-16 + 22-26
Homélie du F.Basile

Frères et Sœurs, pourquoi fêter l’Eucharistie aujourd’hui d’une manière toute spéciale ? Nous la célébrons chaque dimanche, chaque jour même, mais cela nous renvoie toujours au premier jour, au jeudi saint, où Jésus, la veille de sa passion et de sa mort, accomplit ce geste et le confie à ses disciples, pendant le dernier repas qu’il prend avec eux. Dans l’évangile de Marc qui vient d’être proclamé, le commandement de le faire en mémoire de Lui, n’est même pas mentionné. Mais le geste et le sens que Jésus lui donne est très fort : en prenant le pain et en le partageant, il dit ‘Ceci est mon corps' ; en prenant la coupe et en la leur donnant, il dit ‘Ceci est mon sang, le sang de l’Alliance, versé pour la multitude’ ; ce geste et ces mots sont si forts que cela deviendra le sacrement par excellence, signe donné une fois pour toutes, mais qui rendra présente, à toutes les générations à venir, la Pâque du Christ, le sacrifice de sa vie, le mystère de sa mort et de sa Résurrection, le sacrement de la nouvelle Alliance entre Dieu et les hommes.
Quel mystère et qui peut le comprendre ? Nos cœurs s’étonnent et voudraient mieux comprendre, chantons-nous dans une hymne du jeudi saint. Concrètement, à quel âge l’enfant peut-il faire sa première communion ? Dans une homélie, Christian de Chergé, le prieur des moines de Tibhirine en Algérie, rappelait qu’il l’avait faite à l’âge de 5 ans, malgré les réserves de son père, et sa mère disait : Il comprendra plus tard. Au lycée, Christian disait encore à son aumônier qu’il ne comprenait pas la messe. Et nous-mêmes, que dirions-nous ? Or Christian nous révèle ensuite qu’il a été conduit au cœur du mystère eucharistique par un musulman. Il commence à le comprendre vraiment par le don que son ami Mohamed a fait de sa vie pour lui, Christian : un événement qui l’a bouleversé et dont il fera souvent mémoire.
Pour nous, il est toujours bon de revenir au sens que Jésus donne à ce dernier repas ; à la messe nous refaisons le geste du Christ qui donne sens à l’offrande de sa vie. « Chaque eucharistie, disait Christian de Chergé, me le rend infiniment présent, dans la réalité de son Corps de gloire, où le don de sa vie a pris toute sa dimension pour moi et pour la multitude. », « pour moi et pour tous » dirait notre frère Ghislain.
Sang versé pour la multitude : la lettre aux Hébreux, 2° lecture, met en valeur le sang du Christ qui fait pour nous bien davantage que tous les sacrifices compliqués de la 1° alliance ; son propre sang nous purifie de tous nos actes de mort et nous permet de célébrer le Dieu vivant. Dans la 1° lecture, tirée de l’Exode, il nous a été rappelé l’alliance au Sinaï avec Moïse, la 1° alliance, et ce rapprochement est saisissant : car il s’agit bien d’un engagement pour la vie, d’un acte d’alliance avec Dieu, conclu par le sang répandu, et le sang, c’est la vie. Moïse, après avoir aspergé l’autel, asperge le peuple avec le même sang ; et il relie cela aux 10 commandements reçus et à l’engagement pris à les respecter : c’est une question de vie ou de mort.
Alors comment ne pas faire le lien avec le commandement nouveau de l’amour, que Jésus nous donne, et qui dans l’évangile de Jean prend justement la place de l’Eucharistie ? Jésus commence par laver les pieds de ses disciples. ‘Comprenez-vous ce que je fais ?’ leur demande Jésus. ‘Ce que j’ai fait, faites-le vous aussi.’ ‘Comme je vous ai aimés, vous devez vous aimer les uns les autres.’
Tout est donné, tout est lié. Dès lors, communier au Corps et au Sang du Christ, devient un geste d’amour qui nous engage : en devenant nous-mêmes le Corps du Christ, nous entrons dans le grand mouvement de charité qui a conduit le Christ à donner sa vie totalement ; avec lui nous communions à la volonté du Père, avec lui nous sommes unis à tous ceux qui peinent et qui offrent leur vie aujourd’hui. Le Christ est bien l’aîné d’une multitude de frères et l’Eucharistie nous met en communion avec tous.

F & S, c’est bien dommage que nous ne puissions plus actuellement communier au Sang du Christ d’une manière ou d’une autre, en raison des mesures sanitaires qui nous sont imposées. J’espère que bientôt nous pourrons le faire à nouveau.
Pour finir je voudrais citer une page brûlante du patriarche Athénagoras, et cela nous relie à toutes les Eglises d’Orient. « L’Eucharistie, disait-il, déjà secrètement illumine le monde ; l’homme y retrouve sa filiation perdue et puise sa vie dans celle du Christ, l’ami secret qui partage avec lui le pain de la nécessité et le vin de la fête.
Le pain est son corps, et le vin est son sang, et dans cette unité plus rien ne nous sépare de rien ni de personne. Que peut-il y avoir de plus grand ? C’est la joie de Pâques, la joie de la transfiguration de l’univers. Désormais tout a un sens. Et toi aussi, tu as un sens. Tu ne mourras pas. Même la souffrance, même la mort ont un sens et deviennent les chemins de la vie.
Il existe ici-bas un lieu où il n’y a plus de séparation, où il y a seulement le grand amour, la grande joie. Ce lieu, c’est le saint Calice au cœur de l’Eglise. Et par là dans ton cœur… Voilà ce que devrait être le culte ! » Amen

(extrait des ‘Dialogues avec le Patriarche Athénagoras’ d’Olivier Clément page 276 sv)

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