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HOMELIE

09 mai
année 2020-2021

Année B - 6e dimanche de PÂQUES - (09/05/2021)
(Ac 10, 25-26.34-35.44-48 – Ps 97 – 1 Jn 4, 7-10 – Jn 15, 9-17)
Homélie du F.Jean-Louis

Frères et sœurs, En écoutant les lectures de cette messe, en particulier les deux dernières lectures, je pense que vous aurez été frappés par la fréquence des mots amour et aimer, sous différentes formes. Une dizaine de fois dans chacune des deux lectures. C’est beaucoup, et le fait que la liturgie de ce dimanche ait mis en écho en quelque sorte, ces deux lectures, signifie que c’est un des messages voulu pour ce 6e dimanche de Pâques.
Certes, il importe de savoir que les mots amour, aimer utilisés ici traduisent un verbe grec qui ne parle pas de l’amour-sentiment. Le philosophe Platon utilisait déjà ce terme pour parler d’amour désintéressé, on a parlé d’amour platonique. Mais les chrétiens ont utilisé ce terme pour parler de l’amour de Dieu envers l’humanité, un amour totalement désintéressé dont Dieu seul est capable mais qu’il peut transmettre à ses disciples par l’Esprit Saint.
Il me semble que les lectures de ce dimanche nous présentent plusieurs aspects de cet amour divin et il me semble que le temps pascal où nous faisons plus particulièrement mémoire de la Résurrection du Christ pour la proclamer au monde est le bon moment pour approfondir l’un ou l’autre sens de cette expression qui nous paraît si, voire trop évidente : « Dieu est amour. » Les différents dimanches de Pâques comportent comme première lecture les Actes des Apôtres qui racontent les débuts de l’Eglise. Et ce dimanche, nous est racontée la prédication de Pierre au centurion Corneille, un païen (c’est le sens du mot nations ici) ainsi qu’à ses proches. Ce passage des Actes des Apôtres me paraît intéressant pour aborder un des aspects de ce Dieu amour des chrétiens. Parler de l’amour de Dieu est tellement immense, l’Ecriture Sainte peut nous permettre au moins d’en approcher l’un ou l’autre aspects.
Ce passage est assez capital dans l’histoire de l’évangélisation et donc dans l’histoire de l’Eglise. En effet, jusqu’alors, l’évangile n’avait été annoncé et le baptême donné qu’aux juifs ou aux prosélytes, c’est-à-dire aux païens ayant accepté la loi juive dont la circoncision. Et cela semblait évident aux croyants qui accompagnaient Pierre chez Corneille. Ces croyants, nous dit le texte, étaient d’origine juive, tout comme Pierre. Or, voilà que l’impensable se produit : l’Esprit Saint descend sur un centurion païen, un occupant (et l’occupation romaine de la Palestine n’avait rien d’une partie du plaisir, même si le Livre des Actes des Apôtres nous dit un peu avant le passage d’aujourd’hui que Corneille était particulièrement favorable aux Juifs). La famille et les proches de Corneille sont eux aussi l’objet de l’action de l’Esprit. Les compagnons de Pierre sont désemparés et c’est Pierre, dont nous connaissons par ailleurs la fougue et la rapidité de réaction, qui en tire les conclusions.

  Il faut dire que Pierre, avant de partir pour rencontrer Corneille, avait eu une vision, lors d’un temps de prière, où il avait vu des animaux de toute espèce, dont des animaux réputés impurs pour les Juifs, et une voix lui avait dit « Offre-les en sacrifice et mange ». Il s’y était refusé ne voulant pas, en bon juif, sacrifier et manger des animaux impurs et la voix divine lui avait répondu : « Ce que Dieu a déclaré pur, toi, ne le déclare pas interdit ». Cette vision lui avait trotté dans la tête et en arrivant chez Corneille, il comprend. Il n’y a pas une nation pure et les autres nations impures. Il comprend que, selon ses mots, « Dieu est impartial : il accueille, quelle que soit la nation, celui qui le craint et dont les œuvres sont justes. » Et pour confirmer ses paroles, l’Esprit Saint se manifeste en descendant de façon très visible sur Corneille et les siens. Stupeur pour les compagnons de Pierre qui se croyaient, comme juifs, privilégiés de Dieu. Ils découvrent cette impartialité de Dieu et se sentent bien obligés d’admettre ces païens au baptême.
Voilà donc un des aspects de l’amour de Dieu et pas le moindre. Lorsque nous aimons, n’avons-nous pas parfois tendance à des préférences, voire des exclusivités ? Or le passage des Actes nous révèle ici que Dieu ne fait pas d’exclusive pour tout homme et toute femme vivant selon sa conscience et recherchant le bien et la justice. Il n’y a pas de passe-droit pour Dieu.
Souvenons-nous de la parabole du pharisien et du publicain, c’est ce dernier qui est justifié alors qu’il se reconnaît pécheur, or le pharisien qui se complaît dans sa perfection, lui, ne l’est pas. Frères et sœurs, il me semble que nous devons sans cesse nous réinterroger sur Dieu et surtout sur notre vision de Dieu, de son amour. Nous risquons toujours de mettre des barrières voire des obstacles à la grâce de Dieu mais Dieu est souverainement libre et sa grâce dépasse de loin les frontières qu’il nous arrange de lui fixer. Son amour est offert à tous. Il n’y a pas de privilégiés de Dieu ou plutôt tous et toutes sont des privilégiés de Dieu.
Pierre et les siens ont dû renoncer, et c’est heureux pour nous, à la doctrine de l’élection exclusive du peuple juif pour découvrir, mais cela le prophète Isaïe l’avait déjà fait, que l’élection d’Israël était en fait ouverte à l’élection de tous les peuples de la terre. Ainsi l’amour de Dieu n’est pas réservé à quelques privilégiés supposés parfaits. Le Christ l’a lui-même dit : il est venu non pour les bien portants mais pour les malades. Comme chrétiens, comme baptisés, nous ne devons pas considérer Dieu comme obligé envers nous. Il est ouvert à l’humanité tout entière et la moindre parcelle de bonté qui habite même l’être le plus repoussant selon notre point de vue, est l’occasion pour Dieu d’une irruption dans sa vie qui peut changer sa destinée. Voilà la bonne nouvelle de l’évangile, voilà un des aspects de l’amour de Dieu, cette ouverture sans calcul, sans restriction… Voilà aussi l’invitation qui nous est faite pour notre vie de tous les jours, pour le témoignage de notre foi. Sans doute que cela rendra l’évangile et l’Eglise plus attirants pour nos contemporains. C’est là notre responsabilité. Sachons nous laisser toucher par l’attitude de Pierre.
Frères et sœurs, dans 15 jours, nous célébrerons la Pentecôte, fête du don de l’Esprit et c’est cet Esprit qui seul, peut nous donner d’aimer comme Dieu aime. Préparons-nous à l’accueillir dans un cœur ouvert et disponible à Dieu et aux autres. AMEN

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