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HOMELIE

01 avril
année 2020-2021

JEUDI SAINT - 01.04.2021
Ex 12, 1-8.11-14 ; 1 Co 11,23-26 ; Jn 13, 1-15
Homélie du Père Abbé Luc

« Sachant que l’heure était venue pour lui de passer de ce monde à son Père, Jésus ayant aimé les siens, les aima jusqu’au bout » …
« Jésus ayant aimé les siens… », cette expression, frères et sœurs, m’a rappelé une expression proche qu’on trouve au début de ce même évangile de Jean, dans le prologue : « Le Verbe était la vraie lumière qui éclaire tout homme en venant dans le monde… Il est venu chez lui, et les siens ne l’ont pas reçu… ». Les siens qui ne reçoivent pas, les siens aimés jusqu’au bout… D’un côté, St Jean nous donne à contempler le Verbe qui était auprès de Dieu et qui est venu chez les siens, les hommes qu’il a créés, et de l’autre St Jean nous montre Jésus, à l’heure où il va vers son Père, prendre le tablier de serviteur pour laver les pieds des siens. Le rapprochement entre ces deux passages nous fait saisir la profonde unité de la mission du Verbe fait chair, le Fils sorti du Père. Venu chez les siens qui sont nés de son dessein créateur, il est venu les aimer et les aimer jusqu’au bout alors qu’il n’est pas bien reçu par eux… Lui qui « porte l’univers par sa parole puissante » (He 1, 3) se met aux pieds des hommes, « les siens », pour les laver, pour les restaurer dans leur dignité. Jésus s’abaisse. Avec ses mains, entre lesquelles « le Père a tout remis », il purifie les pieds, mais aussi les mains et la tête, finalement tout l’être humain. Geste symbolique qui unit Dieu à l’homme sorti de ses mains et l’homme à son Dieu qui le restaure aujourd’hui. Oui en cette célébration mémorial, il nous est proposé, d’entrer avec Pierre dans un lâcher prise, pour laisser Jésus réaliser aujourd’hui l’œuvre de purification qu’il a opéré hier pour l’humanité et qu’il veut poursuivre jusqu’à la fin des temps. Laissons-nous servir par lui et rassasier de son corps livré et de son sang versé, par lequel Jésus nous purifie du péché et du mal. Laissons-nous régénérer et fortifier. Durant les trois jours qui nous séparent de Pâques, nous est proposé de nous laisser transformer par l’Esprit agissant à travers la liturgie, les paroles, les gestes, les chants, le silence. Donnons du temps pour Dieu dans la prière, goûtons par la méditation ce grand mystère. Il contient une lumière profonde que les yeux de la foi nous donnent d’entrevoir, nous qui avons la grâce d’être comptés parmi les siens.

Geste symbolique de Jésus, mais aussi geste prophétique. Lorsque Jésus lave les pieds des disciples, il leur laisse un exemple. « Si moi, le Seigneur et le Maitre, je vous ai lavé les pieds, vous aussi, vous devez vous lavez les pieds les uns aux autres ». Jésus pose le geste prophétique d’une humanité fraternelle. De proche en proche, celle-ci peut vivre non plus sur le registre de la domination du plus fort sur le faible, mais sous la loi du service où le fort se met aux pieds du plus faible. Humblement, Jésus conteste toutes les représentations spontanées que nous avons de nos relations humaines, envisagées en bonne part sur le mode de la comparaison et de la concurrence. Ses mains liées sur la croix seront le dernier acte de son geste contestataire que sa résurrection confirmera. Ce n’est pas la force qui aura le dernier mot, mais l’amour offert. Ce geste prophétique de Jésus est une bonne nouvelle pour notre monde autant que pour nous ses disciples. Notre monde n’est pas appelé à être un éternel champ de bataille et de compétition. Sa vraie finalité est de permettre à tous de trouver leur place, car chacun est aimé et a du prix aux yeux de Dieu. Le geste prophétique de Jésus, laissé à ses disciples et à son Eglise, agit comme un levier, comme un ferment pour notre monde, dans la mesure où nous acceptons d’entrer nous aussi dans le don de nous-mêmes. Rien de spectaculaire, rien de clinquant dans ce don. Pas même la recherche de la réussite, mais l’humble consentement à entrer ici et maintenant dans le service demandé. Laisser le geste prophétique de Jésus animer vraiment notre vie ne nous laissera jamais quitte. Le don de soi est toujours devant nous. Le jour, où nous estimons avoir assez donné, nous sommes déjà morts. Jusqu’à notre dernier souffle, comme Jésus sur la croix, nous sommes appelés à nous donner, et d’une manière qui nous échappera toujours en bonne partie. Se donner ne se mesure pas aux efforts déployés ou à l’envergure de l’énergie dépensée, autrement les plus faibles, les malades ou les personnes âgées seraient disqualifiées. Non le don auquel appelle Jésus, est d’abord affaire d’attention du cœur, de disponibilité, et d’oubli de soi vécus aussi bien dans la vigueur de l’action que dans l’offrande obscure ou dans la prière cachée. En rendant grâce ce soir pour le don parfait de Jésus, qui nous ouvre le chemin de la vraie vie, dès aujourd’hui et pour l’éternité, laissons Jésus nous sauver de nos égoïsmes et nous apprendre le don de nous-même.  

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