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HOMELIE

21 mars
année 2020-2021

Année B - Carême 5° Dimanche - 21-03-2021
Jér 31,31-34 ; Hébr 5,7-9 ; Jean 12,20-33
Homélie du F.Guillaume

Frères et sœurs Le IV° évangile, à la différence des 3 premiers, ne comporte pas de récits de la Transfiguration de Jésus sur une montagne. Mais le passage que nous venons d’entendre présente bien des rapprochements avec cet épisode important de la vie du Christ. Ici et là il est question de « voir Jésus », soit à Jérusalem sur le Mont Sion, soit en Galilée sur le Mont Thabor, et il est aussi question de manifestation de sa Gloire. Une Gloire indissociablement liée à sa Passion. Dans les différents cas, il est fait mention d’une voix venue du Ciel, la voix du Père qui se fait entendre à des témoins effrayés qui ne comprennent pas le sens des paroles : « la foule disait que c’était un coup de tonnerre, d’autres que c’était un ange qui parlait ». Jésus, lui, affirme que sa mort est prochaine et que son heure est venue, où son Père sera glorifié avec lui. Heure du salut, salut universel : « Père, Glorifie ton Nom ; quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes ».
Revenons sur ces différents aspects de notre évangile « Voir Jésus ». C’est le désir de ces païens, grecs, qui montent à Jérusalem pour adorer Dieu, à l’occasion de la fête de Pâques. Ils s’adressent à Philippe, un des disciples qui parle le grec, lequel va le dire à André, l’un des 3 apôtres témoins de la Transfiguration. Voir Jésus : mais pour l’évangéliste Saint Jean, voir implique davantage que simplement apercevoir. En réalité, ces païens désirent rencontrer Jésus, s’entretenir avec lui. Le voir sous-entend et indique déjà la réalité d’une certaine foi en lui. Le type parfait du croyant pour le IV° évangile, c’est le disciple préféré qui entre au matin de Pâques dans le tombeau vide à la suite de Pierre. Il vit et il crut. De même, dans les derniers entretiens de Jésus avec ses disciples avant la Passion, le même Philippe interroge son maître : « Montre nous le Père et cela nous suffit » et Jésus de répondre « comment me poses-tu encore cette question, Philippe, depuis le temps que je suis avec toi. N’as-tu pas compris : qui m’a vu, a vu le Père ? » Nous pourrions rapprocher ces païens grecs, pèlerins de Jérusalem, de la Reine de Saba venant écouter la Sagesse de Salomon, dans le livre des Rois, ou de cet eunuque d’Ethiopie dans les Actes des Apôtres qui se laisse évangéliser et baptiser par Philippe, après Pâques. Ou encore de ces mages d’Orient venant à Bethléem adorer le Roi des juifs. Tous, ils symbolisent l’ouverture du salut universel. Dieu ne réserve pas son Amour et sa Grâce au seul peuple d’Israël, ou aux seuls disciples du Christ. Jésus lui-même le dit bien à la fin de notre passage : « quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes ».
Cette page d’évangile précède immédiatement les récits de la Passion et de la Résurrection. Elle présente les conditions d’entrée dans le salut universel. Pour cela, Jésus emprunte une parabole simple : celle du grain jeté en terre, qui doit mourir, afin de porter un fruit abondant. Image saisissante du chemin tout paradoxal que doit suivre le disciple, à l’exemple de son Maître. L’accès à la Gloire de Dieu, à la Vie Eternelle, au Ciel, doit passer par l’humiliation de la Croix, par l’endurance de la souffrance et de la mort, sur terre.
Saint Irénée a eu cette formule célèbre, reprise par toute la Tradition chrétienne : « la Gloire de Dieu, c’est l’homme vivant, et la vraie vie de l’homme, c’est la contemplation de Dieu ». En méditant cet évangile on pourrait dire aussi : « la Gloire de Dieu, c’est le Fils de l’Homme mourant par amour pour nous sur la Croix. Et la vraie vie du Christ, c’est d’attirer tout homme à la contemplation du Père, à la Vie Eternelle ».

La Gloire et la Croix sont donc intimement liées dans l’annonce du salut, dans l’amour du Christ pour tout homme. Elles doivent l’être aussi pour chacun de nous, dans nos existences personnelles. C’est l’amour reçu, et c’est l’amour donné qui en sont les clés. « Il n’y a pas de plus grand amour que l’amour de celui qui donne sa vie pour ceux qu’il aime ».
Dimanche prochain, nous entrerons avec la fête des Rameaux dans la Grande Semaine Sainte. Aujourd’hui, en ce 5ème dimanche de Carême, dimanche de la Passion, Jésus annonce que son Heure est arrivée : l’Heure de passer de ce monde à son Père. L’heure est venue pour le Fils de l’Homme d’être glorifié et de glorifier : Père, glorifie ton Nom !
La parabole du grain de blé jeté en terre, qui doit mourir pour reprendre vie et porter du fruit devient alors un étonnant symbole de la vie pascale de tout chrétien qui doit choisir entre une vie stérile, ou une vie féconde. Et ce n’est jamais sans douleurs. Que de petites morts à soi-même pour aimer vraiment l’Autre, les autres ! « Celui qui aime sa vie la perd : celui qui s’en détache en ce monde la garde pour la vie éternelle ».
Mais quelle joie intérieure dont témoignent tous les saints et les vrais amis de Dieu, car ils font l’expérience d’une secrète complicité avec le Christ. C’est lorsque l’on se donne vraiment avec amour que l’on ressemble le plus à Lui.
A la suite de cet évangile, entrons alors maintenant dans la grande prière eucharistique de Jésus à son Père, que l’Eglise fait sienne d’âge en âge, dans sa liturgie et qui proclame Sa Gloire : « Père Très Saint, vraiment il est bon de te rendre grâce, il est juste et bon de te glorifier. Car tu es le seul Dieu, le Dieu vivant et vrai : tu étais avant tous les siècles, tu demeures éternellement lumière au-delà de toute lumière » AMEN

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