Textes spirituels

Règle de saint Benoît

Commentaires sur
la Règle


Homélies

Méditations

Références bibliographiques



Formations, stages


HOMELIE

03 janvier
année 2020-2021

EPIPHANIE - 03.01.2020
Is 60, 1-6 ; Ep 3, 2-3a.5-6 ; Mt 2, 1-12
Homélie du Père Abbé Luc

Frères et sœurs, Au début de cette célébration, je disais que l’Epiphanie est une fête qui ouvre à l’Espérance, celle de voir toutes les nations conviés à partager la joie de Dieu dans la reconnaissance du Christ. Paul résume en quelques mots cette espérance, ce mystère, ce dessein divin dans sa lettre aux Ephésiens : « Ce mystère, c’est que toutes les nations sont associées au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, par l’annonce de l’Evangile ». Nous pouvons entendre en ces mots le grand projet de Dieu qui désire ne voir personne exclu de son Amour et de la relation qu’il veut nouer avec tous. La venue des mages représente les prémices de ce projet, et la vision d’Isaïe entendue dans la première lecture comme l’aboutissement, dans la Jérusalem nouvelle… Laissons ces mots de Paul résonner en nous : « toutes les nations associées au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, par l’annonce de l’Evangile »…
Associées au même héritage… Le premier janvier, nous entendions Paul nous assurer que nous étions devenus héritiers dans le Christ, heureux bénéficiaires, en Lui avec Lui de son Esprit…Nous qui n’appartenons pas au peuple juif héritier, nous voici fait héritiers avec lui. Héritier de l’Esprit qui nous fait nous écrier « Abba, Père… » Oui, cet héritage de la vie dans l’Esprit est offert à tous les hommes. Tous peuvent s’ouvrir à la vie des enfants de Dieu, car Dieu leur en fait généreusement don par son Esprit. Le P. G. François qui prêche notre retraite comme une marche en compagnie de M. Delbrêl, nous partageait un texte d’elle qui s’ouvrait avec cette phrase : « Il y a des lieux où souffle l’Esprit, mais il y a un Esprit qui souffle en tous lieux ». L’Esprit ne cesse de se donner et de susciter la vie en tous lieux, en toutes vies. Combien de personnes vivent et font des choses sous sa motion pour notre plus grand émerveillement quand nous savons le reconnaitre. Les mages venus d’Orient, guidés par une étoile, se sont laissé conduire par l’Esprit…le même Esprit qui continue mystérieusement à attirer ou à pousser des personnes vers le Christ. Durant l’été, est passé au monastère, Martin, un jeune afghan, qui a voulu quitter son pays pour devenir chrétien. Après tout un périple mené au péril de sa vie, il est arrivé en France. Là il a trouvé des gens, notamment des chrétiens qui l’ont accueilli. Et il s’est fait baptisé. A nous qui nous disons chrétiens, ne nous revient-il pas d’être ces lieux où souffle vraiment l’Esprit ? C’est-à-dire ces lieux où nous le laissons vraiment nous conduire et nous bousculer pour mieux manifester le visage du Christ à ceux qui le cherchent et que l’Esprit peut-être conduit vers nous… ?
Associées au même corps… La venue des mages, figure des nations éloignées géographiquement, mais aussi culturellement, nous laisse entrevoir à l’œuvre le beau projet de fraternité de notre Dieu. Il désire réunir en un seul corps tous les hommes. Immense projet auprès duquel certaines de nos tentatives humaines totalitaires se révèlent vouées à l’échec. Les idéologies communistes du XX°s ont caressé ce rêve d’une humanité réconciliée et unifiée autour d’une vision, celle d’une société sans classe, où tout est commun. Mais elles ont échoué, car elles n’avaient pas les moyens de leurs rêves. Lorsque Dieu nous convie à cette humanité réconciliée en un seul corps, il nous invite à nous tourner vers le Corps du Christ brisé sur la Croix. Là seulement, la haine et tous les murs de séparation sont détruits. En ce Corps offert par amour pour tous, peuvent trouver place et s’unifier tous les êtres qui acceptent de se laisser guérir. Oui, une nouvelle fraternité est possible, celle appelée de ses vœux par le Pape François. Une nouvelle fraternité offerte d’abord comme une grâce, mais nous savons qu’il s’agit d’une grâce qui coûte : l’abaissement de notre orgueil et l’ouverture sans exclusion à tout homme, toute femme, reconnue comme un frère, une sœur…
Associées à la même promesse. Avec nous les nations, toute l’humanité est appelée à cette terre promise que sera la Terre Nouvelle sous les Cieux Nouveaux. Tous, nous marchons vers cette terre promise-là. Il est heureux pour nous croyant en Jésus Christ, de ne pas l’oublier. Comme nous le suggérait l’oraison d’ouverture de cette célébration, « daigne nous accorder, à nous qui te connaissons déjà par la foi, d’être conduits jusqu’à la claire vision de ta splendeur ». Avec toutes les nations qui ne connaissent pas encore le Christ, et qui sont promises à le connaitre, nous restons avec elles des pèlerins en quête de la claire vision de la splendeur de Dieu. Nous ne sommes pas arrivés. Auprès de toutes ces personnes qui n’ont pas encore eu la joie de voir leur vie illuminée par la lumière du Christ, restons humblement avec elle ces pèlerins de l’invisible. C’est à la mesure où nous demeurons des chercheurs de Celui qui nous a touchés, que nous pourrons peut-être être à notre insu, des témoins du Christ.
Dans l’action de grâce d’avoir été appelés et illuminés par le Christ, « portons l’espérance de l’univers » de toutes ces nations en attente de rencontrer leur Seigneur.

Retour à la sélection...